"Osimhen a envie de prouver aux Brugeois qu’ils ont fait une erreur"
Recalé par le Club avant de signer à Charleroi, Victor Osimhen sera particulièrement motivé ce samedi.
- Publié le 10-11-2018 à 07h22
- Mis à jour le 10-11-2018 à 12h47
Recalé par le Club avant de signer à Charleroi, Victor Osimhen sera particulièrement motivé ce samedi. Dix matchs, six buts et une puissance physique impressionnante. Victor Osimhen est, sans aucun doute, l’attraction de Charleroi en ce début de saison un peu tristounet. Et, au moment d’affronter le Club Bruges ce samedi, l’attaquant nigérian montera sur le terrain avec un sentiment particulier. Car, pour le même prix, il aurait pu se retrouver dans le camp d’en face.
"Victor a passé une visite médicale à Bruges, au début du mois d’août, qui n’était pas concluante", explique son représentant Jean-Gérard Benoît Czajka. "Le Club a estimé que le joueur n’était pas prêt physiquement. Il faut dire qu’il n’avait pas eu droit à une préparation correcte à Wolfsbourg, suite à une crise de malaria survenue fin juin. Au regard des résultats de ses tests physiques, les Brugeois ont estimé qu’il faudrait entre trois et cinq mois pour que Victor soit compétitif. La cellule médicale de Zulte Waregem avait eu un diagnostic similaire quelques jours plus tôt."
Quelques semaines plus tard, Osimhen passait des tests physiques à Charleroi, qui ont effectivement mis en évidence un déséquilibre musculaire et un manque de rythme. Ce qui n’a pas empêché Mehdi Bayat et le Sporting de prendre le risque et d’acter son prêt pour une saison en provenance de Wolfsbourg. Un mois plus tard, l’attaquant inscrivait le premier but professionnel de sa jeune carrière, d’une superbe talonnade, sur la pelouse de Waasland-Beveren.
"Charleroi a simplement écouté les conseils de la cellule médicale de Wolfsbourg, qui estimait qu’il faudrait trois semaines à Victor pour retrouver le rythme, ce qui a été le cas. Bruges et Zulte Waregem ont également été freinés par le fait que, par le passé, Victor avait eu quelques problèmes de genou. Alors que le joueur avait passé des examens qui ont montré que son cartilage était en bon état. Et qu’il a d’ailleurs joué une quinzaine de matchs en Bundesliga la saison passée."
Bref, dans cette histoire, le Sporting a fait la bonne affaire. "Le club carolo a été le plus fair-play", continue l’agent du buteur de 19 ans. "Quant à Zulte Waregem et Bruges, ils ont choisi d’autres joueurs. C’est comme cela. Je peux aussi comprendre le point de vue de leur staff médical respectif. Ils ont dû juger un jeune homme de 19 ans qui n’était pas en forme."
Mais, aujourd’hui, les deux clubs doivent peut-être s’en mordre les doigts. Surtout Zulte Waregem, contre qui Osimhen avait inscrit… un doublé, offrant la victoire à Charleroi en toute fin de rencontre.
"Ce jour-là, Victor avait une envie supplémentaire de bien faire. Le match contre Bruges sera également un peu particulier dans le sens où il aura envie de démontrer aux Brugeois qu’ils ont fait une erreur, car il est revenu en forme plus tôt que ce qu’ils avaient prédit. Victor sera très motivé, c’est certain, mais il n’a pas d’amertume particulière envers le Club. Au contraire, nous avons été bien accueillis et nous pouvons comprendre qu’un club ne prenne pas toujours la bonne décision. Évidemment, dans ce cas-ci, nous sommes heureux que Bruges ait eu tort. Mais, sur le terrain, Victor pensera d’abord à continuer à aider son équipe."
Pour qui il est déjà devenu indispensable. "Je ne sais pas si on peut dire ça, mais je pense qu’à Charleroi Victor a trouvé le bon endroit pour révéler ses qualités ", termine Jean-Gérard Benoît Czajka. "C’est un club qui lui convient bien car il est simple et familial, comme Victor. Il cherchait cet endroit depuis un petit bout de temps et c’est tombé sur le Sporting. Tant mieux pour le club, dont il faut souligner le boulot réalisé. Le staff sportif et médical est parvenu à remettre Victor sur pied très rapidement. Ce qui lui a permis de prendre rapidement confiance et de montrer qu’il avait un caractère fort, du tempérament et qu’il était capable d’assumer des responsabilités, malgré son jeune âge. Quand on lui donne le ballon, on voit qu’il n’a pas peur."
