Un journaliste filme un contrôle musclé de la RATP et se fait violemment agresser par les agents: son récit fait froid dans le dos
- Publié le 21-11-2017 à 16h18
- Mis à jour le 21-11-2017 à 16h28
Vendredi 17 novembre dernier Raphaël Godechot, un journaliste qui collabore notamment avec StreetPress, a été agressé par des agents de la RATP. Son témoignage fait froid dans le dos et prouve qu'il ne faut pas aller bien loin pour voir que la liberté de la presse est bafouée. Il est aux alentours de 22 heures. Accompagné de son ami Dorian, Raphaël arrive à la sortie de la station Denfert Rochereau où une dizaine d'agents RATP procèdent au contrôle des titres de transport des passagers. Comme tout le monde, il est contrôlé. Pour lui, tout est en ordre ce qui n'est pas le cas pour son ami qui doit s'acquitter d'une amende de 50 euros.
Son regard se porte alors sur un homme qui n'a pas de papiers et qui est encerclé par trois agents. La voix tremblante et parlant une langue étrangère, la personne contrôlée semble apeurée. "L’attitude agressive des agents, la façon dont ils ont de le tenir à l’écart dans un coin n’est pas rassurante", décrit Raphaël. Le journaliste prend alors la décision de sortir son GSM. "Je décide de filmer l’interpellation. Si ça dérape, il y aura quelque chose à montrer. Je sors ma carte de presse, prêt à la signaler si besoin."
Là, tout dérape rapidement. "Immédiatement une agent en civil – elle n’a même pas le brassard "sécurité" – s’approche de moi, me pousse, me met des coups, me pince et me tape dans le bas du ventre pour me faire reculer, afin de m’éloigner de la scène." Raphaël Godechot montre sa carte de presse, signifie qu'il a le droit de filmer mais les menaces et les gestes violents se multiplient. "Toute la troupe me menace pour que j’arrête.'Il n’y a pas de liberté de la presse ! On va appeler les flics', disent-ils. Je réponds : "Tant mieux appelez-les, j’ai le droit de filmer'."
Soudainement, le journaliste demande le GSM de son ami puisque le sien n'a plus d'espace pour poursuivre l'enregistrement. "Rapidement, je sens un bras qui sert violemment mon cou. Un contrôleur m’étrangle par derrière. Il est costaud. J’ai mal. Je ne peux plus respirer. Il essaye de me mettre au sol. Je ne me débats pas. Je me dis que ça ne peut qu’envenimer la situation. Je me dis que si le mec est assez fou pour m’étrangler, mieux vaut ne pas le chercher. Il me donne des coups de pied et de genoux dans la jambe. Je finis par tomber, avec ma carte de presse dans la main. Elle se casse."
"Je me relève, sous le choc, je ne sais pas quoi faire. Faut pas que je me taise, que je me dégonfle. Je ne dois pas montrer qu’ils m’ont fait peur. J’interpelle les passants et leur demande de filmer mon agresseur." Malheureusement, les gens passent leur chemin et ne veulent pas s'immiscer dans la discorde. "Là je réalise: je n’ai plus le portable de Dorian. Un des contrôleurs a dû me le prendre pendant que le colosse m’étranglait. 'Vous n’avez plus rien' me dit-il en me regardant droit dans les yeux."
Finalement, après de longues minutes d'attente et de discussions, l'un des contrôleurs lui tend sa machine à verbaliser en lui demandant de signer une amende de 110 euros pour "trouble de la tranquillité". Le journaliste refuse mais reçoit un reçu avec le mention "Refus de signer" dessus. "C’est pas plus mal, ça me fera une preuve, il y a l’heure dessus, 22h18. La scène a duré à peine 20 minutes, pourtant j’ai l’impression que ça a duré une heure. Mais au fait… l’homme qu’ils contrôlaient, qui n’avait pas ses papiers ? Il n’est plus là, ils ont fini par le lâcher. Ça, c’est la bonne nouvelle de la soirée. Je suis soulagé."
Le lendemain, Raphaël Godechot ira faire constater ses blessures et recevra 3 jours d'incapacité totale de travail. Il décidera de porter plainte au commissariat de Palaiseau en compagnie de son avocate pour violences aggravées.