Le marché transatlantique fait piquer du nez les compagnies low cost
- Publié le 26-03-2019 à 10h36
- Mis à jour le 29-03-2019 à 15h06
Les compagnies nordiques low cost Wow Air et Norwegian piquent sérieusement du nez.
Ce serait une petite catastrophe pour l’Islande : la compagnie low cost Wow Air est au bord de la faillite et si elle devait sombrer, elle entraînerait avec elle une baisse du PIB du pays de 3 % , la chute de la couronne et une hausse de l’inflation. C’est du moins ce qu’a anticipé le gouvernement islandais. Car l’avenir est plus qu’incertain pour la compagnie qui transporte actuellement plus d’un tiers des voyageurs en Islande. Les négociations pour une reprise de la compagnie à bas prix par sa concurrente Icelandair ou par le fonds d’investissement Indigo Partners ont ainsi toutes échoué. Wow Air, qui n’a désormais plus aucun investisseur pour espérer un redressement, entend maintenant restructurer sa dette pour se sauver.
Proposant des vols depuis Bruxelles vers l’Islande et les États-Unis (via Reykjavik), le transporteur prie pour ne pas suivre le chemin de sa consœur danoise, Primera Air, qui a cloué définitivement tous ses avions au sol en octobre dernier.
Le vent du nord n’est décidément pas porteur dans l’aérien pour le moment puisque la compagnie Norwegian, durement frappée par l’interdiction de vol des Boeing 737 Max qu’elle a été la première à exploiter en Europe, suscite aussi toutes les inquiétudes. En difficulté financière, la 3e compagnie à bas prix européenne derrière Ryanair et easyJet, ploie sous une dette extrêmement élevée (3,1 milliards d’euros).
Autre coup dur : le transporteur norvégien, qui a perdu plus de 70 % de sa valeur boursière depuis trois mois, a suspendu ce lundi la vente de six Boeing plus anciens, sur laquelle elle comptait pour améliorer ses finances. Vu l’immobilisation forcée de ses 18 Boeing Max, Norwegian a ainsi besoin de ses "anciens" avions pour pouvoir continuer à opérer normalement. La compagnie se prépare à louer des avions avec des équipages pour combler le manque de capacité restant. Norwegian compte aussi faire payer la facture de l’immobilisation de ses Max (suite aux deux catastrophes impliquant ce type d’appareil survenues récemment en Indonésie et en Éthiopie) par Boeing.
Du low cost vers les États-Unis : mission impossible ?
En s’attaquant toutes trois aux vols transatlantiques à bas prix, Wow Air, Norwegian et la défunte Primera Air ont-elles été trop ambitieuses ? Les trois compagnies ont connu une croissance fulgurante en termes de passagers transportés sans jamais trouver le chemin de la rentabilité. Elles ne sont pas les premières à se casser les dents sur ce marché des vols à bas prix entre l’Europe et l’Amérique du Nord où les recettes du low cost (une rotation rapide des avions et du personnel) sont plus difficiles à appliquer que sur les vols continentaux.
Wow Air, qui vise toujours 10 % de l’ensemble du marché transatlantique d’ici 2020, pensait avoir trouvé une solution rentable en proposant une escale à Reykjavik entre les deux continents. Ce qui permet à la compagnie d’utiliser de plus petits avions, moins énergivores et plus faciles à remplir. Certains surnomment d’ailleurs déjà le petit aéroport de Keflavík, à 50 km de Reykjavik, la "petite Dubaï du nord" pour son rôle de "hub" entre l’Europe et les USA. L’aéroport a accueilli 8,5 millions de passagers, la très large majorité n’étant qu’en transit, en 2017, soit cinq fois plus qu’il y a huit ans. Un résultat assez incroyable quand on sait que l’Islande ne compte que 340 000 habitants. Mais c’est désormais ce "hub" qui est en danger suite à la mauvaise passe de Wow Air.
Rien ne va plus pour Jet Airways
Les créanciers de Jet Airways, au bord de la faillite, ont repris en main lundi la deuxième compagnie aérienne indienne en montant à son capital et en poussant son fondateur et président hors du conseil d’administration. Symbolique pour avoir été la première compagnie aérienne privée créée en Inde, Jet Airways traverse actuellement de violentes turbulences, lestée par une dette de plus d’un milliard de dollars, et menace de s’écraser. La société, qui emploie plus de 20 000 personnes, n’a plus qu’un quart de sa flotte de 119 appareils encore en activité. Ses autres avions sont cloués au sol, leurs échéances de crédit-bail n’ayant pas été réglées.
Elle a annulé des centaines de vols ces derniers jours, laissant des milliers de passagers sur le carreau. Des pilotes menacent aussi de faire grève si leurs salaires ne sont pas payés. Dans ce contexte de crise, le fondateur et président de la compagnie aérienne, Naresh Goyal, a démissionné lundi de la présidence du conseil d’administration, a annoncé la société.