Comment la situation des droits de l'Homme se détériore à Hong Kong

BELGA
La situation des droits de l'Homme se détériore à Hong Kong, selon Amnesty International
©AP

La situation des droits de l'Homme s'est "gravement détériorée" l'année dernière à Hong Kong, déplore mardi dans un rapport Amnesty International, qui pointe en particulier un recul des libertés d'expression et de manifestation. 

L'organisation de défense des droits de l'Homme dénonce en particulier de la part des autorités hongkongaises une interprétation très large du concept de "sécurité nationale".

"Le concept de +sécurité nationale+ tel que manié par le gouvernement de Hong Kong manque de clarté et de stabilité juridique et est appliqué de façon arbitraire pour museler la dissidence et l'opposition politique", peut-on lire dans le rapport. Ces restrictions ont un effet dissuasif sur l'exercice des droits, ajoute Amnesty, qui fait part de sa préoccupation quant à la montée de l'autocensure dans l'ex-colonie britannique.

Le rapport cite notamment les poursuites judiciaires contre des leaders du mouvement prodémocratie, l'expulsion d'un journaliste britannique, l'interdiction d'un parti indépendantiste ou encore l'invalidation de certaines candidatures aux élections locales. Tout cela "jette une ombre sur la liberté de réunion" à Hong Kong, poursuit le rapport qui s'inquiète de ce que de possibles condamnations n'ouvrent la voie à davantage de poursuites à l'avenir.

Les autorités hongkongaises ont refusé en octobre de renouveler le visa de travail du journaliste du Financial Times Victor Mallet. Le reporter avait suscité la colère des autorités pour avoir accueilli Andy Chan, dirigeant du Parti national, minuscule formation indépendantiste, à une conférence du Club des correspondants étrangers (FCC), une institution dans l'ex-colonie britannique.

Une tactique répressive

Le Parti national avait été banni pour des raisons de "sécurité nationale" en septembre en application d'une loi autorisant l'interdiction de certaines associations pour ces motifs. L'utilisation de "références larges à la +sécurité nationale+ pour museler les voix dissidentes, comme illustré par l'interdiction du parti, est une tactique utilisée par les gouvernements répressifs", relève Amnesty.

Il y a quelques jours, le Département d'Etat américain avait aussi publié un rapport estimant que les restrictions grandissantes de libertés à Hong Kong nuisaient à la confiance des entreprises, et accusant l'exécutif de la ville de sacrifier les droits de l'Homme pour soutenir les priorités de la Chine continentale.

Les autorités hongkongaises avaient vertement répliqué en affirmant que "les gouvernements étrangers ne devaient pas s'ingérer de quelconque façon que ce soit dans les affaires intérieures" de la ville.

En vertu du principe "Un pays, deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocession de Hong Kong par la Grande-Bretagne à la Chine en 1997, la ville jouit jusqu'en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s'inquiètent d'une reprise en main musclée des affaires de Hong Kong par Pékin.

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