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Une place Vendôme à la Grand-Place

Le bijoutier De Greef souhaite créer une place Vendôme dans la capitale. Une manière d’attirer les clients dans le quartier des boulevards du centre.

Temps de lecture: 4 min

Pour s’organiser une promenade sur le thème du luxe dans la capitale, on passe forcément par le boulevard de Waterloo et la rue Antoine Dansaert. Mais pour capter cette clientèle venue de tout le pays et surtout de l’étranger, il faut toujours renouveler ses pôles d’attractions. Alors, certains imaginent créer une « place Vendôme » à la bruxelloise autour de la petite fontaine de la rue au Beurre.

Depuis sa fondation en 1848, la bijouterie De Greef n’a jamais quitté la rue au Beurre, idéalement située entre la Grand-Place et la Bourse, qui était autrefois l’épicentre des magasins d’horlogerie à Bruxelles. Après deux ans de travaux respectant l’esprit moderniste qu’a donné à la boutique familiale l’architecte Jacques Dupuis, les frères Wittmann rêvent que cette petite ruelle retrouve son lustre d’antan et se positionne comme une place Vendôme bruxelloise. « On veut créer une destination. Après tout, Bruxelles n’est qu’à deux, trois heures de Moscou ! On a des clients qui viennent du monde entier chez nous, assure Jacques Wittmann. On croit en l’avenir de la rue au Beurre. Le bijoutier Cosyns va bientôt installer une succursale en face de chez nous et on s’en réjouit ! On va d’ailleurs envoyer un mailing à nos 25.000 clients pour les informer. La concurrence est une bonne chose pour stimuler le commerce dans le centre-ville. »

Dans le quartier de la rue au Beurre, on compte déjà quelques bijoutiers de renom auxquels s’ajoute la maison Tollet rue des Fripiers. Faire de ce lieu un endroit incontournable de la joaillerie ne paraît pas si fou même si l’image du centre-ville s’est détériorée depuis deux ans. « L’idée du piétonnier était très bonne, s’enthousiasme Jacques Wittmann, l’un des rares commerçants favorables au piétonnier. Mais la communication autour a été catastrophique et on continue de le payer. Pourtant, en soi, rien n’a changé, comme je le rappelle à mes clients : il y a toujours eu du trafic et des difficultés de stationnement à Bruxelles ! Mais voyons le positif : ce boulevard était un chancre. Les commerces peuvent le transformer. Bien sûr, on n’y est pas encore : il faut que l’environnement soit élégant. Les travaux sont en cours, soyons patients. »

Pour la Ville de Bruxelles, qui abrite une majorité des grandes maisons du luxe, c’est une vitrine dont elle ne peut se passer. « Nous aimons le centre-ville. Quand on a décidé d’investir quelque deux millions d’euros dans les transformations de l’espace adjacent pour y installer un espace d’horlogerie Patek Philippe, des analystes nous ont déconseillé de le faire à cause de la situation géographique. On nous a même dit qu’il valait mieux déménager !, se souvient Jacques Wittmann. Et maintenant, on a deux investisseurs immobiliers qui sont prêts à nous suivre dans notre rêve de transformer la rue au Beurre. Mais tous deux nous ont dit qu’il fallait compter au moins dix ans. »

A Bruxelles, tout prend du temps et les commerçants qui visent cette clientèle bien particulière le savent. « Nous avons un établissement rue Dansaert et nous constatons que nos clients qui venaient d’Uccle se plaignent souvent de la mobilité depuis la mise en piétonnier, explique un opticien de chez Hoet Optiek, maison qui propose des lunettes faites sur mesure grâce à une imprimante 3D. Nous tentons de leur expliquer comment venir encore chez nous et cela fonctionne puisqu’aujourd’hui nous avons retrouvé nos chiffres d’avant les attentats. »

Même son de cloche du côté de chez Manalys, un joaillier du boulevard de Waterloo. « A Bruxelles, tout est toujours un peu plus compliqué, sourit Moïse Mann. Et la mobilité est certainement le sujet le plus débattu. Il est vrai que, depuis l’aventure du tunnel Stéphanie, certains clients nous appellent pour que nous venions directement chez eux leur présenter nos pièces. Evidemment, en termes de sécurité, ce n’est pas toujours l’idéal. »

Si certains rêvent donc d’une « place Vendômeke », les autres imaginent le boulevard de Waterloo donnant sur une belle esplanade aménagée au-dessus de la petite ceinture. « L’espace est pour moi le luxe », rappelle Jean-Pol Piron, président du BEL, le Brussels Exclusive Labels, association regroupant de grandes maisons bruxelloises comme Degand, Natan, Carine Gilson, Leysen, Dandoy ou encore Serneels. Depuis 80 ans, cette association représente le savoir-faire bruxellois à travers le monde et joue aussi un rôle de lobby auprès de la Région. Alors, un projet porté par les commerçants ne peut que réjouir la Ville. « Historiquement, la rue au Beurre a toujours été connue pour ses bijoutiers, rappelle l’échevine du commerce, Marion Lemesre (MR). L’extension de la maison De Greef renforce cette identité qui est certainement à soutenir.  »

 

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