Ducarme répond à Di Antonio: "L’interdiction de la vente de glyphosate est imminente"
- Publié le 19-08-2018 à 18h50
- Mis à jour le 19-08-2018 à 22h05
Ça devrait être fait pour fin septembre. Le texte du ministre Ducarme, qui vise les particuliers, attend sa publication. "Carlo Di Antonio ferait bien d’étudier ses dossiers !" C’est depuis son lieu de villégiature en Andalousie que Denis Ducarme (MR), le ministre fédéral de l’Agriculture, a découvert la sortie de son collègue wallon de l’Environnement (CDH), samedi, dans "La Libre". Et qu’il réagit : "L’interdiction de la vente de glyphosate aux particuliers n’est plus qu’une question de semaines."
Le glyphosate, c’est cet herbicide contesté en raison des risques qu’il ferait peser sur la santé humaine et qui est notamment l’agent actif du Roundup. M. Di Antonio a interdit en Wallonie l’utilisation par les particuliers de la substance. Flandre et Bruxelles ont fait de même. En revanche, sa commercialisation, régie par l’exécutif fédéral, est toujours permise.
"Le Roundup ne peut […] plus être utilisé, mais, de manière paradoxale, il peut toujours être vendu, avait résumé Carlo Di Antonio dans "La Libre". Le ministre Ducarme a dit qu’il allait interdire la commercialisation pour les particuliers. Il y a eu une annonce. Mais moi, ce que j’aimerais, c’est que pour le printemps prochain, on ne trouve effectivement plus ces produits pour les particuliers. Qu’une date de disparition soit fixée."
"Je rappellerai à M. Di Antonio que l’arrêté royal sur l’interdiction de la vente de glyphosate aux particuliers a été validé par le Conseil des ministres au premier semestre (le 25 mai, NdlR) et il a reçu un avis favorable du Conseil d’Etat, détaille Denis Ducarme. J’attends maintenant sa publication au ‘Moniteur belge’. La décision est donc prise ! L’entrée en vigueur de la mesure est imminente. C’est une question de semaines." Selon les précisions de son cabinet, le texte a été envoyé à la cosignature chez les autres ministres compétents. Il devrait être publié pour le 15 septembre au plus tard et entrer en vigueur dix jours après. Donc pour fin septembre au plus tard.
"Moi, ce que j’aimerais bien maintenant, c’est qu’un travail soit produit sur les alternatives à l’usage du glyphosate, y compris pour les professionnels, poursuit-il. J’ai écrit un courrier en ce sens à la Région wallonne et aux autres Régions, mais je n’ai jamais eu de réponse. J’ai l’impression que tout le monde fait le gros dos. A mon niveau, j’ai entamé ce travail avec cinq autres pays européens (France, Luxembourg, Malte, Grèce et Slovénie). Et je vais financer des études pour la recherche d’alternatives." Une enveloppe permettant de lancer un appel à projets est ainsi prévue dans le cadre du budget 2019.
Débat belge et européen
Cela dit, l’enjeu du glyphosate est éminemment européen. Les différents gouvernements belges avaient décidé de renvoyer la question de l’interdiction du produit pour les professionnels (agriculteurs et jardiniers) à ce niveau afin d’éviter une distorsion de concurrence avec les pays voisins.
En novembre 2017, les Etats membres de l’Union avaient finalement prolongé, après d’âpres négociations, l’autorisation du glyphosate pour cinq nouvelles années. La Belgique, avec huit autres pays, s’y était opposée. Denis Ducarme avait plaidé pour une interdiction progressive en trois ans (un "phasing out"), mais sans succès. Aujourd’hui, il rejoint le ministre wallon de l’Environnement pour demander une réouverture du débat en regard des éléments nouveaux apportés par la décision récente d’un tribunal américain selon laquelle le Roundup, conçu par la firme Monsanto, est bien cancérigène.
Ducarme écrit à la Commission
"Ce procès est un bon signal, juge M. Ducarme. A la lumière de la décision américaine, je plaide également pour que l’on se penche à nouveau sur le dossier. Je vais écrire à la Commission européenne pour que l’on puisse avoir une discussion sur la réouverture du débat."
Quant à la réussite de la démarche, c’est un autre problème… Les Etats européens avaient été à couteaux tirés pendant plusieurs mois sur la question de l’interdiction du glyphosate. Beaucoup seront sans doute frileux à l’idée d’en reparler si vite. En marge de son interview à "La Libre", Carlo Di Antonio estimait tout de même que l’entreprise était possible. "D’après les échos que j’ai, il y a d’autres ministres de l’Environnement qui ont la même idée à travers l’Europe", avait-il confié. On jugera sur piè