Le PTB veut renforcer ses positions et en conquérir de nouvelles
- Publié le 21-09-2018 à 06h47
- Mis à jour le 21-09-2018 à 21h06
En 2012, en passant de deux conseillers communaux à quatre à Herstal et de un à cinq à Seraing, le PTB a commencé à faire peur au PS. D’autant que le parti communiste débarquait dans des grandes villes comme Liège, Charleroi, Mons et Anvers ainsi qu’à Molenbeek et à Schaerbeek. Notons aussi que le parti se renforce à Genk (passant d’un conseiller à trois) et conserve ses six élus à Zelzate.
Depuis lors, c’est le scrutin de 2014 (deux élus au fédéral, deux en Wallonie, cinq à Bruxelles) et surtout les sondages qui laissent penser que le PTB va, durant la séquence électorale 2018 (élections communales et provinciales) - 2019 (élections législatives et européennes), augmenter de manière importante le nombre de ses élus.
Lors du scrutin local du 14 octobre, ce sont 68 listes qui seront déposées sur l’ensemble du territoire. Seize en Wallonie, quarante en Flandre et douze à Bruxelles. Soit, moins que les 80 annoncées par le président Peter Mertens au début du mois de septembre à la RTBF.
C’est surtout en Wallonie que le nombre de listes déposées interpelle. Mais le PTB ne se laisse pas démonter. Il rappelle que sa stratégie n’est pas d’inonder les 262 communes de Wallonie. Le Brabant wallon et la province de Luxembourg ne représentent aucun intérêt électoral pour le parti. L’idée est de renforcer ce qui existe déjà et de réaliser quelques percées dans des zones où le parti sent, par une présence forte sur le terrain, qu’un potentiel électoral existe. À l’exception notable de Namur, les autres listes wallonnes sont toutes dans les provinces de Hainaut et de Liège. Dans ces lieux où l’industrie wallonne faisait, naguère, la fierté de tout un pays.
Des sondages optimistes
La prudence incitera à rappeler que lors des derniers scrutins, les sondages étaient toujours très optimistes par rapport au score réalisé, in fine, par le parti. En annonçant il y a deux ans que le PTB n’était pas prêt à aller au pouvoir, Raoul Hedebouw a donné au PS l’argument pour se présenter comme le seul vote utile à gauche. Depuis lors, il a, à plusieurs reprises, nuancer sa position, affirmant qu’il pouvait envisager le pouvoir mais à certaines conditions seulement.
Pour le scrutin communal, le parti se dit prêt à discuter s’il est invité à le faire. Paul Magnette, le bourgmestre socialiste de Charleroi, ne ferme d’ailleurs pas la porte. Craignant toutefois que le PTB ne participe pas sérieusement à la négociation en venant avec des propositions surréalistes.
Le parti de gauche radicale ne considère pas que l’élection dans un conseil communal - comme celle au Parlement d’ailleurs - soit le seul levier de l’action politique. L’adage "rue-parlement-rue" devient ici "rue-conseil communal-rue". Pour le PTB, les propositions qui sont portées dans une assemblée doivent être l’émanation de la société. Les gens, les électeurs, ceux qui sont le mieux à même, selon le parti, de livrer les réalités du terrain. Et lorsque les idées ont été portées devant une assemblée d’élus, il faut absolument rendre des comptes à ceux qui ont initié le combat. Que l’on soit dans l’opposition ou au pouvoir. Pour le PTB, la capacité d’un peuple à se mobiliser permet de faire évoluer les choses.
Éviter le feu de paille
En envoyant de nouveaux élus dans les conseils communaux et provinciaux, le PTB veut s’installer dans la durée. Il craint par-dessus tout l’effet feu de paille. Le parti le répète à l’envi, il est en construction. Les sections locales sont encadrées et il ne s’agit pas de présenter des listes pour le plaisir de présenter des listes. Si les gens sur place ne sont pas prêts, le parti décide de ne pas y aller.
Mais le PTB sait aussi qu’il devra un jour réaliser et démontrer ainsi que ses propositions peuvent se traduire concrètement. Envoyer des bataillons d’élus est une chose, appliquer un programme en est une autre. En allant au pouvoir, le risque est grand de décevoir leurs nouveaux électeurs.
Le PTB observe et apprend. Plutôt que d’aller dans un exécutif et d’en sortir laminé par quelques années de pouvoir, de compromis, de compromission parfois, le PTB préfère rester dans l’opposition.
C’est pour ces différentes raisons qu’en limitant sa participation aux élections locales, le PTB espère maîtriser son avancée lente mais plus sûre, selon eux.
En s’implantant durablement dans quelques bastions, le PTB prépare la suite. Le stade communal est essentiel pour ensuite briller à d’autres niveaux de pouvoir. Il s’agit de ne pas se louper.