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Une dynastie de financiers refait surface

Sotheby’s dispersera le 16 mai prochain à Paris une collection oubliée renfermant plusieurs chefs-d’œuvre.

Temps de lecture: 3 min

Les Schickler furent de puissants banquiers d’origine bâloise, finançant principalement des princes de l’Ancien Empire germanique. Leur fortune était considérable et, l’on ignore pourquoi (leur amour de la chasse ?), certains d’entre eux acquirent de grands domaines en France. Tel fut le cas d’Arthur de Schickler et de son frère Ferdinand. Le premier acquit en 1867 le château de Martinvast, un domaine situé au sud de Cherbourg sur la pointe du Cotentin. Celui-ci le restaura et « l’améliora » dans un esprit néogothique. À sa mort à Lausanne en 1919, le château passa à sa fille unique, Marguerite, qui avait épousé une trentaine d’années auparavant Hubert de Pourtalès, l’héritier d’une autre dynastie suisse. D’où le sous-titre de la vente Art et pouvoir au XIXe siècle  ! L’on ignore ce qui a poussé les descendants de ce couple à se séparer de leurs bijoux de famille, mais l’on peut supputer que les droits de succession et les frais d’entretien que génère une maison plusieurs fois centenaire (et fortement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale) ont eu raison de la cassette familiale. Le décès en 2018 du comte Christian de Pourtalès-Schickler, qui régnait sur les lieux depuis 1962, est donc l’occasion pour les collectionneurs de faire main basse sur des trésors conservés dans la même lignée depuis plus d’un siècle et demi. Quant aux amateurs moins fortunés, il leur reste le mobilier néogothique !

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Fugger

Les célèbres banquiers « allemands », première fortune privée au monde au début du XVIe  siècle, sont remémorés par deux des anges qui veillaient sur leur tombeau dans leur chapelle funéraire de l’église Sainte-Anne d’Augsbourg. Posés sur la balustrade de marbre vert qui clôturait l’espace du maître-autel, ils sont de purs chefs-d’œuvre de la main du sculpteur Hans Daucher qui les auraient réalisés vers 1525-1530. Leur estimation reste confidentielle, sans doute parce qu’il est difficile de priser des pièces aussi rares. Leur expression est très humaine et semble captée sur le vif, l’un des putti porte ses doigts à sa bouche et ouvre de grands yeux, tandis que l’autre affiche une expression de sagesse bien moins enfantine. Il est probable qu’ils aient été acquis par Arthur de Schickler au milieu du XIXe siècle. Leur future destination sera très certainement un grand musée ou une importante collection privée.

Tapisseries

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Martinvast abritait encore jusqu’à il y a peu plusieurs tapisseries de très belle qualité, dont la plus emblématique représente Charles VIII à cheval sur un fond de millefleurs. De format presque carré (environ trois mètres de côté), elle a vraisemblablement été tissée à Tournai vers 1500. Sotheby’s l’a prisée entre 60.000 et 80.000 euros. Cette estimation a été doublée pour une autre tapisserie, bruxelloise avec certitude, haute de 268 centimètres et longue de près de 2 mètres. Elle remonte au premier quart du XVIe siècle et est attribuée à Bernard van Orley, auquel le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar) consacre actuellement une importante rétrospective et dont les tapisseries exposées sont assurément le « must ». Elle représente la prière au Jardin des Oliviers. Même estimation pour La chasse au faucon, une tapisserie tissée vers 1520, haute de plus de trois mètres et longue de près de quatre mètres. Il s’agit d’une acquisition familiale plus récente puisque sa provenance est la vente de Christopher Lorimer chez Sotheby’s à Londres en 1966. En ce qui concerne les tableaux, deux œuvres sortent du lot. D’abord un Portrait de Jean-Georges Schickler, chef d’escadron du canton de Bâle peint en 1826 par Horace Vernet. Il est estimé entre 80.000 et 120.000 euros. Ensuite, le Portrait de Mélaine de Bussière, comtesse Edmond de Pourtalès par le célèbre portraitiste des cours européennes Franz-Xavier Winterhalter. Ce dernier est proposé avec une estimation courant entre 120.000 et 180.000 euros.

 

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