Les jeux de formes de Guy Leclercq
De retour chez Fred Lanzenberg, Guy Leclercq ne cesse d’affiner, d’humaniser ses épures géométriques.
- Publié le 22-05-2019 à 15h43
De retour chez Fred Lanzenberg, Guy Leclercq ne cesse d’affiner, d’humaniser ses épures géométriques. Jeux de formes qui se complètent ou s’imbriquent en des géométries qui, elles-mêmes, s’entrecroisent et se multiplient… et toujours dans une grande rigueur non dénuée de sens et de sensations.
Guy Leclercq, c’est un peu le plaisir des formes à la rencontre du bonheur de la peinture. Il y a, dans la sienne, des subtilités, un doigté, des profondeurs de champ et de tensions, des lumières, des couleurs qui s’échangent et jouent entre elles une danse de Saint-Guy parfaitement maîtrisée.
Il y a des équilibres entre les lignes, entre les blancs, les bistres et les noirs, entre verticales et horizontales… Quelque part et sans forcer la note, Leclercq rejoint Morandi.
Collusion
Un Morandi abstrait sans doute, mais Morandi n’est-il pas, lui aussi, abstrait, nonobstant ses pots et bouteilles vus dans leurs transparences et collusions de facto ?
Une des toiles de Guy Leclercq, sans titre comme toutes les autres, le numéro 15 de l’actuel accrochage, nous y fait penser par ses alignements, sa gamme de gris subtilement rehaussés de bistres, d’un chouia de noir, de lignes et courbes de traverse.
Leclercq, nous l’avions déjà dit la dernière fois, ne nous est jamais apparu aussi délicatement évanescent dans sa logique géométrico-spatiale, aussi frémissant sur le long fil de ses lignes.
Face à ses toiles sans autre offrande que leur évidence même, l’œil se projette et s’y délecte comme si, soudain, la vie s’y apparentait au long fleuve tranquille que peut représenter une adhésion en harmonie avec la nature des choses, des pensées.
Remarquable, un grand triptyque, tout pur, tout blanc avec ses transparences voilées, ses carrés, ses losanges, ses rectangles, exprime une monumentalité et une profondeur de chromatismes incidents.
Géométries parallèles
Une autre toile, la 18, témoigne d’un grand jeu de géométries parallèles, de connivence entre elles dans une sorte de paix du soir, loin du bruit, sorte de jeu de foule sans horde ni violence. Une paix des braves.
Il y a aussi de très petits tableaux touchants comme des icônes pour rêver et penser sans fin. Et pour l’ensemble, il faut le redire, peu de couleurs, sinon simplifiées, vibrantes, délectables.
Du blanc, du bistre, du beige, du noir… Mais quel enchantement chromatique dans ses ordonnances de lignes et de formes. Des formes qui sont à la nature ce qu’elle est à la vie.
À l’étage, cinq petits dessins très fins, secrets, discrets, accompagnent un travail sculptural, tout aussi discret, du papier. Des joyaux !
Guy Leclercq nous disait, alors que nous dévisagions ses tableaux, sortes de reliquaires laïcs emplis de ferveurs : "Ce sont les natures mortes de mon atelier."
La peinture de Guy Leclerc, à l’instar, bien que toute différente, de celle du Russe Edik Steinberg, que nous avons tant aimé, est une peinture spirituelle, loin de tout accent décoratif. Elle fait œuvre de beauté, mot que l’on n’ose plus guère prononcer ni écrire.
C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit quand la peinture est la voix d’une âme rebelle aux contingences, aux leçons toutes faites, aux écoles du devoir.
Cette peinture est leçon de vie. Elle est liberté et fraternité. Méditation et cri du cœur.
Guy Leclercq Peintures Art contemporain Où Galerie Fred Lanzenberg, 9, avenue des Klauwaerts, 1050 Bruxelles. www.galeriefredlanzenberg.com et 0475.73.40.15 Quand Jusqu’au 22 juin, du mardi au vendredi, de 14 à 19h ; samedi, de 10 à 19h.
Parution du Cahier n°2 : Poème de Roger De Neef et techniques mixtes sur bois de Guy Leclercq. Ed. Fred Lanzenberg, tirage numéroté, cent exemplaires.