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Manchester United - Juventus: c’est l’heure des retrouvailles pour Paul Pogba et Cristiano Ronaldo

Paul Pogba accueille la Juventus alors que Cristiano Ronaldo revient à Old Trafford : les deux stars auront à cœur de briller contre leurs anciens clubs.

Infographie - Temps de lecture: 9 min

1) Pogba et l’effet boomerang

Pogback. Son retour à Manchester United avait fait grand bruit en août 2016. Beaucoup plus que son départ d’Old Trafford, quatre ans plus tôt pour la Juventus. Alex Ferguson avait même marmonné un « bon débarras » dans son sillage. Il lui reprochait d’« avoir négocié depuis des mois » avec la Juventus. Tiède sur son potentiel, Alex Ferguson avait accepté de discuter avec l’Inter pour éviter de laisser filer l’ex-Havrais gratis. Mino Raiola, l’agent du Français, avait pris tout le monde de court en traitant avec la Juventus, épargnant à l’acheteur toute indemnité « amicale » et augmentant ainsi sa propre commission. Cette obole habilement obtenue deviendrait évidemment peu de chose à côté des montants du transfert « retour » de Pogba à Manchester.

Conte : « Il faut savoir le gérer »

Au bout de quatre saisons dans le Piémont (2012-2016), le Français était devenu le joueur plus cher de l’histoire (pour l’époque) avec les 105 millions € (plus 5 de bonus « faciles ») payés par les Anglais. Mais tout cet argent n’a pas été dans les caisses du club italien : entre indemnités de formation (presque rien) et commissions d’agent (quasiment tout), la Juventus n’a perçu « que » 72,6 millions d’euros. Pour la précision, les Football Leaks ont révélé que Mino Raiola avait perçu 46,4 millions pour sa médiation triangulaire !

Il est revenu à ManU en 2016.
Il est revenu à ManU en 2016. - P.N.

Pogback. Cet été, Paul Pogba n’a jamais contredit les rumeurs d’un retour à la Juventus. Massimiliano Allegri a évité le sujet également. L’actuel entraîneur bianconero a en revanche été beaucoup plus prolixe sur les prestations de son ex-joueur à la Coupe du monde.« Il a réalisé d’énormes progrès ! » En réalité, Raiola a bel et bien manœuvré pour le ramener au pied des Alpes, sur fond de guerre froide avec José Mourinho. Le coach toscan l’aurait accueilli à bras ouverts – « on ne s’était pas quitté en mauvais termes ». Cependant, déjà engagée dans le transfert de Cristiano Ronaldo, avec, de surcroît, la perspective d’un exercice dans le rouge, la Juventus n’aurait accepté l’affaire que sous forme d’un prêt onéreux avec obligation future d’achat.

Pogba

C’est que ses quatre saisons en Serie A – deux avec Antonio Conte (2012-2014) et deux autres avec Allegri (2014-2016) – ont accéléré de manière impensable le développement du milieu de terrain. Mourinho ne l’avait-il pas accueilli le 9 août 2016 en proclamant que « Pogba était le meilleur milieu de terrain de la planète » ? Cependant, la réalité a été tout autre : Mourinho ne l’a pas compris. Et Conte, à la veille d’un Chelsea-Manchester, lui avait renvoyé en plein visage ce manque de discernement. « C’est un joueur fantastique. Chaque entraîneur doit trouver le meilleur moyen pour le gérer. » Or, au moment de cette conférence de presse (février 2018), le « Special One » collaborait déjà depuis une saison et demie avec le futur champion du monde ! Il avait par contre suffi de deux mois d’observation à Conte pour apprécier son intensité, une caractéristique fondamentale pour ses équipes. Conte a vite été convaincu qu’il avait affaire à « un des deux, trois meilleurs joueurs au monde ».

Un grand espace d’expression à Turin

Son premier match en noir et blanc, Pogba le dispute ainsi le 22 septembre 2012, à domicile contre le Chievo. A la place, numériquement et tactiquement, d’Andrea Pirlo. Le Français n’a besoin que de 125 minutes d’emploi pour ouvrir son compteur avec la Juventus. Contre Naples, sur une frappe lointaine. Un de ses spécialités. La rentrée du « Maestro » pousse Pogba légèrement sur la gauche de l’entrejeu. Moins concerné par le jeu dans cette nouvelle position, Pogba s’y épanouit néanmoins. Pogba prend une nouvelle dimension dans le 3-5-2 de Conte, tantôt en appui des latéraux tantôt libre de plonger dans les espaces ouverts par les deux attaquants en fonction de l’évolution du jeu. D’objet mystérieux, il devient incontournable en six mois avec 28 matches, trois buts et un assist. La saison suivante, il est tout simplement le joueur le plus utilisé par Conte avec 51 présences et 9 buts.

