Je reprends pour diffusion sur toutes nos pages, le superbe message de l’adjt Luc Manguette (G14829). Il rend hommage à son oncle le 1er MDL Georges GOGUIN né le 1er avril 1919 et qui vient donc de fêter en maison de repos, ses 103 ans. Georges a été pensionné le 1er juillet 1975 à la Bde de LIERNEUX. Il avait le matricule 40 24128 83. Merci à notre collègue Francis Knubben pour la photo réalisée hier. Tous nos respects à notre ancien collègue Georges GOGUIN. J’espère en 2023, 2024 et encore d’autres années reparler de cet ancien gendarme qui est peut-être, mais ce n’est pas facile à certifier, le plus ancien gendarme encore en vie.
Honneur à mon oncle Georges !
C’est ce 1er avril r que Georges Goguin, mon oncle,a fêté son 103e anniversaire.
Toujours bon pied bon œil, mon oncle Georges, ancien gendarme, est encore aujourd’hui un grand passeur de mémoire. Si certains de nos collègues sont honorés, on oublie encore souvent nos collègues toujours vivants qui se sont distingués durant la guerre 40-45.
J’ai envie aujourd’hui de rappeler son formidable parcours effectué par Georges à travers le siècle écoulé.
Né à Rulles, le 1er avril 1919 ; c’est à Marbehan qu’il passe son enfance et son adolescence. A 16 ans, on commençait tôt sa carrière professionnelle en ce temps-là, il est apprenti boucher dans une boucherie réputée d’Arlon. Il ne la quittera que le jour de son incorporation, le 15 avril 1938, à la 4e Compagnie des Engins du 2e régiment des Chasseurs Ardennais à Bastogne. Son excellente vue, il l’a gardée, en fera un tireur d’élite. Il occupera ensuite la responsabilité d’armurier de sa compagnie.
Il retrouve la vie civile au printemps 1939 mais ce sera de courte durée puisque, dès le 26 août de la même année, il est rappelé et mobilisé au sein de la 9e Compagnie du 5e Régiment des Chasseurs Ardennais à Seilles. Avec sa compagnie, il gagnera les fortifications protégeant la Meuse à Bas-Oha.
Il fera toute la campagne des 18 jours, vécut le drame de Temploux, échappa de peu à la mort et sera blessé au bras par un éclat d’obus. D’abord soigné à Torhout dans un poste de la Croix-Rouge; ensuite, après la capitulation de la Belgique, il sera forcé par les Allemands à rejoindre une colonne de prisonniers prenant la direction de l’Allemagne. Après le premier jour de marche, profitant de la tombée de la nuit, Georges s’échappe en compagnie d’un ami. Tout à fait épuisés, ils décident de s’arrêter dans une ferme pour dormir un peu mais sont surpris par une sentinelle allemande: «Halte» leur crie-t-on, pleins d’à-propos, ils répondent «Kamarade!» et, s’aidant de gestes, indiquent leur intention de se reposer. Le soldat ennemi les conduira vers une écurie où ils trouvent une petite place pour s’allonger. A leur réveil, une surprise désagréable les attend, l’écurie est remplie de soldats allemands… Sans demander leur reste, Georges et son ami prennent la poudre d’escampette et «empruntent» une moto à l’ennemi. Pas de chance, à peine un kilomètre plus loin, la moto tombe en panne d’essence!
Ils seront repris et embarqués dans un wagon à marchandise vers Zagan, près de Gorlitz en Pologne, stalag VIIIC. Peu de temps après, ils seront transférés à Buchwald, à la frontière de la Tchécoslovaquie où il sera désigné pour travailler dans une ferme. Le travail y est pénible mais, heureusement, la nourriture est bonne. Durant sa captivité, Georges travaillera également comme mineur de fond à Hermsdorf, comme ouvrier de cokerie, comme équarrisseur dans un abattoir à Waldenburg puis comme boucher.
Le 4 mai 1945, les prisonniers constatent à leur réveil que leurs gardiens ont disparu et ils se libèrent eux-mêmes. Georges entame alors son long périple de retour qui le ramènera à Marbehan durant l’été 1945.
Georges sera ensuite gendarme à Corbion s/Semois et à Lierneux jusqu’à sa retraite, toujours active. Il y a peu de temps, il était encore dans les classes de l’école communale de Harzé pour transmettre ses souvenirs aux jeunes élèves qui lui rendent hommage chaque année.
Le parcours de Georges Goguin et son infatigable devoir de mémoire lui ont valu les plus hautes distinctions honorifiques et il a bien raison d’en être très fier!
Mon oncle un collègue malheureusement trop oublié !
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