Avec "Trafic", Gaëtan Roussel se vautre dans les basses (*)
- Publié le 11-10-2018 à 14h31
- Mis à jour le 23-10-2018 à 11h05
Gaëtan Roussel a parfaitement su exploiter le succès rencontré par Louise Attaque, fin des années 90, pour se construire une carrière foisonnante. Outre les quatre albums sortis avec ses petits camarades du midi de la France, la création d'un groupe frère (Tarmac) et ses compositions pour Bashung, Rachid Taha ou Vanessa Paradis, monsieur compose pour le cinéma et vient de sortir "Trafic", troisième album solo ouvertement conçu pour accrocher les auditeurs de la bande FM. Critique
L'ancien frontman de Louise Attaque a un réel capital sympathie, une voix immédiatement reconnaissable et une plume. Malheureusement pour lui - et pour nous - sa volonté absolue d'être "direct" et "accrocheur" l'a poussé à enrober ce "Trafic" d'une épaisse couche de basses et d'instrumentaux envahissants, qui plongent chacun de ses refrains dans une mélasse sonore et musicale.
Tout n'est pas mauvais, "Hope" fonctionne plutôt bien, le savoir-faire de Roussel sauve quelques meubles. Mais la production en fait des tonnes, et même les morceaux à l'introduction encourageante finissent en eau de boudin.
"Tu me manques, pourtant tu es là", seul rescapé de ce dynamitage en règle, est aussi la seule respiration de l'album. Exceptionnellement, Gaëtan y rend les armes, s'autorise un duo avec Vanessa Paradis, et n'essaie pas d'en faire des tonnes. Ce qui confère à cette balade touchante, une beauté simple et salvatrice.
Louable dans ses intentions, le chanteur/compositeur est malheureusement passé à côté du cœur en visant la tête. À trop vouloir prendre le contre-pied de l'"Orpailleur" (2013), Gaëtan Roussel a fini par abandonner tout sens de la nuance. L'ensemble reste audible, les textes bien écrits, mais "Trafic" est dénué de la moindre finesse sur le plan musical. Dommage.