Bertrand Tavernier est reparti en "Voyage à travers le cinéma français"

Fernand Denis
Bertrand Tavernier est reparti en "Voyage à travers le cinéma français"
©BORTELS CHRISTOPHE

En octobre 2016, Bertrand Tavernier, tour à tour conteur, critique, metteur en scène et incomparable passeur emmenait le spectateur dans un Voyage à travers le cinéma ?

Le périple ayant beaucoup plu, il remet cela et le public du Festival Lumière à Lyon est le premier à en profiter. "Ce n'est pas la version longue du 'Voyage à travers le cinéma français' mais huit nouveaux épisodes de 55 minutes", précise le réalisateur rencontré dans son QG de l’Institut Lumière.

8 épisodes, huit directions

"Deux épisodes sont consacrés à mes cinéastes de chevet : Jean Grémillon, Max Ophüls, Henri Decoin, Sacha Guitry, Marcel Pagnol. Un épisode s'intéresse aux chansons, un autre entièrement à Julien Duvivier. Un épisode se préoccupe du cinéma sous l'Occupation suivi d'un autre sur ce que Truffaut avait appelé 'La nouvelle vague de l'Occupation'. En effet, Bresson, Becker, Autant-Lara, Cayatte, Clouzot, Clément ont débuté sous l'Occupation. Il y a un épisode sur les cinéastes oubliés et un autre sur les méconnus. Et je termine avec les cinéastes français dont je me suis occupé quand j'étais attaché de presse : Chabrol, Rohmer, Jacques Rouffio, Christian de Chalonge, Jaques Deray, ou encore Pierre Granier-Deferre. Le point final revient à un cinéaste lyonnais Christian-Jaque et son film 'Un Revenant'. Le dialoguiste Henri Janson s'en donne à cœur joie sur le conformisme et la pingrerie de la bourgeoisie lyonnaise. Jean Brochard , le père, dit à son fils François Perrier : Tu feras ton voyage de noces en Italie, car le change te sera favorable", se marre Bertrand Tavernier.

Réhabiliter des cinéastes, des auteurs, des Belges

Voila cinq ans que le réalisateur de 'L'horloger de Saint Paul' se consacre passionnément à ce travail de titan qui l'a amené à réhabiliter de nombreux cinéastes. "Jean Boyer, par exemple, est méprisé à cause de ses derniers films. Mais ses comédies d'avant-guerre, dont il écrivait les chansons avec Georges Van Parys, sont formidables. Les gens chantent dans les bureaux, leur appartement, dans la rue. Absolument comme dans les films de Jacques Demy, mais 25 ans plus tôt. 'Prends la route !' est un chef-d’œuvre de la comédie musicale française. Quand Danielle Darrieux chante 'Un mauvais garçon', la clope au coin du bec. C'est génialissime".

Bertrand Tavernier, lui-même, est sorti transformé de ce voyage. "J'ai réévalué pas mal de gens à la hausse. Notamment Charles Spaak (NDR scénariste de 'La grande Illusion') , auteur belge. Je m'en suis voulu d'avoir été victime des préjugés de la Nouvelle Vague à son encontre. Tout ce que j'ai découvert sur lui m'a touché : des scénarios formidables, des prises de position courageuses. Il a écrit 'L’entraîneuse', ce film formidable d'Albert Valentin , autre Belge, un surréaliste exclu car il avait travaillé avec René Clair dans 'A nous la liberté' considéré comme réactionnaire par Breton. 'L’entraîneuse' est un chef-d’œuvre. Je lui avais consacré une séquence dithyrambique mais elle est tombée au montage".

Ces huit 'voyages' seront diffusés prochainement sur une chaîne du câble français. Pas sûr qu'on pourra les voir en Belgique, à moins qu'une chaîne achète les droits ou que Cinematek les projette à Flagey. Sinon , il faudra patienter jusqu’à la sortie des DVD.

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