Libra: Facebook ne révèle qu’un prototype, ambitieux et prématuré
Le géant américain des réseaux sociaux vient d’ouvrir les vannes de l’information sur son projet de blockchain et de cryptomonnaie, Libra. Entre coup de com et documents ultra-techniques, la « monnaie mondiale » de Facebook est encore loin d’être une réalité. Décryptage.
- Publié le 18-06-2019 à 13h39
- Mis à jour le 24-06-2019 à 10h45
Le géant américain des réseaux sociaux vient d’ouvrir les vannes de l’information sur son projet de blockchain et de cryptomonnaie. Entre coup de com et documents ultra-techniques, la « monnaie mondiale » est encore loin d’être une réalité.
« L'aventure commence aujourd'hui », clâme David Marcus, cocréateur de Libra, nom à la fois de la blockchain et de la cryptomonnaie de initiée par Facebook, et directeur général de Calibra, le nouveau portefeuille numérique lié à ces projets.
La mission de Libra ? Offrir une monnaie mondiale et une infrastructure financière qui émancipera des milliards de personnes. Rien que ça. Trente ans après l'invention du web, il est temps, selon le cofondateur, qu'Internet se dote d'un protocole informatique pour l'argent.
« Et qu'on essaie quelque chose de nouveau pour le 1,7 milliard de personnes qui restent exclus du système bancaire », philosophe David Marcus.
En théorie, les blockchains et les cryptomonnaies présentent effectivement des propriétés uniques qui peuvent potentiellement résoudre ces problèmes d’accessibilité: accès libre, gouvernance partagée, sécurité cryptographique. Mais les systèmes existants, tels que Bitcoin pour ne pas le citer, ne sont pas encore utilisés de manière courante par les foules.
Les membres fondateurs de l'association Libra, l'entité indépendante à but non lucratif qui gouvernera le réseau blockchain et la cryptomonnaie, espèrent que la Libra deviendra « un bien public ».
On retrouve dans les rangs de cette association, pour ne citer qu'eux, les géants Mastercard, PayPal, Visa, eBay, Spotify, Uber, Coinbase, Iliad ou encore Vodafone.
Facebook a donc créé une filiale, Calibra, qui élaborera les services basés sur le réseau Libra, dont le premier n'est autre qu'un wallet, un portfeuille numérique qui sera intégré dans un premier temps dans WhatsApp et Messenger mais existera aussi sous forme d'app sous iOS et Android.
Tandis que Facebook et Calibra continueront de travailler sur le projet Libra, les entreprises ne devraient pas disposer de privilèges auprès de l'association Libra et le réseau. "Autrement dit, nous bénéficierons des mêmes droits de gouvernances que n'importe quel autre membre", affirme le cofondateur.
La blockchain Libra se distinguera par trois principaux composants: son nouveau langage de programmation informatique, le Move; un panier de devises servant de réserve financière pour les échanges de sa cryptomonnaie, et un protocole de consensus LibraBFT pour le moment sur autorisation.
À noter que tout ceci n'est qu'un prototype dont Facebook dévoile la mise en production.
"Nous préférions partager rapidement le projet et travailler avec vous, plutôt que d'attendre la perfection", insiste David Marcus, qui dit l'organisation consciente du long chemin semé d'embûches qu'il reste à parcourir jusqu’à l’implémentation du service espérée avant juillet 2020.
Au cours des prochains mois, l’association Libra va poursuivre les travaux en collaboratif, invitant quiconque de la grande communauté mondiale des développeurs à partager ses analyses sur le prototype de la blockchain afin d’en préparer au mieux le lancement. Il conviendra notamment de bétonner la sécurité et les performances réelles.
Cette méthodologie open source est censée orchestrer les modifications apportées au protocole et aux logiciels qui prennent la blockchain en charge.
Techniquement, la blockchain Libra devra encore subir des « tests approfondis et variés », allant d’une simple test de protocole à l’élaboration d’un test à grande échelle du réseau. Le tout en collaboration avec des entités telles que des échanges et des services de portefeuilles.
Une fois le développement du langage Move stabilisé, l’association doit encore en assurer sa diffusion et son appropriation, précisant alors une méthode pour la création par des tiers de contrats intelligents, des contrats dont l’exécution automatique est programmée sur la blockchain.
En association avec la communauté, l’association cherchera des solutions aux
Tout ce processus itératif se heurtera naturellement des obstacles technologiques, surtout que Facebook veut idéalement en faire dans les cinq ans à venir un « écosystème sans permission », accessible vraisemblablement à toute personne même non membre du réseau social.
La « monnaie mondiale » deviendra-t-elle réalité avant 2023 ? Les paris sont ouverts, et les cryptomonnaies sont acceptées.