Pourquoi les constructeurs automobiles misent sur le haut de gamme
En quelques semaines, plusieurs grands constructeurs automobiles présentent ou mettent sur le marché des nouveautés haut de gamme : Audi avec le Q8, grand SUV un peu coupé, BMW et une Série 8 très sportive avant un grand SUV Série 7, Volkswagen revenant avec un nouveau Touareg.
- Publié le 18-06-2018 à 16h13
- Mis à jour le 19-06-2018 à 12h26
En quelques semaines, plusieurs grands constructeurs automobiles présentent ou mettent sur le marché des nouveautés haut de gamme : Audi avec le Q8, grand SUV un peu coupé, BMW et une Série 8 très sportive avant un grand SUV Série 7, Volkswagen revenant avec un nouveau Touareg. Après avoir envahi une partie du terrain des généralistes, avec Audi A1, BMW Série 1, Mercedes-Benz Classe A, les constructeurs de référence repartent donc vers le haut, un niveau source de plus grandes marges et de croissance : entre 2011 et 2018, le luxe a gagné 10 % des parts de marché que les généralistes ont perdues.
Références Quattro
"Le design, c’est la raison de l’acheter" clame Philipp Römers, designer, devant le nouvel Audi Q8, à Ingolstadt. Un peu plus court, plus bas et plus large que le Q7, ce SUV est, selon lui, "un rêve de designer : inimitable forme musclée avec des ailes avant et arrière très travaillées, toit horizontal jusqu’aux passages arrière, avant de s’incliner légèrement, montants triangulaires comme les anciennes Quattro…" Et l’on trouvera, à l’avant comme à l’arrière, plusieurs autres références à l’Audi Quattro d’origine, histoire de bien marquer sur quel (tout) terrain joue le Q8.
"Sur demande des marchés asiatiques, la tendance est aux modèles plus que luxueux, hors du commun", dit Christophe Vloebergh, chargé des relations publiques chez Daimler en Belgique. Il n’en veut pour preuve que le concept de SUV présenté récemment à Pékin sous le nom de "Vision Merceces-Maybach Ultimate Luxury", rien moins. Une énorme machine d’allure plus crossover que SUV, avec un coffre de berline pas du meilleur goût, "spécialement conçue pour le marché asiatique et accueillie de manière très positive là-bas."
Là-bas, en Chine, où toutes les marques présentent des versions allongées de leurs berlines, pour offrir plus de place à l’arrière. Les SUV suivent le mouvement : "Le GLS, plus grand véhicule de sa catégorie, va sortir en version Maybach, plus longue et plus luxueuse. Sur ce modèle, 80 % du volume sera vendu sur le marché asiatique."
Même topo chez Volvo, qui va sortir un XC90 4 places Excellence, avec deux grands sièges à l’arrière, "aménageable façon ministre, voiture avec chauffeur, pour pouvoir être véhiculé toute la journée", explique René Aerts, Jr, porte-parole en Belgique. La grande berline S90 suivra. "Le marché asiatique est bon client, mais le marché américain aussi. C’est pourquoi nous ouvrons une usine à Charleston." Bonne idée, à l’heure des caprices protectionnistes de Trump.
Tout le monde y passe
"Le SUV et la Chine sont deux vecteurs de croissance", résume Christophe Vloebergh. Tout le monde s’y met d’ailleurs, même les marques les moins concernées de prime abord comme Bentley, Maserati, Rolls-Royce, Lamborghini, Ferrari… Pas étonnant que Volkswagen revienne sur ce segment, avec un tout nouveau Touareg, venant compléter la luxueuse berline coupée Arteon. "Il est encore plus haut de gamme que le Touareg précédent, avec un accent mis sur le confort", note Jean-Marc Ponteville.
Ce nouveau véhicule a les quatre roues non seulement motrices, mais aussi directrices, une suspension pneumatique et une barre stabilisatrice pilotées. "C’est très high-tech, tous les autres concurrents n’offrent pas ça."
"Il y a bien sûr un phénomène SUV en soi, présent dans tous les segments, mais l’évolution de l’équipement se retrouve aussi dans tous les segments", explique encore Jean-Marc Ponteville, c’est un phénomène plus large que le haut de gamme." L’on note effectivement qu’après s’être fait manger la laine sur le dos par les marques de luxe, les généralistes montent en gamme. L’Opel Insignia, la Renault Talisman, la Peugeot 508 nouvelle génération ou le DS7 offrent des niveaux de performance et de finition enviables et concurrentiels.
Démocratisation des technologies
Confirmation chez VW où, "en Golf, la demande pour les finitions supérieures et les équipements dernier cri augmente continuellement", selon Jean-Marc Ponteville. "Une des fonctions du haut de gamme, c’est d’étrenner les nouvelles technologies avant de les démocratiser. Et c’est parfois tellement démocratisé que ça en devient obligatoire."
A part cela, tous les grands constructeurs se développent aussi dans les véhicules sportifs à hautes, voire très hautes performances. Les gammes S d’Audi, M chez BMW, AMG chez Mercedes ne cessent de s’étendre. Raison pour laquelle Volvo a lancé sa marque Polestar, menée par une Polestar 1 hybride à 155 000 euros. Et la révolution électrique se fait aussi par le haut. Après BMW i et Tesla, Jaguar, Audi, Lexus, Daimler, tout le monde voit l’avenir automobile bardé de myriades d’électrons.