Rik Verbrugghe se livre : "J’ai assez d’expérience pour faire face à la pression"
Le nouveau sélectionneur veut ramener des médailles et des titres pour la Belgique.
- Publié le 09-11-2018 à 06h33
- Mis à jour le 09-11-2018 à 09h31
Le nouveau sélectionneur veut ramener des médailles et des titres pour la Belgique.
Rik Verbrugghe a été officiellement présenté comme sélectionneur national, ce jeudi matin, à Bruxelles, au siège de la Fédération belge de cyclisme. Une fois la conférence de presse terminée, l’ancien vainqueur de la Flèche wallonne s’est arrêté auprès des médias francophones.
"Alors, c’est une surprise pour vous ? nous a-t-il demandé. La plupart des gens devaient sans doute penser que ce serait difficile pour la Fédération de venir me chercher chez Bahrain-Merida…" Nous lui avons retourné la question. Entretien.
Rik, et pour vous, c’est une surprise de vous retrouver au poste de sélectionneur national ?
"D’un côté, oui. Je n’avais pas pensé à travailler pour la Fédération, surtout que j’ai un contrat jusqu’à la fin de la saison 2019 avec Bahreïn-Merida. Mais quand j’ai appris que le poste de Kevin De Weert se libérait, j’y ai pensé. Car je me suis toujours dit que c’était un boulot intéressant. Je suis donc très content d’avoir été choisi. C’est un honneur de pouvoir occuper ce poste, d’être le coach de l’équipe nationale d’une des plus grandes nations du cyclisme."
Les candidats, renommés, étaient nombreux pour ce poste. Pourquoi, selon vous, avez-vous été choisi ?
"C’est difficile de répondre. Je pense que c’est grâce à toute mon expérience accumulée dans le cyclisme. Comme coureur, mais j’ai aussi été directeur sportif, manager d’équipe… Et je me suis aussi occupé des espoirs, j’aime travailler avec les jeunes. Quand on touche un peu à tout, on voit ce qu’on aime vraiment faire. Moi, cela me plaît de travailler avec les jeunes mais aussi avec des grandes vedettes."
Qu’est-ce qui vous motive dans votre nouveau rôle ?
"Comme je l’ai dit, c’est un honneur de représenter son pays. Mais cette combinaison entre les espoirs et les pros m’intéresse. Le discours de la Fédération m’a charmé. Il y a un plan de A à Z, de la détection des jeunes aux professionnels en passant par le développement. C’est un travail qui a déjà commencé depuis quelque temps, je vais d’ailleurs pouvoir récolter les fruits de mon prédécesseur et essayer d’y apporter ma touche personnelle, et voir ce qu’on peut améliorer. En matière d’organisation, de communication avec les équipes, tout est mis en œuvre pour faire mûrir nos talents. Les pros, c’est une vitrine, mais les espoirs, c’est l’avenir, le travail en amont est très important. Et il était important de travailler en collaboration avec Sven Vanthourenhout pour la catégorie des jeunes. Nous allons former un bon duo."
Avec votre activité de manager d’équipe, vous avez l’habitude de faire des sélections, une activité qui est la base du boulot de sélectionneur…
"Oui, en saison, j’en fais toutes les semaines ! Je sais donc l’importance d’une bonne communication dans ce domaine. Avec ceux qui sont pris. Et avec ceux qui ne le sont pas. Par exemple, quand je ne sélectionne pas un coureur pour le Tour de France, je sais qu’il est important de le suivre, de le motiver pour d’autres objectifs. Dans le cadre de la sélection belge, cela me semble important aussi."
Quand vous étiez coureur, qu’est-ce qui était important à vos yeux concernant le rôle du sélectionneur national ?
"Ce même point de la communication. J’attendais d’avoir une sélection claire. Et aussi une bonne discussion sur les rôles."
La Belgique a souvent ramené des médailles ces dernières années. L’or de Van Avermaet ou de Campenaerts… Cela vous met de la pression ?
