Les Vingt-sept envoient un message positif à Theresa May: "Les rumeurs d'un blocage sont exagérées", selon Donald Tusk

Maria Udrescu
Britain's Prime Minister Theresa May leaves the European leaders summit following two days of meetings in Brussels on October 20, 2017. EU leaders agreed to start preparatory talks on the bloc's relationship with Britain after Brexit, giving some progress for embattled Prime Minister Theresa May to take back home. / AFP PHOTO / Aurore Belot
Britain's Prime Minister Theresa May leaves the European leaders summit following two days of meetings in Brussels on October 20, 2017. EU leaders agreed to start preparatory talks on the bloc's relationship with Britain after Brexit, giving some progress for embattled Prime Minister Theresa May to take back home. / AFP PHOTO / Aurore Belot ©AFP

Les Etats membres restant dans l’UE ont consenti de mener des discussions internes sur leur future relation avec Londres.Nonante secondes. Il n’aura pas fallu plus de temps aux vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement européens pour adopter, ce vendredi, leurs conclusions sur l’état des négociations sur le Brexit. "Cela s’est fait avant même que la discussion proprement dite commence. C’est une manière de montrer que nous sommes si unis que nous nous mettons d’accord en quelques secondes" , admet un insider.

Même si les discussions sur les modalités du divorce patinent, les leaders européens ont tâché de faire preuve de bonne volonté en acceptant de réfléchir, de leur côté, aux contours de leur future relation avec Londres. La preuve que l’optimisme quant à la possibilité de boucler la première phase des négociations avant décembre était au rendez-vous. "Les rumeurs d’un blocage entre l’UE et le Royaume-Uni sont exagérées", a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk, tout en précisant que son rôle était d’installer "un climat positif" pour mener à bien les discussions. "Dire qu’il n’y a pas eu de progrès suffisants dans les négociations ne veut pas dire qu’il n’y a pas de progrès du tout", a renchéri Jean Claude Juncker, président de la Commission européenne. Il n’a pas manqué toutefois de lancer une pique aux "Brexiteers". "Ceux qui plaident la cause du ‘no deal’ au Royaume-Uni n’expliquent pas ce que cela veut dire en détail. C’est une façon britannique de faire de la pédagogie collective. Personne n’avait expliqué aux Britanniques ce qu’un Brexit voudrait dire."

"Nous n’avons pas fait la moitié du chemin"

L’idée était de donner une tape dans le dos de la Première ministre britannique, Theresa May - déjà très affaiblie au sein de son parti conservateur - qui a récemment adouci sa position dans l’espoir d’amadouer ses homologues européens. "Nous devons travailler ensemble pour arriver à un résultat que nous pouvons soutenir et défendre devant nos concitoyens", a-t-elle plaidé ce vendredi, après avoir été invitée à quitter la table du sommet pour laisser les Vingt-sept discuter, entre eux, du Brexit.

Lors de son discours prononcé en septembre à Florence, Madame May avait enfin assuré que "le Royaume-Uni honorera les engagements qu’il a pris quand il était membre" de l’UE - entendez : qu’il payera la facture du divorce dont le montant reste à déterminer. Une promesse réitérée ce vendredi. "Je ne veux pas que nos partenaires aient peur de devoir payer plus ou recevoir moins sur le budget en cours à cause de notre décision de partir".

Des paroles accueillies avec grand enthousiasme du côté de l’Union européenne, mais qui doivent encore être concrétisées. "Nous sommes loin du compte sur les engagements financiers", a estimé ce vendredi le président français Emmanuel Macron, jugeant qu’il restait "un effort important à faire de la part du Royaume-Uni". "Nous n’avons pas fait aujourd’hui la moitié du chemin", a-t-il ajouté. Même constat du côté du Premier ministre belge Charles Michel : "Jeudi soir, tout n’était pas clair, notamment au niveau financier ou pour les droits des citoyens", a-t-il considéré, précisant que pour "prendre des décisions à deux, il faut être deux".

Si les Vingt-sept ont donc fait un (tout petit) geste envers Londres, leur position n’a pas changé d’un iota : tant que les trois aspects cruciaux du divorce (les droits des citoyens expatriés, la frontière irlandaise et les engagements financiers de Londres envers l’UE) n’auront pas été réglés, pas question de discuter avec le Royaume-Uni de la période de transition et des futures relations commerciales.

Entre-temps, les Etats membres s’efforcent de s’entendre, de la façon la plus maniérée qui soit, sur la relocalisation des deux agences européennes qui devront quitter Londres suite au Brexit. Vendredi, le Premier ministre estonien Juri Ratas, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne, s’est donc contenté de faire le point sur la question. "Les Etats membres s’entendent sur deux critères : le fait qu’il faut respecter un certain équilibre géographique et assurer la continuité des opérations", explique une source européenne. "On ne peut pas se permettre de débattre cinq ans sur l’endroit où s’installeront les agences. Il y aura donc un vote, le résultat sera respecté. Nous devons maintenir l’unité", insiste une autre.

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