Brexit: face aux menaces d'une sortie chaotique de Londres, Bruxelles ne se laissera pas impressionner
- Publié le 21-08-2018 à 19h47
- Mis à jour le 21-08-2018 à 20h26
Londres se prépare à un “no deal”, mais l’Union et le Royaume-Uni intensifient les négociations.
Vu que les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne progressent à pas lent sur un chemin rempli de chausse-trappes, Londres se prépare à la perspective d’un Brexit désordonné. Le gouvernement britannique publiera ce jeudi un livre blanc qui présentera ses plans en cas de no deal. “Une des plus grandes menaces pour l’unité européenne serait un Brexit chaotique sans accord”, a averti le nouveau chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, lors d’un discours prononcé aux Etats-Unis devant l’US Institute of Peace, à Washington. La responsabilité d’un divorce fracassant reposerait sur les épaules de l’Union, répète-t-on à Londres, ces dernières semaines, et serait provoqué par l’intransigeance des Européens.
‘J’entends le débat qui se tient au Royaume-Uni à propos d’un no deal et je vois même se développer un jeu visant à rejeter la faute sur l’Union européenne. L’Union européenne ne se laissera pas impressionner” , a répliqué le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, mardi, à Bruxelles, à l’issue de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat britannique en charge de la sortie de l’Union, Dominic Raab. “J’ai dit dès le premier jour que le Brexit aurait des conséquences innombrables : humaines, sociales, économiques, financières techniques, juridiques… dont beaucoup ont sous-estimé le coût. Le Brexit le plus coûteux est le no deal. Ce n’est pas ce que nous souhaitons, et ce n’est pas sur quoi nous travaillons, mais d’un côté comme de l’autre, nous devons y être prêts”, a encore précisé le Monsieur Brexit de l’Union. "Nos actes parlent plus que nos paroles. Nous sommes là, je vois de nouveau Michel Barnier (...) la semaine prochaine", a tempéré Dominic Raab.
“Nous allons négocier en continu”
La perspective d’un Brexit désordonné ne peut pas être écartée, mais cela n’en reste pas moins le scénario que veulent éviter les deux parties. Aussi, Michel Barnier et Dominic Raab ont-ils convenu, mardi, à Bruxelles d’intensifier les négociations. “Nous entrons dans la phase finale”, a insisté M. Barnier. “Nous avons décidé de négocier en continu” (le rythme est actuellement d’une session toutes les deux semaines, NdlR) a annoncé le Français, précisant que M. Raab et lui se rencontreraient fréquemment pour faire le point.
Au cours de leurs discussions, les deux hommes ont abordé les principaux points de contentieux qui restent à régler. La question de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord est l’un d’eux. Les deux parties se sont engagées à faire en sorte que cette frontière reste ouverte, bien que le Royaume-Uni ait choisi de se retirer de l’Union douanière et du marché intérieur, mais n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente sur la façon d’y parvenir.
D’autres points de l’accord de retrait, notamment celui sur les appellations géographiques contrôlées, doivent encore faire l’objet d’un compromis. Mais pour Londres, il est également de première importance que l’accord de retrait soit complété par une déclaration politique sur la relation entre les deux parties après le Brexit, afin de donner un peu de visibilité, et de rassurer, les citoyens et les entreprises britanniques.
L’Union campe sur sa position
Si le chantier avance en ce qui concerne les affaires étrangères et les questions de sécurité, il progresse à pas lent en ce qui concerne l’économie. Oui, l’Union veut conclure avec le Royaume-Uni “un partenariat sans précédent”, ainsi qu’un vaste accord de libre-échange, a indiqué M. Barnier. Mais de l’autre côté de la Manche, on doit comprendre que pour y parvenir, les Vingt-sept ne changeront pas les règles du projet européen, ni celle du marché unique, a-t-il pointé. Et de déclarer, pour la énième fois : “Nous respectons la décision des Britanniques, mais c’est le Royaume-Uni qui part, pas l’Union européenne”.
Les négociations sur l’accord de retrait et sur la déclaration politique relative à la relation future doivent atterrir à l’automne, pour que le processus de ratification parlementaire, des deux côtés de la Manche, soit terminé avant la date effective de sortie du Royaume-Uni, le 30 mars 2019. “Si nous avons cette ambition, ce pragmatisme, cette énergie des deux côtés, je suis sûr que nous pouvons avoir un accord en octobre”, a avancé Dominic Raab. “Je ne peux pas dire octobre, ça peut être début novembre, mais ça ne sera pas beaucoup plus tard”, a précisé M. Barnier.