Un attentat contre les médias ? "Invraisemblable", selon l'OCAM
L’Ocam, qui a analysé le dernier speech de Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’État islamique, rassure les médias belges.
- Publié le 20-10-2017 à 07h14
- Mis à jour le 20-10-2017 à 19h13
L’Ocam, qui a analysé le dernier speech de Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’État islamique, rassure les médias belges. Devant l’avalanche de menaces que lance Daech tous azimuts, il est difficile de faire le tri entre celles qui sont réelles et celles qui ne le sont pas.
Dans une note confidentielle rédigée début octobre, que La Libre a pu consulter, l’Ocam (Organe de coordination pour l’analyse de la menace) conclut que le risque d’attentats contre des médias belges est "invraisemblable".
Cette analyse de portée générale a été faite à la demande de la zone de police de Bruxelles-Nord qui a sous sa juridiction les sièges de la RTBF, de RTL-TVI et de la VRT. Elle est rassurante pour les trois chaînes de télévision : l’Ocam range la menace au niveau 2 (moyenne) soit en dessous du niveau d’alerte pour la Belgique, qui reste au niveau 3 (sérieuse). Aucun journaliste ni bâtiment de ces trois chaînes ne sont visés par des menaces spécifiques, selon l’Ocam.
À l’origine de cette évaluation, se trouve l’appel lancé le 28 septembre dernier par Abou Bakr Al-Baghdadi. Le chef autoproclamé de l’État islamique (EI), dans un long discours de 46 minutes, avait appelé les combattants de l’EI à résister en Syrie et en Irak et ses sympathisants à mener des attaques pour entretenir une sorte de stratégie de la tension. Il s’en prenait notamment aux "nations infidèles et en premier lieu l’Amérique, la Russie et l’Iran".
"Déclenchez la guerre contre votre ennemi […] partout", ajoutait-il dans ce message audio, qui mêlait textes religieux et menaces. Le message est considéré par les experts comme la preuve qu’il était encore vivant en septembre. Certains - comme Hadi Al-Ameri, chef d’une des milices chiites irakiennes - sont persuadés qu’il s’est replié dans une poche de 100 km de long, le long de l’Euphrate, qui traverse la frontière irako-syrienne, là où les derniers membres de Daech se sont réfugiés. À la fin de son discours, Abou Bakr avait appelé ses sympathisants à intensifier les attaques "contre les organisations médiatiques des incroyants et leurs quartiers généraux".
Il a fait référence à un poète membre d’une tribu juive de Médine, Ka’b ibn al-Ashraf, que le prophète Mahomet avait fait exécuter au VIe siècle. Quoique bref, l’appel n’a pas échappé aux journalistes qui suivent Daech.
Pour l’Ocam, ces propos de Baghdadi "ne changent en rien l’évaluation de la menace" car, dans le passé, les médias ont déjà été visés. L’attaque par les frères Kouachi contre Charlie Hebdo, de janvier 2015, est restée dans toutes les mémoires. Mais elle s’est déroulée dans le contexte particulier de la publication des caricatures de Mahomet.
De façon plus générale, l’Ocam constate que la menace est diffuse, n’émane plus (depuis les attentats de Bruxelles) de cellules implantées en Syrie mais de sympathisants dont la radicalisation passe souvent inaperçue, comme ce fut le cas à Barcelone. Les lieux publics, dits soft targets, qui concernent l’ensemble de la population belge, restent donc une cible à surveiller étroitement.