Le passage de témoin entre Conte et Allegri en juillet 2014 n’entrave pas la progression de Pogba. Au contraire même. Allegri l’aligne lui aussi dans l’entrejeu sur la gauche de Pirlo, mais les consignes sont différentes et le Français est plus impliqué dans la construction ; Allegri lui demande aussi d’évoluer plus près de la ligne de touche pour aérer le jeu. Une constante toutefois : avec ces deux entraîneurs, la « Pioche » a toujours bénéficié d’un grand espace d’expression là où le carcan tactique de Mourinho semble l’étouffer.

Retour par la grande porte

Lors de sa deuxième saison avec Allegri, Raiola lui susurre à l’oreille qu’il le verrait bien revenir à Manchester United par la grande porte. Qu’après tout, à Turin, on lui reproche sa prestation en finale de la Ligue des champions à Berlin contre le Barça (2015), oubliant qu’il reprenait après une indisponibilité de deux mois provoquée par une déchirure aux ischio-jambiers. Entre-temps, la Juventus a encore grandi et Pogba, stagné, en club du moins.

2) Ronaldo : Old Trafford tout de suite conquis

16 août 2003. Il n’est encore personne, il n’a même pas encore joué une minute en Premier League, mais Old Trafford a déjà ses yeux braqués sur lui. Cet adolescent aux mèches blondes et rebelles cristallise toutes les attentions. Il faut dire qu’on ne parle que du phénomène portugais depuis quatre jours. Depuis que Manchester United l’a arraché des mains du Sporting Lisbonne pour la somme de 15 millions d’euros. Depuis que Sir Alex Ferguson, définitivement convaincu par son génie dix jours plus tôt lors d’un amical face au club lisboète, lui a confié le numéro 7. Celui de Bobby Charlton, George Best, Eric Cantona ou encore David Beckham.

Il a gommé ses défauts en Angleterre

Son entrée au jeu face à Bolton à la 61e minute en lieu et place de Nicky Butt, lors de la première journée de championnat, est fracassante. Ses premières touches de balle annoncent la couleur et donnent un aperçu de la (grande) qualité technique du garçon, même si à 18 ans et avec un physique en attente d’être façonné par des années de dur labeur, Cristiano Ronaldo fait aussi connaissance avec l’âpreté du football anglais. « Son entrée est un bon souvenir pour moi : sur son premier ballon, je l’ai mis au sol et il a rapidement changé de côté pour y causer plus de soucis ! », expliquait un jour Nicky Hunt, premier adversaire direct du prodige sur les pelouses britanniques. Les souvenirs du back droit de Bolton se dissipent un peu avec les années car il a également mordu la poussière à pleines dents face aux dribbles chaloupés du Portugais, mais c’est en effet sur le flanc droit et dans les pattes de Kevin Nolan que Ronaldo ira provoquer un penalty finalement manqué par Ruud van Nistelrooy. Qu’importe, « CR7 » a réussi son entrée, tout comme les Red Devils qui s’imposent 4-0. « Je me souviens du visage de Sir Alex Ferguson après le match. Il souriait, bien conscient qu’il venait d’être témoin de quelque chose de spécial », raconte Quinton Fortune, milieu de terrain de United de 1999 à 2006. Le stratège écossais ne le sait pas encore, même s’il commence à se faire une idée : il vient de lâcher une bête féroce dans la jungle, un finisseur hors pair qui va changer le visage du club mancunien. Avant de changer celui du football européen.

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La première campagne de Cristiano Ronaldo à Manchester United est une réussite. Avec pourtant un temps de jeu moyen (45,3 %), comme convenu par le staff avec son agent Jorge Mendes qui, lui aussi conscient des qualités de son poulain, voulait s’assurer qu’on ne le laisse pas une année au placard. Six buts, neuf assists : Ronaldo n’est pas encore la machine à marquer que l’on connaît aujourd’hui, mais ses fulgurances et ses nombreux « gri-gri » sur les ailes suffisent à rendre le Théâtre des Rêves dingue de lui : à l’issue de la saison, il est élu meilleur joueur par ses propres fans. « Quand il est arrivé à Manchester United, c’était un poney de spectacle, il voulait faire des gestes techniques, il voulait montrer à quel point il était fort », raconte Rio Ferdinand, son coéquipier pendant six saisons. « Ensuite, il a compris que tout était une question d’efficacité. Il s’est forcé à devenir ce genre de gars, ce joueur efficace. Il a été implacable saison après saison, repoussant la limite chaque année. C’est de la grandeur. »

