Batibouw: l’entretien du bâti existant, un secteur d’avenir

La construction va bien, merci pour elle. Le salon Batibouw va profiter de cette énergie nouvelle d’un secteur qui doit malgré tout toujours anticiper pour continuer à surfer sur la bonne vague.

Si les feux sont au vert, c’est aussi grâce aux travaux de génie civil, longtemps à l’arrêt, qui sont repartis de plus belle. « Le ministre de la Mobilité François Belot a reçu 1,4 milliard d’euros pour le RER. Laurent Vrijdaghs (NDLR : l’administrateur général de la Régie des Bâtiments) a lui aussi des fonds pour rénover plusieurs Palais de Justice. Le génie civil a repris des couleurs et vient gonfler les carnets de commandes aux côtés de la construction résidentielle qui a toujours bien fonctionné, estime Patrice Dresse, le directeur-général de la Fédération des entrepreneurs généraux de la construction. Il suffit de voir les nouveaux immeubles qui poussent comme des champignons à Bruxelles. Certains voient le jour sur d’anciens terrains en friche et c’est une excellente chose pour notre capitale. Mais la Région s’investit également beaucoup au travers des moyens financiers via la Sixième Réforme de l’État. »

Du coup, la Fédération Construction prévoit-elle de fêter ces bonnes nouvelles en apportant confettis et cotillons dans les palais du Heysel ? « Il y a plusieurs bémols à la bonne santé actuelle, intervient, sur un ton plus grave, Patrice Dresse. Il s’agit de l’entretien des structures existantes en matière de travaux publics. Les hommes politiques ont de plus en plus de mal à vendre leur marchandise lorsqu’il s’agit de faire approuver ce genre de travaux car il reçoit systématiquement une volée de bois vert de la part de la population ou des comités de quartier. Les travaux d’entretien ennuient le citoyen, or ils sont fondamentaux car si on ne les fait pas, on perd beaucoup d’argent. Voyez ce qui s’est passé récemment avec les tunnels à Bruxelles ou l’effondrement d’une rue à Schaerbeek à cause d’une rupture de canalisation d’eau ! Une eau qui, soit dit en passant, se perd en grandes quantités dans le sol à cause d’un matériel vétuste. L’entretien va devenir à terme un secteur très important de la construction. »

Forces vives disponibles

Autre bémol : le secteur va-t-il continuer à avoir les moyens suffisants pour procéder aux travaux ? C’est déjà le cas de nos jours : la main-d’œuvre qualifiée vient souvent à manquer, particulièrement dans les activités spécialisées. « Aujourd’hui, 100.000 étrangers viennent travailler en Belgique dans la construction, indépendamment de la durée de leurs prestations, argumente Patrice Dresse. C’est d’ailleurs cette main-d’œuvre étrangère, ainsi que les intérims, qui nous permettent de combler le fossé qui se creuse toujours davantage entre l’augmentation du travail sur le terrain et le nombre de forces vives disponibles. La main-d’œuvre étrangère, nous en avons besoin et il n’y a rien de mal à ça. D’ailleurs, nous autres Belges sommes les premiers à aller travailler à l’étranger… »

Autre source d’inquiétude pour la construction : le « stop au béton » décidé par les Flamands d’abord et les Wallons plus récemment. « Les Régions veulent rationaliser le nombre de terrains à bâtir et favoriser la construction en hauteur plutôt qu’au sol, ce qui est une bonne chose, affirme de manière quelque peu surprenante notre interlocuteur. Mais cette mesure ne doit pas empiéter sur les terrains classés constructibles. De plus, il faut qu’on nous donne la possibilité d’intervenir plus rapidement sur le bâti existant. Les procédures de permis doivent être accélérées, qu’il s’agisse de permis de réaffectation, de démolition-reconstruction ou de rénovation. Ces trois secteurs doivent être rendus plus flexibles. »