La Ville de Bruxelles va ouvrir un centre pour les migrants

Jean-Claude Matgen

En annonçant la nouvelle, l’échevine Karine Lalieux (PS) a vivement critiqué l’inertie du fédéral et quelque peu égratigné la Région.
La Ville de Bruxelles va ouvrir un centre d’accueil et d’orientation pour les migrants, a annoncé, jeudi, sur BX1, l’échevine Karine Lalieux (PS). Le sujet sera abordé, lundi, au conseil communal. Ce centre devrait ouvrir ses portes dans les prochaines semaines, sans doute dans un bâtiment proche du Décathlon d’Evere. Selon la plate-forme citoyenne de soutien aux réfugiés, on n’en est actuellement qu’à un accord de principe et le centre, qui sera géré en partenariat avec des ONG, ne devrait ouvrir, au mieux, que le 30 octobre.

Le but est, en tout état de cause, de mettre fin à l’occupation problématique du parc Maximilien, dans le centre de Bruxelles, par plusieurs centaines de migrants.

Si le problème s’était présenté à Anvers...

"Le travail que devrait accomplir le fédéral, avec l’aide de la Région de Bruxelles, il le laisse à la Ville, s’est scandalisée l’échevine. Les autres pouvoirs se moquent de ces hommes, de ces femmes qui sont là dans le désespoir et l’inhumanité totale." Mme Lalieux a visé nommément le Premier ministre Charles Michel (MR), le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) et le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), à qui elle a demandé de "prendre leurs responsabilités".

Interrogée par "La Libre", Karine Lalieux en a rajouté une couche. "La Ville a pris ses responsabilités parce que le fédéral n’a pas pris les siennes. La gestion et l’accueil des migrants relèvent du fédéral, pas de la Ville, qui a fait respecter l’ordre public et a assuré la salubrité du parc Maximilien. Notre souci a été de faire en sorte que le parc ne se transforme pas en jungle et d’agir pour que ses occupants, qui ont fui la violence, la guerre, les viols, puissent survivre dans des conditions convenables. Nous avons agi avec l’aide de citoyens qu’il faut remercier pour leur engagement. Nous avons mis des locaux à la disposition de Médecins du monde, installé des toilettes, mobilisé du personnel de nettoyage, fait appel à nos services de police. Pendant ce temps-là, le fédéral a fait preuve d’une inertie coupable, n’a apporté aucune réponse à un problème qu’il se devait pourtant de régler. Si un tel problème s’était posé à Anvers, cela ne se serait pas passé comme cela…" "Nous agissons, poursuit Mme Lalieux, parce que l’hiver est à nos portes et parce que nous tenions aussi à soulager les riverains du parc Maximilien."

Des chances de déclencher des demandes d’asile

L’échevine estime, par ailleurs, que des migrants devraient demander l’asile. "Les ONG pourront s’occuper d’eux dans des locaux où régnera une sérénité absente du parc. Elles auront l’occasion de leur donner une information qui était jusqu’à présent très difficile à leur fournir et iI y a des chances que les migrants soient réceptifs au discours." Quand nous lui faisons remarquer qu’une telle démarche ira dans le sens des vœux, voire des exigences de Theo Francken, Mme Lalieux conclut : "Là encore, nous faisons le travail à sa place…" 

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