La «doce vida» portugaise n’attire pas que les pensionnés
Séduisant par sa douceur de vivre, le Portugal est un pays qui doit encore être découvert par bien des aspects. Après des années difficiles, les achats immobiliers sont repartis à la hausse, tout comme les prix d’ailleurs. Tout au sud, l’Algarve tend les bras aux touristes.
Si l’immobilier est un indice de l’économie générale d’un pays, alors le Portugal redresse la tête, c’est une évidence. Après des années de crise noire où les prix des biens ont connu une chute vertigineuse et le marché est resté à l’arrêt quasi total, la nation lusitanienne attire à nouveau les investisseurs.
Les indicateurs de vente le démontrent. « Nous constatons à nouveau une forte demande pour les biens de 250.000 euros mais aussi pour des biens nettement plus élevés, explique à ce sujet Alex Koch de Gooreynd, le responsable du Portugal auprès du courtier international Knight Frank, un pays qu’il connaît bien pour y avoir grandi. Beaucoup de régions du pays sont à nouveau prisées. »
C’est le cas, par exemple, de Salema ou Burgau, dans la partie est de la côte sud. Des zones qui ne jouissent pas de la classification « triple A » mais qui attirent néanmoins les acheteurs parce qu’elles offrent une bonne infrastructure routière, de bons restaurants, de belles plages et des vues à couper le souffle. « Pour ceux qui recherchent des vacances simples, à l’abri de l’agitation et du luxe, Salema et Burgau sont des endroits parfaits, poursuit le courtier. La résidence secondaire est un marché qui repose sur les économies des gens mais des vacances, même en période de disette, on cherche toujours à en avoir, quitte à réduire ses attentes. Comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, le Portugal a eu une économie qui a longtemps été considérée comme potentiellement à risque par les acheteurs. »
Le bout du tunnel en vue
La crise s’est surtout fait durement ressentir pour les biens de luxe, un secteur où Knight Frank, comme d’autres de ses concurrents, est particulièrement actif. « Pendant 4 ou 5 ans, le marché a été très calme, insiste à ce sujet Alex Koch de Gooreynd. Pendant deux ans, nous n’avons enregistré aucune vente de biens de plus d’un million d’euros. Aucune ! Aujourd’hui, le Portugal aperçoit enfin le bout du tunnel. »
La politique mise en place par le gouvernement a été hautement bénéfique. Créée en 2012, la mesure dite du « golden visa » aux acheteurs de biens immobiliers à partir de 500.000 euros a été un incitant majeur. Après 5 ans, l’acheteur peut acquérir la résidence permanente et après 6 ans, la nationalité portugaise sans pour autant devoir résider au Portugal. La seule obligation pour le candidat (et les membres de sa famille) est de séjourner dans le pays au moins deux semaines tous les deux ans. « L’idée a été géniale car cela a injecté des liquidités dans le marché, admet notre interlocuteur. Les grues sont réapparues dans le ciel de Quinta do Lago, l’un des endroits les plus exclusifs du pays, où beaucoup de stars du show-business, parmi lesquelles plusieurs footballeurs de la Premier League anglaise, se sont mises à investir en masse. L’intérêt pour le marché du luxe est remonté en flèche. Un exemple me revient en tête : par deux fois, un couple qui avait pourtant à disposition une somme de près de 2,5 millions d’euros a été devancé par un autre couple pour l’achat d’une maison… »
Depuis son introduction il y a six ans, 6.000 nouveaux investisseurs et quelque 10.000 familles auraient ainsi été séduits par le « golden visa » pour un investissement total évalué à 3 milliards d’euros.
La deuxième mesure des autorités portugaises pour relancer le marché immobilier concerne les pensionnés et est plus ancienne puisqu’elle date de 2010. « Le pensionné qui vient passer 183 jours par an au Portugal, consécutifs ou en plusieurs périodes, peu importe, voit ses revenus taxés à… 0 % pendant dix ans, qu’il soit propriétaire ou locataire, affirme ainsi Ricardo Ferreira, avocat chez MEF, un bureau spécialisé en acquisitions immobilières basé à Vilamoura. Qu’adviendra-t-il après les dix ans ? Nul ne le sait pour l’instant, mais nous espérons que le gouvernement adopte une extension de la mesure car elle est nettement bénéfique pour l’économie du pays. »
Dans un autre registre nettement moins reluisant, il est évident que le Portugal profite également des malheurs des pays nord-africains (Tunisie, Egypte, Maroc…) victimes de la vague d’attentats terroristes qui a porté un coup dur au tourisme local. « Le marché portugais est en plein boom, n’hésite pas à affirmer Nick Sadler, patron de l’agence Sadler’s Property basée à Praia da Luz. Nos acheteurs sont en très grande majorité Anglais et Français, mais les Scandinaves investissent en masse également. On compte également pas mal d’Italiens, de Suisses, d’Allemands et quelques Belges. On a même vu apparaître les premiers Chinois et Russes… »
Pour répondre à la forte demande hexagonale, Nick Sadler vient d’ailleurs d’engager une Française du Nord qui a tout quitté et est venue s’installer en Algarve avec mari et enfants. « Aujourd’hui, un de nos acheteurs sur trois est Français, admet l’agent immobilier. Quant aux Anglais, après deux ans passés à s’interroger sur les effets à venir du Brexit, ils ont décidé de ne plus attendre, même si l’avenir n’est toujours pas plus clair que lors du référendum. L’envie d’une vie au soleil est devenue plus forte que toutes les incertitudes… »
Dans de telles conditions, il n’est pas étonnant de voir les prix remonter. Leur augmentation est évaluée à quelque 3 % par an. « Il y a trois ans, pour 175.000 euros vous pouviez acheter n’importe quel appartement à Praia da Luz, explique Nick Sadler. Aujourd’hui, vous n’avez plus rien en dessous des 250.000 euros. »
Qualité de vie, climat qui vante 300 jours de soleil par an, plages, population locale accueillante, golf à gogo (36 terrains rien qu’en Algarve), nourriture : le Portugal a des atouts à faire valoir, c’est une certitude. « Contrairement à d’autres destinations, européennes et autres, le Portugal et en particulier l’Algarve restent encore abordables sur le plan financier à l’exception des endroits exclusifs comme Quinta do Lago ou Vale do Lobo, conclut Alex Koch de Gooreynd. C’est encore un pays à découvrir dont l’économie n’est certes pas celle de l’Allemagne, mais qui présente des signes de reprise rassurants. Il suffit de voir les travaux d’infrastructure qui sont réalisés un peu partout. A chaque fois que je viens, je me perds car mon GPS ne m’indique pas un nouveau rond-point… »
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