Après un accident vasculaire cérébral (AVC), chaque minute compte

L. D.

Pour la reine Paola, dont on a appris qu'elle aurait été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) dans la nuit de mardi à mercredi, à Venise, comme pour tout patient présentant ou ayant présenté les signes cliniques d’un AVC récent, il est primordial d'être immédiatement orienté vers le service d'urgence d'un hôpital disposant d'une unité neuro-vasculaire (Stroke Unit) afin de gagner du temps dans le diagnostic et le traitement et améliorer de manière significative le pronostic du patient.

Si l'on sait que la Reine doit être rapatriée cet après-midi vers l'aéroport de Melsbroek, nous n'avons pas encore, à l'heure actuelle, d'information quant à l'hôpital où elle devrait être prise en charge.

"A la suite d'un problème de santé, Sa Majesté la Reine Paola sera rapatriée en Belgique dans le courant de la journée pour y subir des examens médicaux", a simplement précisé le Palais.

L'épouse d'Albert II a été soignée à l'hôpital Santi Giovanni e Paolo de Venise, indique l'agence de presse italienne Ansa, citée par DPA. Les médecins de l'établissement ont conclu que son état n'était pas grave et que ses jours n'étaient pas en danger, poursuit Ansa. Raison pour laquelle la Reine n'aurait pas été placée dans une Stroke unit, où l'on prend en charge les AVC graves.

Quoiqu'il en soit, voici quelques réponses aux questions que l'on peut se poser de manière générale sur l'AVC.

Qu'est-ce qu'un AVC?

Un AVC (accident vasculaire cérébral) est un trouble médical aigu caractérisé par une perturbation soudaine du flux sanguin cérébral. L’AVC est une cause majeure d’invalidité mais aussi de décès (près de 20% des patients victimes d’un AVC décèdent dans les trois mois).

Quelle est l’incidence de l’AVC ?

En Belgique, elle est estimée à 19 000 cas par an, soit plus de 50 AVC par jour. Les AVC représentent la troisième cause de mortalité et la première cause d’invalidité chronique dans les pays développés. Dans le monde, on estime à 17 millions le nombre d'AVC qui ont lieu chaque année. A l’échelle mondiale, en moyenne 1 personne sur 6 est touchée par un AVC durant sa vie. Contrairement à ce que l'on pense souvent, n'importe qui peut subir un AVC, même les jeunes. Penser, qu’uniquement les personnes âgées sont susceptibles de faire un AVC, n'est donc pas exact.

Quels sont les signes d’un AVC?

Variables d'un individu à l'autre, les symptômes d’un AVC s’installent en général brutalement. Ils se manifestent le plus fréquemment par une paralysie, des troubles de langage, la perte de vision et des troubles de l'équilibre.

On distingue deux grands types d'AVC: les AVC hémorragiques (20%) et les AVC ischémiques (80%). Selon les cas, le traitement diffère. Ceci étant, cliniquement on ne peut pas les distinguer: raison pour laquelle, avant de débuter le traitement, une imagerie cérébrale est indispensable. En général un CT-scan suffit.

Comment réagir?

Le Dr André Peeters, neurologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles et président du Belgian Stroke Council, la Société belge des AVC, décrit ainsi la démarche à suivre: "Si vous pensez que quelqu’un fait un AVC, le mieux est de lui demander d’essayer de sourire ou de rire. S’il vous semble qu’un des côtés de sa bouche penche vers le bas, cela peut être un premier signe. Levez ensuite les bras de la personne à environ 45° si elle est couchée, ou à 90° si elle est debout, et demandez-lui de garder la position pendant 5 secondes. Si un des deux bras tombe, c’est un deuxième signe. Vérifiez ensuite si la personne a du mal à parler et/ou à vous comprendre. Si c’est le cas, il peut aussi s’agir d’un AVC. Si un seul de ces trois signes est présent, notez précisément l’heure de début des symptômes et appelez tout de suite, sans aucun délai, le numéro d’urgence 112". On peut facilement retenir les symptômes par le moyen mnémotechnique suivant : "Faites le FAST-test". En anglais, le F fait référence à "Face" (visage), le A à "Arm" (bras), le S à "Speech" (élocution), et le T à "Time" (temps). Chacun de ces symptômes peut signaler un AVC. Le tout est bien expliqué sur www.avcbelgique.be.

Toute personne présentant ou ayant présenté les signes cliniques d’un AVC récent doit être immédiatement orientée vers un service d'urgence d'un hôpital disposant d'une Stroke Unit. Même si les symptômes ont été transitoires, le risque d’AVC à court terme est réel.

Pourquoi la rapidité de la prise en charge est-elle essentielle voire vitale?

"Plus on intervient vite, moins il y aura de lésions cérébrales et plus rapide sera la récupération", répond le Dr André Peeters. Pour éviter un risque de séquelles pouvant être très lourdes voir potentiellement mortelles, il est en effet crucial d’intervenir le plus rapidement possible. Le neurologue insiste : "Chaque minute compte. En Belgique, ce sont 19 000 personnes par an qui présentent un AVC, mais seulement 1 personne sur 5 est amenée à temps à l’hôpital. Contactez donc directement le numéro d’urgence 112".

"Après un AVC ischémique, le délai maximal pour l’administration d’une thrombolyse intraveineuse est de 4 heures et demi après le début des symptômes, précise de son côté le Dr Joachim Schulz, chef du service de Neurologie du CHU Saint-Pierre. Plus la thrombolyse est pratiquée tôt, plus le bénéfice est important. Ce dernier diminue graduellement avec l'allongement du délai: "Time is brain. Lors d'un AVC, deux millions de cellules meurent chaque minute".

Pourquoi est-ce important de traiter un AVC dans une Stroke Unit ?

"En comparaison avec un traitement "ordinaire", dans un service de neurologie ou de médecine interne, l’hospitalisation organisée dans une Stroke Unit améliore significativement le pronostic du patient, explique pour sa part le neurologue du CHU Saint-Pierre. Prévenir des complications est l’objectif principal pendant la phase post-aiguë (jour 1 à 3). Dans une Stroke Unit, le patient bénéficie d’un monitoring constant. Le risque d’être transféré dans une institution de prise en charge à long terme après le départ de l’hôpital, de dépendance, de décès et la durée moyenne de l’hospitalisation sont réduits par rapport à la prise en charge dans un service "ordinaire". Une Stroke Unit permet de diagnostiquer et traiter plus rapidement. La revalidation (kinésithérapie, ergothérapie, logopédie) et la prévention secondaire sont initiés dès le début de la prise en charge. Certaines étiologies rares (endocardites, dissections, hémopathies,...) sont recherchées et corrigées le cas échéant. Après cette phase, les spécialistes peaufinent le bilan du patient. Une fois ce dernier terminé et le traitement optimisé, le patient est orienté vers une unité de revalidation ou directement vers un suivi ambulatoire".


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