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Sandy, l’école et l’avenir vus «d’en bas»

Des journalistes du « Soir », en partenariat avec la RTBF, se sont immergés à Verviers durant une semaine dans le cadre de l’opération « Noir Jaune Blues, et après ? ». Rencontre avec Sandy.

Reportage - Journaliste au pôle Sports Temps de lecture: 3 min

Elle répond à toutes les questions, ou presque, en malmenant la trousse sous ses genoux pour cacher son stress. Dans la classe de rhéto technique où on l’a rencontrée, on sentait l’envie de parler de cette société belge, mais l’intimidation aussi face aux autres.

Au café à côté de l’institut Saint-Michel, où elle étudie la comptabilité, Sandy, 18 ans, explique : « On s’entend globalement bien, mais il y a des groupes. » C’est que l’ambiance de Verviers a logiquement déteint sur ses écoles. Dans la ville, les riches habitent les quartiers cossus des hauteurs, les plus pauvres le centre, « en bas », et les populations les plus précaires, très majoritairement immigrées, derrière la frontière symbolique de la Vesdre dans le quartier d’Hodimont. Alors à l’école, les jeunes « du haut » fréquentent les classes en immersion tandis que les autres se retrouvent majoritairement dans les filières techniques. Et même là, selon qu’on soit « belgo-belge » ou avec des origines étrangères ; c’est chacun son groupe.

De sorte que chacun a très tôt conscience de son rang social.

« Je fais partie de la classe moyenne, un peu plus défavorisée », évalue la jeune fille qui habite seule avec sa mère. Elles viennent de quitter un appartement insalubre pour un logement correct, mais presque deux fois plus cher. « Disons qu’on sent les fins de mois passer. Une fois qu’on a tout payé, il reste 50 euros pour deux semaines. Je travaille à Spa maintenant, deux jours semaine, comme serveuse. De quoi payer le cinéma, les sorties avec l’école et puis cela permettra de remplir le frigo de temps en temps, pour soulager ma mère. »

On manque rarement une occasion de se rappeler d’où l’on vient. Les récits de vacances exotiques des uns, quand on n’a pas bougé de l’été, ou bossé, ou qu’on n’est jamais parti en vacances avec ses parents, seulement via le CPAS. « Il y a des gens qui nous critiquent ou refusent d’être amis avec nous parce qu’on vient d’en bas : “Tu viens de Dison (la commune limitrophe, NDLR), t’es rien”, ce genre de choses… Je suis sortie avec un garçon qui venait d’une commune du plateau. On m’a tout de suite fait des remarques, dit que j’étais avec lui pour l’argent. »

« Ce qui serait bien, c’est qu’on travaille à changer ces mentalités. A l’école déjà, qu’on encourage aussi les élèves d’en bas à avoir de l’ambition. » Elle n’aime pas les examens – pas sa façon d’apprendre – mais voudrait étudier droit à l’unif l’an prochain. « Le problème, c’est qu’à force d’entendre qu’on est nul, on finit par le croire. »

 

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