Notre critique de "Parasite", la Palme d'or à Cannes
A Cannes, ça sent la palme pour « Parasite » de Bong Joon Ho.
- Publié le 22-05-2019 à 13h52
- Mis à jour le 25-05-2019 à 21h17
A Cannes, ça sent la palme pour « Parasite » de Bong Joon Ho.
En découvrant cette famille coréenne claquemurée dans son entresol; on pense à une autre "affaire de famille", celle Hirokazu Kore-Eda , Palme l'an dernier. Même chaleur humaine et même débrouille. Ainsi, il n'y a qu'au WC qu'on arrive à capter le wi-fi de la voisine. Une médaille olympique témoigne de jours meilleurs et du peu de considération des autorités à l'égard de ses héros.
La dèche est profonde quand, un ami du garçon vient lui proposer de reprendre son job: des cours privés d'anglais chez une jeune fille de riches. Brutalement, il passe de son cloaque à une villa subliment contemporaine, un havre de paix aux lignes pures et au jardin zen.
Comme il inspire confiance à la maîtresse de maison aussi jolie que gentille et naïve ; il fait engager une prétendue arthérapeute - sa sœur - pour s'occuper du gamin un peu perturbé que sa mère prend pour un futur Basquiat. Et puis, il manœuvre pour faire entrer son père comme chauffeur, et sa mère comme gouvernante, sans que ses employeurs ne se rendent compte qu'une famille complète travaille désormais pour eux.
Il y a déja de quoi en tirer un film et pourtant, ce n'est que le début. Bong Joon Ho, le réalisateur coréen de "The Host" et de "Snowpiercer", fourmille d'idées qu'il agence en virtuose. On ne les divulgachera pas. A sa demande et parce que ce serait priver le spectateur du plaisir de suivre un film où il n'a jamais une scène d'avance. Déjà, on ne sait pas trop si on est dans une comédie ou un thriller; Bong Joon a le sens de l’humour et du suspense. Mais plus le récit avance, plus on voit apparaître au-delà des péripéties, au-delà de la tension dramatique, au-delà de la multiplication des genres; une peinture très originale de la lutte des classes. Elle n'est pas idéologique, pas politique non plus. Elle est souvent drôle quand il s'agit de dénoncer l’idolâtrie de tout ce qui vient des USA. Mais surtout, elle est ol-fac-ti-ve. Bong Joon Ho met en scène des gens qui puent le fric et d'autres qui sentent la misère.
A Cannes, "Parasite" sent plutôt la palme.