Evitez de parler trop vite d'hyperactivité. Voici un nouveau site belge pour vous guider dans un trajet de soins adapté

Laurence Dardenne

Je suspecte un TDA/H (NdlR : trouble déficitaire ou du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité” : A ce stade, veillez à ne pas parler trop vite de TDA/H. Utilisez de préférence les termes qui décrivent les difficultés tels que : “difficultés d’attention”, agitation et/ou impulsivité”. Voici les premières lignes que l’on peut lire sur le tout nouveau site “Trajet de soins TDA/H” (www.trajet-tdah.be), que lance, ce vendredi, le SPF Santé publique, dans le cadre d’une journée d’étude sur le sujet. Un sujet très actuel quand on sait que le TDA/H toucherait environ 5 % des enfants et 3 % des adultes, ce qui le classe parmi les troubles neurodéveloppementaux les plus fréquents. Une fréquence qui impose, plus que jamais, de s’entendre entre professionnels de la santé mais aussi parents, patients ou enseignants, sur le trajet de soins le plus approprié.

C’est précisément la raison d’être de ce site qui s’adresse, dans un langage très accessible, à toutes les personnes concernées par cette problématique. Car, comme le souligne la ministre de la Santé publique, Maggie De Block, “les troubles de l’attention tels que le TDA/H ne se résolvent pas avec ‘juste une pilule’. Les médicaments peuvent parfois faire partie du traitement mais au sein d’un plan de soins plus large.”

Un traitement approprié de TDA/H repose en effet sur différents piliers ; les approches psychoéducative et comportementale s’avérant cruciales.

Un site pour aider à faire le bon choix

Se basant sur les directives scientifiques nationales et internationales concernant l’approche du TDA/H et sur leurs expériences de pratique, dans le cadre d’un projet pilote financé par la ministre De Block, onze experts du TDA/H (un par réseau "soins de santé mentale pour enfants et adolescents") ont ainsi élaboré un trajet de soins adapté, qui cadre avec la nouvelle politique concernant les soins de santé mentale pour enfants et adolescents, pour ensuite développer ce site. “Il est à présent accessible à toutes les personnes qui sont en contact avec des enfants et des adolescents atteints du TDAH, a annoncé la ministre fédérale de la Santé. Parce qu’une information claire et objective peut les aider à faire les bons choix”.

Si l’utilisation de médicaments dans le traitement de ces troubles est “parfois indiquée, mais pas systématiquement et toujours dans le cadre d’un plan de traitement plus large”, souligne encore le ministère de la Santé, on constate qu’à présent, certains enfants, adolescents et jeunes adultes souffrant de TDAH ou de TDA se font prescrire des psychostimulants inutiles alors que des risques pour la santé y sont associés.

Depuis 2005, on observe en effet une nette augmentation des prescriptions de psychostimulants pour le traitement du TDAH ou TDA : de 1,5 million de DDD (doses quotidiennes définies) de méthylphénidate délivrées en 2005 auprès d’enfants ou d’adolescents de 0 à 18 ans, on est passé à presque 5 millions de DDD en 2017 ! A contrario, d’autres ne reçoivent aucun médicament alors qu’ils devraient en bénéficier. D’où l’intérêt d’une bonne information.

3 questions à...

Dominique Potelle, neuropsychologue, agent de liaison TDA/H - scolarité, réseau Archipel pour la province du Brabant wallon.
1. Quel est l'objectif premier de cette initiative?

Nous avons surtout voulu essayer d'éviter les informations contradictoires. Car lorsque l'on cherche des informations sur Internet, cela va un peu dans tous les sens. Avec ce trajet de soins, notre souci a été de donner des informations non contradictoires et d'unifier les pratiques qui ont cours dans toute la Belgique. Même si l'on se trouve dans un petit pays, on observe que, par exemple, les taux de prescriptions des médicaments ou les pratiques varient fortement d'une province à l'autre. Nous nous sommes donc réunis, à raison d'un expert par province, pour réaliser ce travail, dont le site est le fruit. Nous recommandons des lignes de conduite de base tout en donnant un éventail de possibilités afin d'être le plus exhaustif possible. Nous proposons ainsi plusieurs prises en charge sans affirmer que l'une est meilleure que l'autre.

2. Quel est le principal écueil à éviter?

Nous voulons à tout prix essayer d'éviter que la prise de décision par rapport à un diagnostic de TDA/H et à une médication soit quelque chose de trop rapide. Nous conseillons vraiment pour le diagnostic de passer par un médecin spécialiste (pédopsychiatre, neuropédiatre ou pédiatre spécialisé dans ce domaine), qui travaille avec une équipe pluridisciplinaire.

3. Vous avez voulu un site qui soit accessible au plus grand nombre?

En effet, tant les médecins traitants ou spécialistes, que les parents, les patients adultes, les enseignants, les éducateurs, les psychologues doivent pouvoir y trouver les réponses à leurs questions sur ces troubles.

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