Percez les mystères du plus grand organe de l'homme grâce à l'expo "Dans ma peau"
Percez les mystères du plus grand organe de l'homme grâce à "Dans ma peau"
- Publié le 20-03-2019 à 14h01
C’est le plus grand organe de notre corps, le plus sensible aussi. Il est essentiel à la vie. Pourtant, la peau reste méconnue sur certains aspects. Une exposition, qui se tient à Paris, nous la dévoile. Visite Laurence Dardenne à Paris Si l’exposition "Dans ma peau", qui se tient au Musée de l’Homme à Paris, se dit immersive, c’est que, pour y entrer, il faut d’abord traverser un tunnel. Sur les parois duquel sont projetées des images - tissus de fibres et de cellules - visualisant les couches successives qui se trouvent sous la surface de notre plus grand organe (1,5 à 2 m et 3 à 5 kg). Le plus sensible aussi et l’un des plus essentiels à notre vie.
Conçue et réalisée par L’Oréal, en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle - Musée de l’Homme, l’exposition nous dévoile au gré des alcôves tous les mystères de cette enveloppe corporelle. Et des mystères, il en demeure même si depuis les premiers essais de reconstruction de peau, il y a une quarantaine d’années, on a bien progressé dans les connaissances.
Sa peau, on y tient. Mais la connaît-on pour autant ? Rien n’est moins sûr.
Derme, épiderme, hypoderme, couche cornée, desquamation, sueur, poils, terminaisons nerveuses, pigmentation, processus de renouvellement des cellules, vieillissement cutané, reconstruction… L’exposition aborde tous ces aspects, animations et expériences sensorielles à l’appui.
Ainsi, sur une console, le visiteur est-il invité à manipuler différentes zones d’un dispositif interactif répondant à plusieurs questions : "Que se passe-t-il dans ma peau quand je la tords ou je la pince ? Quand je la caresse ? Quand je la presse ? Quand elle touche une surface froide ? Ou chaude ?"
À chaque stimulation, le récepteur sensoriel correspondant s’affiche sur le mur, son intensité lumineuse variant parfois avec celle de la sollicitation. Car la peau ressent tout, absorbe tout, capte tout. Et délivre aussitôt un message à notre cerveau.
"Nous avons ici voulu illustrer le sens du toucher", nous explique Isabelle Walter, responsable de la communication scientifique du Groupe L’Oréal et co-commissaire de l’exposition. "Le toucher, c’est un certain nombre de récepteurs des terminaisons nerveuses qui font réagir chacun d’eux à des stimulations différentes. Selon qu’on la caresse, plus ou moins fort, selon qu’on la tire, on passe du froid au chaud…, on ne va pas réveiller les mêmes terminaisons nerveuses. Sur cette console, on peut actionner chacun des types de stimulus. Si on souffle dans cet embout, on va voir s’allumer les terminaisons entourant les follicules pileux qui sont sensibles au vent. Si on tourne le bouton pour modifier la température, on actionne les thermorécepteurs mais si l’on pousse trop loin (trop chaud), on arrive dans la zone de la douleur et ce sont les nocicepteurs (récepteurs de la douleur) qui sont activés. On peut aussi frotter avec une surface rugueuse, et voir aussitôt s’animer d’autres récepteurs."
Une indispensable et incroyable barrière
Dans une autre partie de l’exposition, c’est la fonction barrière de la peau qui est expliquée… en long et en large. Tel un passe-muraille, le corps du personnage vire de couleur, illustrant les réactions en fonction de situations : "La peau est notre plus grande barrière vis-à-vis de l’extérieur, nous rappelle Isabelle Walter. Elle a donc une première réaction immédiate lorsqu’elle se trouve dans un environnement changeant. Quand elle est mouillée, la peau n’est pas une éponge. Elle ne se met pas à gonfler tout à coup simplement parce que son film hydrolipidique en surface a un effet déperlant qui permet à l’eau de glisser sur la peau."
De même, confrontée à une forte chaleur, elle produira de la sueur pour éviter la surchauffe du corps en le maintenant autour de 37°. Face au froid, la chair de poule rappelle qu’il faut se couvrir. Soumise à des frottements abrasifs, elle va engendrer un épaississement local de la couche cornée. Ou encore, exposée aux UV, elle déclenchera dans un premier temps des coups de soleil, puis les rides, les taches… Autant de mécanismes de protection qui sont mis en action.
Un vieillissement différent selon les origines
À propos du vieillissement, justement, trois écrans illustrent comment évoluent avec le temps les différents types de peau (caucasien, noir ou asiatique). Sur ces visages de femmes, où s’accumulent année par année les signes apparents, on découvre ce qui nous attend quand la peau a été bien protégée et soignée, ou non. "Ces signes apparaissent différemment selon les types de peau, fait encore remarquer la co-commissaire de l’exposition. Sur les peaux caucasiennes, par exemple, on va voir les rides apparaître vers la quarantaine, puis, vers la cinquantaine, ce seront les taches. En revanche, sur les peaux asiatiques, c’est l’inverse. On va d’abord voir apparaître les taches et ensuite les rides. Et sur une peau foncée, on verra bien moins de rides car la peau est beaucoup plus épaisse, mais on va voir apparaître des changements de couleurs, des taches plus claires ou plus foncées, selon la coloration initiale de la peau de la personne. La génétique et l’exposition aux UV selon les régions du monde font partie des explications." Des mystères demeurent.
À savoir:
La surface de la peau: elle va de 1,5 à 2 m² ; l’épaisseur : de 0,5 mm à plus de 5 mm (parfois plus au niveau la peau plantaire) ; le poids : environ 3 kg à 5 kg chez un adulte. La peau est composée de 70 % d’eau, soit environ 1/5 de la totalité de l’eau du corps humain.
La sueur : elle contient 99 % d’eau et 1 % de matières dissoutes. C’est un liquide acide (pH entre 5 et 6,8). Un adulte au repos élimine 0,6 kg à 1 kg de sueur par jour, 3 kg par jour dans les régions tropicales et jusqu’à 10 kg/j. pour un travail musculaire.
Les terminaisons nerveuses: On compte quelque 600 000 récepteurs du toucher sur le corps. Au niveau de la pulpe des doigts, il y a 2 300 terminaisons nerveuses par cm². Au niveau de la sensibilité thermique, on dénombre environ 700 récepteurs du froid et 24 du chaud par cm² de peau.
Les poils: Ils sont 5 millions sur tout le corps dont 1 million sur la tête (cheveux compris). Leur densité est variable : 150 à 200 cheveux/cm², 50 poils/cm² sur le visage et 10 poils/cm² sur le reste du corps. La vitesse de pousse des poils varie de 0,4 à 1,25 cm par mois, selon les sites morphologiques.
Infos pratiques:
Quand: jusqu’au 3 juin, tous les jours sauf le mardi, de 10 à 18 heures.
Où: au Musée de l’Homme, 17, place du Trocadéro à Paris.
Combien : plein tarif : 12 €. Tarif réduit : 9 €. Plus d’infos : www.museedelhomme.fr