Le débat se tend autour des clandestins aux Etats-Unis

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Le débat se tend autour des clandestins aux Etats-Unis
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Promesse d'expulser des "millions" de sans-papiers contre dénonciation de "camps de concentration": Donald Trump et une élue démocrate étaient vivement critiqués mardi pour des propos enflammés sur l'immigration, perçus comme un avant-goût des débats de la présidentielle de 2020.

La police migratoire commencera la semaine prochaine "à expulser les millions d'étrangers illégaux" présents aux Etats-Unis, a annoncé lundi soir le président républicain sans donner plus de détails.

"Ils seront expulsés dès leur arrivée", a-t-il ajouté dans un tweet, à la veille du lancement de sa campagne de réélection.

L'opposition démocrate l'a immédiatement accusé de tenir des propos "xénophobes".

"Le président lance aujourd'hui sa campagne pour 2020 comme il l'avait fait en 2016: en crachant des mensonges racistes et en instillant la peur face aux migrants", a tancé l'ancien ministre démocrate Julian Castro, en lice pour les primaires de son parti.

"Les expulsions massives sont cruelles et violent nos valeurs", a ajouté la sénatrice Kamala Harris, autre prétendante à l'investiture démocrate.

Plus de 10,5 millions de sans-papiers sont installés aux Etats-Unis, selon des estimations de l'institut Pew. En 2018, la police aux frontières n'a procédé qu'à environ 250.000 expulsions.

Plusieurs voix se sont donc élevées pour demander comment les agents pourraient parvenir aux "millions" d'expulsions promises par Donald Trump.

"Cette annonce n'aura pas d'effet sur la crise à la frontière", a déclaré à l'AFP Jorge Loweree, du centre de recherche American Immigration Council. "C'est une bombe politique qui vise à créer la peur dans les communautés les plus vulnérables".

Le milliardaire républicain a fait de la lutte contre l'immigration illégale un des grands thèmes de sa campagne de 2016, promettant notamment d'ériger un mur le long de la frontière avec le Mexique.

Mais il peine à obtenir le financement pour ce mur et il n'a pas réussi à endiguer les flux migratoires qui se sont même accrus ces derniers mois.

"Fasciste"

En mai, plus de 144.000 migrants ont été arrêtés à la frontière sud, dont 57.000 mineurs, contre une moyenne de 20.000 interpellations par mois au début du mandat de Donald Trump.

Le Congrès finance 40.000 places dans des centres de rétention, mais c'est largement insuffisant. De nombreux migrants sont donc remis en liberté, allant gonfler le nombre des sans-papiers, ou sont détenus dans des structures surchargées.

L'étoile montante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a comparé lundi soir ces centres à des "camps de concentration", lors d'une intervention en direct sur Instagram.

"Une présidence qui crée des camps de concentration est fasciste", a encore assené la jeune élue du Congrès, s'attirant des réactions outrées chez les républicains.

"C'est une faute, Alexandria Ocasio-Cortez. Ce sont des mots dangereux et écoeurants qui portent atteinte aux millions de personnes tuées dans l'Holocauste", a tweeté le sénateur républicain Rick Scott.

"S'il vous plaît Alexandria Ocasio-Cortez, rendez-nous service et passez quelques minutes à réviser l'Histoire", a renchéri la représentante Liz Cheney, fille de l'ancien vice-président Dick Cheney. "Six millions de juifs ont été exterminés lors de l'Holocauste. Vous salissez leur mémoire et vous vous déshonorez avec ce type de commentaires".

La démocrate, très habituée aux joutes sur les réseaux sociaux, n'a pas tardé à contre-attaquer.

"A tous les républicains geignards qui ne connaissent pas la différence: les camps de concentration et les camps de la mort ne sont pas la même chose. Les camps de concentration sont considérés par les experts comme les lieux +de détention de masse de civils sans procès+ et c'est exactement ce que ce gouvernement fait+, a-t-elle écrit mardi matin sur Twitter.

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