Comment les contours définitifs du futur Sénat américain se précisent
- Publié le 20-11-2018 à 13h46
Les Républicains l’ont bien emporté en Floride, mais le dernier siège en jeu pourrait finalement leur échapper.Le casse-tête électoral a pris fin en Floride. Les recomptages des bulletins ont confirmé les résultats initiaux et la victoire des candidats républicains, tant pour le poste de gouverneur de l’État que pour le siège de sénateur en jeu. De quoi donner du grain à moudre à Donald Trump qui avait contesté l’opportunité de recompter (quand bien même la décision est automatique lorsque l’écart est inférieur à 0,5 % des voix) et dénoncé des fraudes de la part des électeurs démocrates.
Ron DeSantis sera donc bien le prochain gouverneur de la Floride, ruinant pour l’heure les ambitions de son adversaire, Andrew Gillum, de devenir le premier gouverneur noir de l’État. Et c’est bien Rick Scott, l’actuel gouverneur républicain de la Floride, qui siégera dès janvier prochain au Sénat, après avoir battu le sénateur sortant, Bill Nelson, d’extrême justesse, avec quelque 10 000 voix d’écart sur plus de huit millions au total.
Le succès de Rick Scott est précieux pour la majorité républicaine au Sénat, qui passe désormais à 52 sièges contre 47. Une élection spéciale dans le Mississippi, le 27 novembre, attribuera le dernier siège en suspens, celui laissé vacant par le Républicain Thad Cochran, qui a démissionné en avril pour raisons de santé. Le 6 novembre, aux Midterms, la candidate républicaine à ce siège, Cindy Hyde-Smith, avait fini première, mais sans pouvoir franchir la barre des 50 % à cause d’un autre candidat républicain qui avait détourné d’elle une partie de l’électorat de droite. Seule, désormais, face au Démocrate Mike Espy, Hyde-Smith avait un boulevard devant elle - jusqu’à ce que la candidate ait l’idée saugrenue de déclarer qu’elle n’aimerait rien de plus que d’assister à une pendaison publique. En sachant que son adversaire est noir et en se rappelant le passé de cet État du "Deep South", on mesure la bourde.
Mitt Romney en point d’interrogation
Les Républicains ne sont, par conséquent, plus aussi sûrs de pouvoir porter leur avantage au Sénat à 53 sièges, ce qui, en tout état de cause, ne leur ferait jamais qu’un gain de deux sièges par rapport à la majorité dont ils disposaient dans l’Assemblée sortante. De quoi nuancer très fortement la "victoire" que Donald Trump revendique dans les élections de la mi-mandat. Le Président devra, par ailleurs, toujours compter avec les deux élues modérées du Maine et de l’Alaska, Susan Collins et Lisa Murkowski, dont le vote peut être imprévisible. Et avec le nouveau sénateur de l’Utah et ancien candidat présidentiel Mitt Romney, qui s’est dit prêt à voter contre Trump si la situation l’exige.
Si la marge de manœuvre des Républicains au Sénat est donc marginalement plus grande, elle ne saurait leur faire oublier la perte de la Chambre où, avec 232 sièges à ce stade, la progression des Démocrates est d’au moins 37 sièges (cinq sièges restant à attribuer) - il leur fallait 218 députés pour obtenir la majorité. Elle n’éclipse pas non plus des défaites historiques comme l’éviction du seul député républicain dans toute la Nouvelle-Angleterre. Bruce Poliquin est le premier député sortant à manquer sa réélection dans la 2e circonscription du Maine depuis 1916. Il trouvera l’échec d’autant plus amer qu’il était arrivé en tête du scrutin, mais le Maine a opté cette année pour le "vote préférentiel", de sorte que, faute d’obtenir directement la majorité absolue, les candidats bénéficient des votes exprimés en deuxième choix. La réforme a été dénoncée par les Républicains.Philippe Paquet