Le bourgmestre de Bruxelles rouvre la voie à une rénovation du stade Roi Baudouin
- Publié le 21-08-2018 à 20h15
- Mis à jour le 09-09-2018 à 16h42
Exit l’ère Mayeur. Un obstacle contractuel lié au projet Neo pourrait être franchi. Une issue est possible…
La réplique mayorale mérite d’être analysée. Ce mardi matin, sur les ondes de La Première, l’intervieweur Thomas Gadisseux lançait cette question au bourgmestre socialiste de la Ville de Bruxelles : “Va-t-on rénover le stade Roi Baudouin afin d’offrir un stade national aux Diables rouges ? Va-t-on retrouver de la détermination dans ce dossier ?” La réponse de Philippe Close : “Oui, c’est ce qu’il faut. Nous avions proposé une piste ensemble, Région et Ville de Bruxelles… Cela n’a malheureusement pas été possible”. Et de déclarer, texto : “Si le stade Roi Baudouin peut être rénové, je pense que c’est à présent au Premier ministre de prendre l’initiative de réunir tout le monde. La Ville de Bruxelles répondra présente à toute initiative positive dans ce dossier.”
Pour mémoire, le projet de construction d’un nouveau stade national sur le parking C du plateau du Heysel est tombé à l’eau. En janvier, le gouvernement flamand a en effet décidé de ne pas délivrer au constructeur Ghelamco le permis à la construction et à l’exploitation du stade national prévu sur ce fameux parking qui, rappelons-le, appartient à la Ville de Bruxelles, mais est situé en Flandre, sur le territoire de la commune de Grimbergen. Une ineptie, il faut bien le dire, quand on sait qu’un parti indépendantiste – la N-VA – est à la manœuvre au nord du pays et à l’échelon fédéral. De son côté, le promoteur Ghelamco a introduit un recours contre le refus de la Flandre de lui accorder son permis. Ce recours est toujours pendant.
La décision de la Région bruxelloise de construire le nouveau stade sur le parking C du Heysel a été prise en mai 2013. Il avait été alors décidé de démolir le stade Roi Baudouin, qui n’était plus aux normes et dont l’existence était “présumée” condamnée par le projet Neo (relatif au redéploiement immobilier du plateau du Heysel, NdlR). La dernière rénovation du stade Roi Baudouin date de 1996. C’était à l’époque du Premier ministre Jean-Luc Dehaene (CD&V). “Un plâtre sur une jambe de bois…”, regrette toutefois le libéral et premier échevin à la Ville de Bruxelles Alain Courtois.
Un Didier Reynders “sceptique”… dès 2014 Fin juin, en marge d’une mission princière en Argentine, le chef de file des libéraux bruxellois Didier Reynders avait relancé l’idée – tant de fois émise – de rénover le stade Roi Baudouin afin de tenter de sortir une bonne fois pour toutes de ce fiasco politico-sportif. En 2014, déjà, lors de la parution de son ouvrage intitulé “Bruxelles pour tous. Vaincre la fracture”, le vice-Premier émettait ainsi tout son “scepticisme” quant à la construction “d’un stade bruxellois”… en territoire flamand. “Nous avons déjà un stade, qui a l’avantage intéressant de se trouver à Bruxelles. Même si je ne suis pas opposé à la construction d’un autre stade, je ne perçois pas bien la plus-value de son déplacement et ne suis pas encore convaincu par les projets actuellement sur la table”, écrivait-il en 2014.
De son côté, le PS bruxellois – Yvan Mayeur en tête – s’était jadis farouchement opposé à la rénovation du stade Roi Baudouin, arguant que celle-ci, couplée à un usage intensif du stade, torpillerait le projet Neo. Un match d’Anderlecht tous les quinze jours – et l’affluence que cela suppose – perturberait les activités commerciales de Neo, estimait-on alors. Par ailleurs, martèle aujourd’hui une source proche du dossier, “le contrat signé par Unibail-Rodamco, le promoteur du projet Neo, ne permet pas l’accueil d’un club résident dans le stade. C’est écrit noir sur banc !” L’accueil d’un tel club dans l’enceinte du stade est pourtant indispensable à la rentabilité de tout projet. Raison pour laquelle le PS bruxellois avait écarté de facto la piste d’une rénovation du Baudouin.
Pas de demande officielle ni formelle au fédéral Aujourd’hui, en témoignent les propos tenus mardi matin par Philippe Close, il semblerait que les choses évoluent. L’obstacle contractuel précité relatif aux relations entre Neo et Unibail ne serait pas infranchissable, nous confie-t-on.
Enfin, reste la question du financement, s’il devait s’avérer public : la Ville de Bruxelles, qui est propriétaire du stade Roi Baudouin, n’a pas des centaines de millions d’euros à débourser dans l’affaire. Par voie de presse, le libéral Alain Courtois en avait jadis appelé à une prise de responsabilité dans le chef du fédéral, et donc de Charles Michel.
Formellement, aucune demande à ce sujet n’aurait été introduite auprès du fédéral. Pas plus que via le Comité de concertation, qui réunit le gouvernement fédéral et les exécutifs fédérés… En atteste l’intégralité de ses ordres du jour. Alice Dive