Quand faut-il avoir recours aux somnifères et aux calmants?
- Publié le 01-02-2018 à 12h23
- Mis à jour le 01-02-2018 à 17h21
Avec plus de 1,25 million de doses unitaires de benzodiazépines délivrées chaque jour, la Belgique est championne en matière de consommation de somnifères et de calmants. Leur utilisation est beaucoup plus élevée que les besoins réels. Raison pour laquelle, comme il en va de l'usage abusif et dangereux des antibiotiques, une campagne a été lancée ce jeudi matin par la ministre de la Santé publique, Maggie De Block.
Sous le slogan "Somnifères et calmants, pensez d’abord aux autres solutions", elle vise à sensibiliser les prestataires de soins et leurs patients aux risques liés aux calmants et aux somnifères, ainsi qu'à promouvoir des alternatives plus saines.
"Une alimentation saine, suffisamment d'exercice, des habitudes de sommeil régulières, assez de détente et un rythme de travail équilibré: voilà les meilleurs remèdes contre les troubles du sommeil, le stress ou l'anxiété, a fait valoir la ministre de la Santé publique. Les somnifères et les calmants n'offrent pas de solution durable, ils agissent uniquement sur les symptômes. De plus, ils comportent d'importants risques, comme des problèmes de dépendance et de concentration. Avec cette campagne, nous voulons encourager les patients et les prestataires de soins à choisir une pilule moins rapidement et à investir du temps et des efforts dans une approche structurelle".
Quand avoir recours aux somnifères et aux calmants?
Les médicaments "peuvent être utiles pour certaines personnes, mais conjugués à un traitement non médicamenteux, à une dose limitée et contrôlée et ce pendant une période définie, précise la campagne. Malheureusement, de nombreux patients souffrant d'anxiété, de stress ou de troubles du sommeil utilisent ces médicaments comme seul traitement, et de surcroît à long terme. Cela comporte un risque important".
Faut-il le rappeler, les benzodiazépines, les calmants et somnifères les plus couramment utilisés, entraînent une accoutumance pouvant aller jusqu’à la dépendance. Après deux semaines seulement, on peut déjà devenir dépendant. Cette utilisation peut aussi entraîner de nombreux effets secondaires, tels que des problèmes de mémoire et de concentration, de la confusion, un risque accru de chutes chez les personnes âgées, etc. Bref, de quoi ne pas prendre ces substances à la légère.
Qui doit jouer un rôle?
Dans ce contexte, les médecins et les pharmaciens jouent un rôle crucial dans la sensibilisation, l'information, la motivation et l'accompagnement des patients souffrant de troubles du sommeil, d'anxiété ou de stress. Aussi le Service Public Fédéral Santé publique lance-t-il cette campagne à la demande de la ministre De Block.
L'objectif est double: d'une part, réduire la consommation de somnifères et de calmants dans notre pays et, d'autre part, aider les prestataires de soins à guider leurs patients vers une approche à long terme des troubles du sommeil, de l'anxiété et du stress.
Pour cela, différents outils ont été développés pour les professionnels de la santé :
une plateforme d’aide en ligne pour les médecins et les pharmaciens, qui comporte de nombreux conseils, des outils pratiques sur l’utilisation correcte des somnifères et calmants et explique comment intervenir lors d’un sevrage ;
Et le patient dans tout ça?
"Les patients ont également un rôle important à jouer, soulignenet les instigateurs de la campagne. Ils doivent être prêts à investir suffisamment de temps et d'énergie dans une approche non médicamenteuse des troubles du sommeil, de stress ou d'anxiété et à demander des médicaments moins rapidement".
Afin d'attirer leur attention sur l'importance d'une approche non médicamenteuse et sur les risques liés aux somnifères et aux calmants, des brochures et affiches ont été élaborées et distribuées dans les salles d'attente des médecins généralistes, des pharmacies et des hôpitaux.Quant aux médecins généralistes et pharmaciens ainsi que toutes les directions d’hôpitaux, ils recevront une lettre avec le matériel de la campagne dans les prochains jours.
En chiffres
Selon l’enquête de santé 2013 de l’Institut Scientifique de Santé Publique, 13% de la population de plus de 15 ans a consommé un somnifère ou un calmant au cours des 2 semaines qui ont précédé l’interview. Ce pourcentage augmente encore avec l’âge. Ainsi, chez les personnes âgées de 75 ans et plus, ce taux est d’environ 40% chez les femmes et 26% chez les hommes.
Toutes les informations sont disponibles sur le site www.somniferesetcalmants.be.