Les 8 choses à savoir pour ne pas se casser les oreilles. A bon entendeur...
- Publié le 19-02-2018 à 15h29
- Mis à jour le 19-02-2018 à 18h21
Les appels répétés, notamment lancés à cor et à cri par les médecins ORL, ne seront donc pas tombés dans l'oreille d'un sourd puisque, dès ce mercredi 21 février, les normes acoustiques à respecter en matière de bruit émis lors d'événements notamment musicaux seront plus sévères. En l'occurrence, le niveau maximum du son amplifié est à présent fixé à 85 décibels, à deux exceptions près (voir ici).
C'est que la mise en place de nouvelles normes de bruit s'est imposée pour le gouvernement bruxellois comme "un véritable enjeu de santé publique". Selon les chiffres cités par Céline Fremault, ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée du Logement, de la Qualité de Vie, de l'Environnement et de l'Energie, "près de 90% des jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans ont en effet éprouvé au moins une fois un acouphène passager après une exposition sonore intempestive". Plus grave, environ 15% de cette population souffrent à présent d'acouphènes permanents, signe de lésions irréversibles. Irréparables à ce jour.
De plus en plus de patients - souvent jeunes - dans les consultations ORL
"Dans les consultations ORL, nous voyons débarquer de plus en plus de patients - souvent jeunes - se plaignant de perte auditive ou d'acouphènes (sons ou bruits - sifflements, bourdonnements, grésillements - perçus de manière continue ou permanente - uniquement par la personne qui en souffre), nous avait expliqué dans le cadre de la Semaine du son à Bruxelles l'an dernier, le Pr Marie-Paule Thill, Chef du Service ORL au CHU Saint-Pierre. Sans en avoir conscience, de nombreuses personnes maltraitent leurs oreilles. En s’exposant à du son trop fort et pendant une longue durée, de manière répétée, on finit par abîmer l’oreille irrémédiablement . Cela peut entraîner une perte auditive, des acouphènes et d’autres problèmes irréversibles, qui feront que, à terme, on ne pourra plus profiter de ce sens précieux. S’exposer à des niveaux de son trop élevés en pensant que cela n’aura aucun effet, c’est malheureusement irresponsable."
Voici donc 8 choses à bien faire rentrer dans ses oreilles
1. Quelques notions d'acoustique
Qu'on se le dise : + 10 dB de son, cela signifie que le son est dix fois plus fort. En d’autres mots, si l’on est exposé à + 20 dB, cela signifie que le son est 100 fois plus fort et donc, 30 dB supplémentaires signifient un son 1 000 fois plus fort ! "C’est une échelle logarithmique, fait remarquer le médecin ORL. Penser que 10 dB de plus n’est rien est une grande erreur. Il faut être conscient que l'on peut très vite arriver à des intensités sonores fort importantes et dangereuses".
2. Le seuil à partir duquel il y a danger
Parce que la Nature a bien fait les choses, nous avons un seuil de la douleur qui nous met en garde contre les risques; il se situe à 90 dB. Cela signifie que tous les sons qui dépassent 90 dB vont détruire notre oreille. "Ce n’est donc pas parce que, techniquement, on peut atteindre 130 dB que notre oreille est capable de les supporter, fait encore remarquer la spécialiste. Dès que l’intensité augmente et que l’on s’expose pendant une certaine durée, on abîme l’oreille et on ne le remarque pas tout de suite. Les conséquences ne se manifesteront en effet qu’après un certain moment, car c’est une dose cumulative de bruit qui détruit progressivement les différentes cellules. C’est important à savoir".
3. Les signes pouvant indiquer que l’on est exposé à une intensité sonore trop élevée
Un sifflement dans l’oreille après un concert est un signe que l’exposition a fait des dégâts. "Ceci dit, notre cerveau est capable de compenser, précise le Pr Thill. Après quelques heures ou quelques jours, cet acouphène peut disparaître, mais le dégât est là. Et cet effet s’avère cumulatif au fil du temps. Si l’on continue à s’exposer et qu’il y a chaque fois des petits dégâts, on aura au fil des années une perte auditive ou un acouphène persistant".
4. Le caractère parfois irréversible des dégâts
Certains dégâts, comme un acouphène permanent, sont-ils irréversibles? La réponse du médecin est claire et sans appel : "Oui, à l’heure actuelle, on n’a toujours pas de solutions "miracle". Ce sont des cellules qui sont abîmées. Et aussi longtemps que l’on ne sera pas en mesure de les remplacer, on ne pourra pas faire marche arrière. Ce qui est fait est fait".
5. L'épidémie d'acouphènes
Ce phénomène est en augmentation permanente. Aujourd’hui, on estime qu’au moins une personne sur dix souffre d’un acouphène. "Cela ne signifie pas que toutes ces personnes consultent et il ne faut surtout pas venir voir un ORL si l’on n’est pas gêné, souligne encore le médecin. A l’heure actuelle, nous n’avons d’ailleurs aucun moyen de faire disparaître un acouphène. On peut essayer de trouver des moyens d’améliorer la situation, de soulager ou d’aider à mieux supporter l’acouphène, mais on ne peut pas guérir. La seule chose que l’on est en mesure de faire, c’est prévenir".En évitant les expositions répétées et excessives à des sons et bruits trop élevés.
6. Les moyens de prévention ?
Si le son dépasse 90 dB, un moyen de prévention consiste à porter des bouchons. "C’est un moindre mal, selon le médecin ORL. Mais il est un peu dommage de devoir porter des bouchons et donc altérer la qualité du son alors que l’on pourrait simplement baisser le volume…" Un autre moyen est de charger sur son Smartphone un sonomètre. Cette application permet de savoir à quelle intensité sonore on est exposé. Et si les limites sont dépassées? "Il faut sortir régulièrement et faire des pauses toutes les 20 minutes pour laisser reposer l’oreille et pour qu’elle puisse récupérer. Il s’agit aussi de veiller à ne pas s’exposer trop souvent à des niveaux sonores élevés. Le plus important est de conscientiser les gens qui font le son". A bon entendeur...
7. Les pires ennemis des oreilles
Entre baladeurs, Smartphones avec écouteurs, concerts… certains diffuseurs sont-ils plus nuisibles que d'autres? "C'est la somme qui est problématique, car nous avons un certain "capital-oreilles". Si on écoute déjà son baladeur pendant 5 heures par jour à une intensité importante, il reste moins de possibilités pour aller à un concert. Si on n’écoute pas de baladeur mais si l’on va à un concert à 110 dB, on occasionne rapidement des dégâts".
8. Les limites raisonnables à ne pas dépasser
Pour cette spécialiste, "en gros, on peut être exposé à 90 dB - et donc, a fortiori c'est encore mieux si l'on abaisse le seuil à 85 dB - pendant une heure sans faire de dégâts. Mais dès que l’on dépasse cette intensité, on commence à détruire l’oreille. Tout dépend donc de ce que l’on consomme. Il y a une intensité pour une durée".