Stéphane Harzée (Ecolo): "Je m’interroge sur la légalité des 25 licences octroyées à l’Arabie saoudite"
- Publié le 21-10-2017 à 11h31
- Mis à jour le 21-10-2017 à 11h32
Stéphane Hazée (Ecolo) s'interroge sur la légalité des licences d'exportation d'armes vers l'Arabie saoudite.
Ecolo a vivement dénoncé la décision du ministre-Président wallon, Willy Borsus (MR), d’octroyer 25 licences d’exportation d’armes vers l’Arabie saoudite. Pourtant, lorsqu’Ecolo était au pouvoir (2009-2014) en Wallonie, des armes ont aussi été vendues à ce pays.
Sous la précédente législature, Ecolo a fait un gros boulot pour mettre sur pied le décret armes voté en 2012. Par ailleurs, l’octroi des licences d’armes est une compétence personnelle du ministre-Président.
L’argument est facile. Ecolo aurait pu en faire un enjeu de gouvernement.
Bien évidemment ! C’est clair que c’est une question difficile à trancher. Cela étant dit, j’observe que le régime en Arabie saoudite, qui n’a jamais été recommandable, s’est quand même sérieusement durci depuis janvier 2015 : intervention au Yémen et bombardements de civils, répression renforcée contre la minorité chiite, etc. Et en lien avec cette actualité, le Parlement fédéral a voté une résolution avec une majorité francophone (MR, CDH, Ecolo) afin de tendre vers un embargo européen et demander aux régions de mettre fin au commerce des armes avec l’Arabie saoudite. Il y a donc là une contradiction majeure avec la décision de Willy Borsus.
Cela dit, il a proposé une méthode pour sortir de l’impasse : demander aux entreprises wallonnes de se diversifier dans les cinq ans afin de ne plus être dépendantes de l’Arabie saoudite et ainsi préserver l’emploi.
C’est un changement d’approche positif, à condition qu’il soit suivi d’effets. Mais cela n’enlève rien au problème des 25 licences octroyées. Je m’interroge quand même sur leur légalité.
Que voulez-vous dire ?
Le décret de 2012 précise qu’une licence est refusée si elle est incompatible avec une série de critères. Parmi eux, la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionale; le comportement du pays acheteur à l’égard de la communauté internationale notamment ce qui concerne le terrorisme; l’existence d’un risque de détournement de la technologie… Si on octroie des licences à l’Arabie, à qui ne les octroierait-on pas ?
M. Borsus a refusé deux licences, vers les Emirats arabes unis et le Pakistan.
Parce qu’il y a un risque de réacheminement vers d’autres territoires. Est-ce qu’on veut bien entendre qu’il y a des armes vendues à l’Arabie saoudite qui se sont retrouvées en Syrie ? Ce qu’il faudrait faire tout de suite, c’est renforcer la transparence dans ce dossier. Les avis que reçoit le ministre-Président pour octroyer des licences devraient être rendus publics. J’aimerais bien lire, moi, ce qu’il y a dans ces avis.