La crise Ryanair est aussi salutaire pour le voyageur
Aujourd’hui, on trouve absolument normal de se déplacer aux quatre coins de l’Europe pour trois fois rien.
Il est de bon ton aujourd’hui d’étriller Ryanair pour sa décision de supprimer d’un coup des centaines de vols. Otages d’un cow-boy des airs irlandais ? Mais comment avait-il osé ?
Et si, avant de nous lamenter sur ce coup de canif porté à notre liberté de pigeon voyageur, nous prenions deux minutes pour acter l’apport de cette compagnie, qui ne s’est pas seulement logé dans la cassette de M. O’Leary ?
Aujourd’hui en effet, on trouve absolument normal de se déplacer aux quatre coins de l’Europe pour trois francs six sous, de visiter des capitales ou des villes improbables durant quelques jours, plusieurs fois par an. Faites le test : il y a toujours quelqu’un dans votre entourage, jeune ou vieux, qui a des billets en poche pour ces lieux qui semblaient autrefois réservés à une élite, surtout s’il était question de prendre l’avion.
Ryanair a créé une sorte d’Erasmus du voyage de masse, permettant finalement cette fameuse connexion entre les citoyens européens que la politique n’arrive pas à concrétiser : aller voir comment c’est ailleurs (Pologne, Hongrie, Suède,...) et découvrir l’autre.
Ajoutons à cela, le « business » et les emplois induits par des aéroports régionaux soudain florissants et leur hinterland (Charleroi), ainsi que par les commerces et l’immobilier portés par ces touristes et ces nouveaux résidents débarquant même hors périodes de vacances. L’impact s’est également fait sentir sur un secteur aérien forcé soudain à penser « consommateur » et plus « public de niche ».
Pendant des années, les consommateurs ont fait l’autruche. On avait beau se dire une fois à la maison que payer moins pour faire Bruxelles-Prague en avion que Bruxelles-Gembloux en train, ne relevait pas du miracle et que cette multiplication de décollages/atterrissages devait nuire à l’environnement : une fois dans l’avion, on oubliait tout – l’exploitation des pilotes, des hôtesses low-cost et de la couche d’ozone – pourvu qu’on arrivât à destination.
C’est dire la colère quand soudain le modèle Ryanair touche sa limite et que, victime de sa croissance express et de l’absence de politique sociale, il supprime des vols par paquets. Le consommateur, sur les réseaux sociaux, n’éructe pas contre les bas salaires et la pression mise sur ce personnel navigant, mais contre une société privée dont il estime qu’elle rend un service quasi public, érigé en droit : voyager pour rien, n’importe quand et n’importe où.
Ce moment de vérité et de crise pourrait donc être vraiment salutaire : pour Ryanair, s’il se voit obligé enfin de revaloriser ses ressources humaines, mais aussi pour le consommateur, s’il est amené à payer un prix plus juste pour le service qui lui est rendu.
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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir5 Commentaires
Placer le consommateur devant ses "irresponsabilités" , en toute objectivité est un "fait de presse" assez rare. Lorsque j'en ai pris connaissance vendredi dernier, j'ai décidé de reprendre un abonnement au journal "Le Soir".
Con-Sot-Mateur, et voilà......; cellules grises ? :jamais entendu parler, ce qui manque ? ...un pouvoir législatif érigeant des gardes-fous à cette folie de consommation sans aucune limite, mais pour cela il faut des politiciens avec cellules grises et le courage de s'en servir; Spectacle de la compétition mondiale : concourt de vitesse pour atteindre le bord du gouffre: inutile de se préoccuper de l'avenir de nos enfants car à cette vitesse : plus d'avenir. Amen
http://plus.lesoir.be/115524/article/2017-09-22/ryanair-un-consommateur-informe-en-vaut-deux-non-il-ne-vaut-rien Ducart Jean-Philippe (TA)
La dérégulation créée par ce transporteur aérien met depuis des années la sécurité mais surtout les finances des compagnies de transport aérien dans le rouge. Beaucoup de citoyens oublient que ce mode de transport a un prix minimum que ce transporteur, délibérément méconnait.
Tiens les marmottes se réveillent ! N'est il pas trop tard ? Le néo-libéralisme, la déréglementation ont tellement faits de dégâts que la majorité des gens ne croit plus en rien sinon au TPMG (tout pour ma gueule), aux USA le niveau moyen des salaires en dollar constant n'a pratiquement pas augmenté depuis 1970, par contre le PIB continue de prospérer, je vous laisse deviner au bénéfice de qui !