« Il s’est fait massacrer »

Trop personnel par moments, pas assez tueur devant le but, Cristiano Ronaldo a effectivement gommé ses imperfections au fil des saisons. Et petit à petit, il a pris ses responsabilités : 16 penalties convertis contre seulement deux manqués (ses deux premiers) et surtout, 12 coups d’éclat sur coup franc avec les Red Devils, faisant rapidement de cet exercice sa spécialité. Pourtant, tout n’a pas été rose durant ses premières années en Angleterre. « Il s’est fait massacrer pendant deux ou trois ans à Manchester United. Lui-même pourra te dire que là-bas, il est devenu un homme », révélait Gary Neville il y a quelque temps. En 2003, après un match raté à Benfica en Ligue des champions, sur le terrain de son ancien ennemi, il fond même en larmes quand Alex Ferguson lui tombe dessus devant tous ses coéquipiers : « Tu penses que tu es qui ? Tu essaies de jouer pour toi-même ? Tu ne seras jamais un joueur si tu fais ça ! » « Il avait besoin d’apprendre », explique Rio Ferdinand. « C’était le message de l’équipe, pas seulement de Ferguson : tout le monde pensait qu’il avait besoin d’apprendre. »

Ronaldo

Une leçon qu’il a retenue. Son ratio but par match ne fait qu’augmenter et, au bout de la saison 2007-2008, il inscrit la bagatelle de 42 buts toutes compétitions confondues tout en décrochant au passage sa première Ligue des champions, à Moscou, face à Chelsea. En 292 matches, il aura fait trembler les filets à 118 reprises. Rares ont été les joueurs qui ont secoué la Premier League et ses coupes nationales comme il l’a fait. C’est donc en toute logique qu’en 2009, lorsqu’il décide de rejoindre le Real Madrid, il devient le joueur le plus cher de l’histoire en ralliant l’Espagne contre un chèque de 94 millions d’euros.

Ce mardi soir, Ronaldo va donc retrouver Old Trafford pour la deuxième fois depuis son départ. La dernière fois, la seule, il avait fait très mal à ses anciens partenaires en marquant, en huitième de finale retour de la Ligue des champions 2012-2013, le but qui qualifiait les Merengue pour le tour suivant. Le tout dans un match houleux, sur fond de polémique arbitrale avec l’exclusion sévère de son compatriote Nani.

 

«Sous Mourinho, Lukaku n’a pas l’occasion de s’exprimer pleinement»

Pour Vincenzo Ciuro, qui commentera le match aux côtés de Johan Walem pour Proximus 11+, cette rencontre entre Manchester United et la Juventus va forcément créer des étincelles.

Temps de lecture: 2 min

Vincenzo Ciuro, vu le début de saison canon de la Juventus, peut-on dire que les Italiens partent favoris avant ce déplacement à Old Trafford ?

On a d’un côté une équipe qui doute, qui est assez irrégulière, avec un entraîneur, José Mourinho, au caractère explosif qui s’est mis à dos certains joueurs, même si tout cela semble s’être calmé. De l’autre, on a une équipe italienne plus constante et qui possède un joueur extraordinaire en la personne de Cristiano Ronaldo. Oui, je pense que les Italiens sont favoris de ce match.

Cristiano Ronaldo, justement, ce sera le personnage central de ce match, lui qui s’est révélé au monde à Manchester United entre 2003 et 2009.

C’est un retour particulier pour lui et on sait que c’est un garçon qui est beaucoup dans l’émotion. C’est un phénomène. Il adore la Ligue des champions et ce sera évidemment très intéressant de suivre sa prestation. Je sens qu’il va se passer des choses, c’est évident.

En parlant de buteur, comment jugez-vous le début de saison de Romelu Lukaku ? Il n’est pas aussi performant avec Manchester United qu’avec les Diables rouges…

C’est difficile de comparer ces deux équipes. Les Diables rouges sortent d’une Coupe du monde remarquable et Romelu Lukaku est un élément central dans l’équipe de Roberto Martinez. À Manchester United, je trouve qu’il n’a pas l’occasion, comme d’autres joueurs offensifs, de s’exprimer pleinement. N’ayons pas peur de le dire, la philosophie de jeu de José Mourinho est très axée sur la défense et je pense que tous ces joueurs de talent ne sont pas utilisés à bon escient.

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