Et ça, c’est le genre de choses qui ne se perçoit pas lors d’une visite médicale…
"Au Nigéria, les attentes sont énormes"
Sélectionné avec les Super Eagles, Osimhen incarne le futur de l’attaque nigériane.
Après le match face à Bruges, Victor Osimhen (2 sélections) s’envolera pour le Nigéria afin d’y retrouver la sélection nationale. Et ce, pour la première fois depuis le 10 juin 2017.
"Gernot Rohr (le sélectionneur des Super Eagles) l’adore et a toujours gardé un œil sur lui", explique Jean-Gérard Benoit Czajka. "Il n’a pas pu l’emmener à la Coupe du monde suite à son manque de temps de jeu à Wolfsbourg. Sinon, il aurait été dans les 23. Mais il était clair qu’à partir du moment où Victor allait rejouer, quel que soit l’endroit, il serait à nouveau appelé. Car c’est un joueur important pour l’équipe nationale."
Sur qui beaucoup d’espoirs reposent. Surtout depuis qu’il a terminé meilleur buteur de la Coupe du monde U17 (10 buts, un record) en 2015. "C’est le futur du Nigéria. Mais c’est un jeune joueur et il faut qu’il joue. Au pays, il a une grosse pression sur lui. Incomparable à celle qu’il a actuellement en Belgique. Si tout va bien, là-bas, un joueur est considéré comme un dieu. Si ça va mal, par contre, cela peut vite devenir un démon."
Et encore plus lorsqu’on est attaquant. "Victor est attendu comme l’attaquant qui va porter la sélection nigériane dans les années à venir. Son profil - rapide, technique et buteur -, il n’y a pas 50 000 joueurs qui l’ont. C’est pour cela que Gernot Rohr l’aime bien. Mais pour Victor, le chemin est encore long."
Et ne fait que commencer, à Charleroi.
"Le même tuyau que pour Lukebakio"
Didier Frenay (StarFactory) est l’agent qui a amené Victor Osimhen à Charleroi.
Si Victor Osimhen a signé à Charleroi, c’est en grande partie grâce à Didier Frenay (StarFactory), son agent. "J’ai découvert Victor via Jean-Gérard, qui l’encadre, il y a quelques années et je me suis rendu au Chili pour voir jouer la Coupe du monde U17." Et il a directement compris qu’il avait affaire à un gros talent.
Lorsqu’Osimhen est arrivé à Wolfsbourg, via Frenay, tout semblait indiquer qu’il avait fait le bon choix. "Mais les changements d’entraîneur ont été nombreux et Victor devait, à chaque fois, tout recommencer à zéro. Il devait jouer et c’est pourquoi on a pris la décision de le faire partir cet été."
En le proposant à Zulte Waregem puis à Bruges (voir ci-dessus) puis, finalement, à Charleroi. "J’ai une bonne relation avec Mehdi Bayat et je lui ai donné, avec Victor, le même tuyau que je lui avais donné il y a quelques mois pour Lukebakio (dont Didier Frenay est également l’agent et qui a rapporté une belle plus-value au Sporting). Je pense que c’est vraiment une belle opportunité car je crois dans le joueur. Victor est un garçon avec un gros mental et une agressivité positive. Il veut gagner. Et il a une marge de progression assez phénoménale. Même s’il n’a pas énormément joué à Wolfsbourg, il est déjà passé par pas mal d’étapes dans sa carrière et a eu la chance de s’entraîner durant un an et demi avec une formation de Bundesliga, ce qui, sans manquer de respect au Sporting, est un tout autre niveau d’entraînement et de compétition."
Et son avenir s’annonce radieux. "Mais il doit encore apprendre beaucoup de choses. Laissons-le faire une belle première saison chez les professionnels avant de penser à l’avenir."
Même si, ce n’est un secret pour personne, Osimhen suscite déjà les convoitises. S’il continue sur sa lancée, Charleroi ne devrait d’ailleurs pas hésiter à lever l’option d’achat le concernant, estimée entre 3 et 3,5 millions d’euros.