"Pas vraiment. Quand on est à la tête de l’équipe belge, il y a toujours de la pression quand on va au Mondial. La Belgique est une des nations fortes du vélo. Mais j’ai assez d’expérience pour y faire face. À nous d’avoir une bonne intelligence de course pour aller chercher un titre. Et je ferai tout pour que cela arrive, mon ambition est d’avoir à chaque fois la meilleure sélection, en fonction de l’état de forme des coureurs et du parcours proposé. Cela passera par de nombreuses prises de contact, avec les coureurs, avec les équipes."
"Avec Bahrëin, je verrai les courses de l’intérieur"
Verbrugghe va combiner ses deux boulots en 2019 : sélectionneur de la Belgique et manager sportif dans l’équipe de Nibali et Teuns
Manager sportif de la formation Bahrëin-Merida jusqu’à la fin 2019, Rik Verbrugghe va rester à ce poste l’an prochain au sein de l’équipe World Tour. Un travail qu’il combinera avec sa fonction de sélectionneur national belge.
Rik, comment allez-vous combiner ces deux boulots ?
"Je serai bien occupé, je vais avoir un agenda chargé, mais je n’ai pas peur de travailler. Je ne voulais pas laisser tomber et mettre en difficulté Bahrëin-Merida. La fédération l’a bien compris. Et Bahrëin-Merida considère que c’est un honneur d’avoir un de ses pions importants avec un rôle de sélectionneur national d’un pays comme la Belgique. Cette équipe ne m’a donc pas freiné à accepter ce poste. Les deux parties ont fait des compromis. Je vais avoir un programme allégé chez Bahrëin. Je serai dans leur voiture jusqu’à la fin du mois de juin. Je ne ferai pas le Tour de France, par exemple. Ensuite, je m’occuperai principalement pour eux du programme des coureurs."
Si cela fonctionne en 2019, vous envisagez de continuer les deux en 2020 ?
"Je ne pense pas que l’optique soit de continuer à combiner les deux. Mais il faudra voir dans la pratique comment cela se passe en 2019. En principe, c’est donc non, mais il ne faut jamais dire jamais…"
Il y a un Belge dans votre équipe, Dylan Teuns. Vous avez aussi chez Bahrëin-Merida des coureurs comme Nibali qui sont les rivaux des Belges au Mondial. Il n’y a pas un conflit d’intérêt avec le poste de sélectionneur national belge ?
"Je sais faire la part des choses. Je ferai mon boulot à 100 % pour Bahrëin-Merida. Et à 100 % pour la fédération belge. Pour la Belgique, mon rôle consistera à sélectionner les coureurs les plus en forme en fonction des spécificités des parcours. Mon rôle dans mon équipe peut aussi être un avantage pour la Belgique. Quand je serai dans la course, je serai à 100 % sur Bahrëin, mais j’aurai quand même les yeux ouverts pour être attentif aux coureurs belges. Le fait de vivre les courses de l’intérieur me permet de voir le ressenti des coureurs au cœur de l’action. C’est une meilleure position qu’au bord de la route."
"Aller chercher des jeunes Wallons"
En tant que nouveau sélectionneur national, quel regard Rik Verbrugghe porte-t-il sur le cyclisme en Wallonie ? "La Wallonie a toujours été un peu à la traîne par rapport à la Flandre", répond-il. "Ce serait bien qu’il y ait le même engouement qu’en Flandre. Mais il suffit d’un très bon coureur pour relancer la machine, comme avec Philippe Gilbert. Il y a des talents aussi en Wallonie. Mais il faut aller les chercher. Christophe Brandt fait du bon travail dans ce sens. Par rapport à mon travail avec les espoirs, je compte d’ailleurs aller à la rencontre des clubs de jeunes cet hiver. Je ferai le maximum pour aller chercher des jeunes coureurs wallons et pour les motiver pour le futur."
"Le Yorkshire peut convenir aux Belges"
Le championnat du monde aura lieu au Yorkshire, en 2019. Quelles sont les chances des Belges sur ce parcours ? "Je ne le connais pas encore très bien", répond Rik Verbrugghe. "J’en saurai plus après être allé le voir sur place. Mais sur le papier, ce championnat du monde peut convenir aux Belges. Surtout quand je vois la distance. Ce sera un Mondial très long, avec 290 kilomètres au programme. Cela pourrait être à l’avantage de pas mal de coureurs en Belgique."