Qui est Kyrsten Sinema, la première sénatrice de l'Arizona ?
- Publié le 14-11-2018 à 07h41
Dans une autre vie, Kyrsten Sinema, avocate de formation, avait dénoncé les méfaits du capitalisme et le règne du "Dollar tout-puissant".Kyrsten Sinema a finalement remporté son bras de fer avec Martha McSally pour le siège de sénateur laissé vacant par Jeff Flake en Arizona. C’est avec 49,7 % des suffrages, contre 48 % à son adversaire républicaine, soit 38 000 voix sur un total de 2,2 millions, qu’elle devient, à 42 ans, la première sénatrice de cet État conservateur du Sud-Ouest. Cela faisait par ailleurs trente ans que les Démocrates n’avaient plus gagné une élection sénatoriale en Arizona, où Bill Clinton et Barack Obama avaient tous deux triomphé à deux reprises. Cette victoire est d’importance car elle réduit la majorité des Républicains au Sénat : 51-47 désormais, dans l’attente des deux derniers résultats, en Floride et dans le Mississippi.
Mme Sinema est indéniablement un personnage atypique. Elle a bâti son image sur une enfance présentée comme difficile (la presse américaine a relevé des contradictions qui jettent un doute sur la réalité de certains faits comme les deux années que l’adolescente aurait passées avec sa famille dans une station-service désaffectée, sans eau courante ni électricité). Après avoir grandi dans la religion des mormons (et avoir étudié à l’Université Brigham Young dans l’Utah), elle est devenue un des rares parlementaires américains officiellement athées. Elle a milité dans le Parti vert et participé aux campagnes présidentielles de Ralph Nader avant de représenter, de 2013 à 2018, la 9e circonscription de l’Arizona et de passer pour un des élus démocrates les plus conservateurs. Elle est aussi le seul membre du Congrès bisexuel déclaré.
Kyrsten Sinema a pris une part active dans l’élaboration de la loi de réforme de l’assurance-maladie dite "Obamacare". Elle est pour l’avortement et pour un contrôle renforcé sur les ventes d’armes. Elle a néanmoins souvent épousé, à la Chambre, les positions de Donald Trump. C’est néanmoins à un opposant déterminé de ce dernier qu’elle a rendu un hommage appuyé, lundi soir, dans le discours saluant sa victoire : le défunt sénateur de l’Arizona John McCain, qui était à ses yeux l’un des rares à faire passer les intérêts du pays avant ceux du parti, et qui exhortait à forger des compromis plutôt qu’à semer la division.