Trump en Floride pour déjouer des sondages qui lui donnent peu de chance d'être réélu
- Publié le 18-06-2019 à 19h53
- Mis à jour le 18-06-2019 à 22h11
Le Président était en Floride mardi pour le coup d’envoi de sa campagne. Les sondages ne lui donnent à ce stade aucune chance face à Joe Biden. Les tensions avec la Chine et l’Iran devraient peser sur le scrutin.
Donald Trump est arrivé tambour battant, mardi, à Orlando, pour donner le coup d’envoi officiel de sa campagne pour la présidentielle de novembre 2020. Il devait prononcer, le soir, un discours devant plus de 18 000 personnes acquises à sa cause, dans le stade de l’équipe locale de basket, les Orlando Magics. Fidèle à lui-même, le Président avait décrété, dans un tweet, bien avant que les festivités commencent, qu’on n’avait jamais rien vu de pareil en Floride, "sauf si vous jouez de la guitare" - une façon de dire que seul un concert rock était susceptible de dégager autant de folie que ce meeting électoral.
On sait que Donald Trump n’a jamais vraiment cessé d’être en campagne depuis le jour de juin 2015 où il annonça sa candidature à la Maison-Blanche. Manquant de la dignité associée à la fonction, il s’est souvent comporté davantage en candidat qu’en Président depuis son élection, et il n’a jamais fait mystère de son intention de briguer un second mandat. Il ne semblait pas réellement nécessaire, dans ces conditions, de programmer un événement tel que celui de mardi soir.
À ce détail près que, si Donald Trump ne paraît douter de rien, son entourage s’inquiète, lui, de prédictions assez sombres sur ses chances d’être reconduit. Les sondages le donnent, en effet, perdant face à plusieurs des vingt candidats démocrates à la présidentielle, notamment face à ceux qui font provisoirement figure de favoris, l’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, et le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Des sondages commandés par l’équipe de campagne créditent Biden d’une victoire confortable dans de nombreux États remportés par Trump en 2016. Des enjeux cruciaux comme la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin, l’Ohio, l’Iowa, la Caroline du Nord, la Géorgie et, bien sûr, la Floride.
Des intrigues, d’ores et déjà
L’entourage présidentiel a réagi en dénonçant les contrats passés avec trois instituts de sondage - dont celui qu’avait fondé Kellyanne Conway, une des proches conseillères de Donald Trump avec qui son gendre, Jared Kushner, serait plus qu’en froid, assure la presse américaine. Intrigues et luttes d’influence seraient donc déjà le lot quotidien au sein de l’équipe de campagne, alors que d’aucuns minimisent la portée et l’intérêt des sondages à un stade aussi prématuré. À un an et demi du scrutin, fait-on remarquer, Ronald Reagan n’était pas censé gagner en 1980.
Les stratèges républicains n’en sont pas moins contrariés par la cote de popularité du Président qui plafonne toujours autour des 40 %, en dépit d’une économie qui pourrait difficilement mieux se porter avec un chômage historiquement bas. Tout se passe comme si une majorité d’Américains ne parvenait pas à associer ce retour de la croissance à l’action de Donald Trump, et restait en revanche perturbée par le comportement bien peu présidentiel du locataire de la Maison-Blanche. Les tensions croissantes avec l’Iran, la guerre commerciale avec la Chine, le manque de résultats avec la Corée du Nord procurent un sentiment d’insécurité, que renforcent l’impression d’une confrontation permanente avec les alliés et la perception d’un isolement sur la scène internationale qui est digne des pires heures de la présidence Bush.
Un discours encore plus caricatural
Donald Trump entendait donc galvaniser ses troupes sur un mode qui ne pouvait être que plus caricatural encore qu’à l’accoutumée. N’avait-il pas déjà prédit, le week-end dernier, un krach boursier d’une ampleur sans précédent si quelqu’un d’autre que lui devait se retrouver aux commandes du pays ? Depuis plusieurs semaines, le Président se complaît par ailleurs dans l’invective à l’endroit de ses adversaires - de Joe Biden, en particulier, dont il n’hésite pas à railler la lenteur et la mollesse, alors qu’ils ont le même âge.
De Miami à Panama City, Donald Trump a multiplié les apparitions en Floride ces derniers mois, conscient de l’importance de triompher de nouveau dans ce "swing state" qui fait traditionnellement les Présidents. Il avait battu de peu Hillary Clinton en 2016, mais ses chances paraissent minces cette fois. La cohérence de sa politique de l’immigration est, en effet, mise en doute par une communauté hispanophone dont le poids électoral sera plus que jamais décisif. L’incapacité d’un homme qui aime pourtant jouer les gros bras à obtenir le départ de Nicolas Maduro, au Venezuela, pourrait elle aussi se révéler problématique. Le thème est significativement passé à l’arrière-plan.