Boekje dat toebehoorde aan G. De Raeve (vader van Eugène), frontsoldaat van december 1915 tot einde oorlog in 1918
Hierna
het hoofdstuk over de Gendarme beschreven door Majoor L. Tasnier in zijn
onderstaande boek, uitgegeven in 1919.
SILHOUETTES
DU FRONT BELGE & Notes dun Combattant
Yser
(1914-1918)
Par Le
Major l. TASNIER du 5e chasseurs à pied
(Veuve Ferdinand Larcier, Editeur, Bruxelles)
Le Gendarme
(Nieuwherberg Alveringhem)
A mon frére Gaston
Cest le type le plus distingué du front. Sa belle prestance naturelle est
doublée dune tenue avantageuse, puisque unique.
Cest aussi limage de la Belgique ancienne. Seul il a conservé luniforme
en drap noir, le souci de propreté méticuleuse et la dignité grave dans les
allures.
Il fait taché dans lhorizon khaki dont il limite le rayon. Le vrai front
ne commence-t-il pas au dernier gendarme?
Dire quil est essentiellement sympathique aux « jasses », serait une plaisanterie. Nest-il pas lagent
exécutif des multiples mesures prohibitives du commandement?
--- Cette auto
peut-elle aller plus loin?
Il oblige à
stopper
même si elle véhicule un grand chef qui parfois bougonne
--- Où
allez-vous, mon Commandant ?
--- Mais,
sacrebleu, je suis de la D.A. Jai bien le droit de me promener!
--- Pardon, mon
Commandant, je navais pas vu votre numéro sous votre « floche ».
Le gendarme sénerve à déchiffrer les signatures, les cachets que portent
les papiers des civils et des militaires. Son métier, croyez-le, nest pas
amusant.
Il doit subir maints quolibets. Pour avoir été, aux heures critiques,
lexécuteur fidèle de consignes rigoureuses, il est devenu le
« piotte-pakker », ce qui sécrit P.P. en orthographe militaire.
Parce quil est astreint aux longues stations en des points fixes, daucuns lui
trouvent une ressemblance avec les « mines flottantes ».
Trop longue serait lénumération de tous ses surnoms. On ne peut pas le dire
On lui envie sa propreté, ses belles guêtres, ses buffleteries reluisantes,
son képi, sa correction, sa discipline.
Dans une région qui avait le respect de Dieu et de lAutorité et la
conservé le gendarme jouit dun grand prestige. Le paysan lhéberge
volontiers. On laccueille à bras ouverts;
les jeunes filles ladmirent et lépousent. De ces unions naissent de
beaux et solides enfants dont le pays sera reconnaissant un jour.
Au fond, chacun ladmet volontiers, le gendarme et un brave homme, et, ce
qui vaut mieux, un homme brave. Aux heures tragiques daoût 1914, dans les
postes frontières, il fut le premier à représenter le Droit contre la barbare
félonie. Il a largement payé de sa personne en maintes occasions. Et parmi les
glorieux morts dont les tombes jalonnent le rude calvaire de larmée en
Belgique, plus dun lui appartient. Ils dorment, sans doute, leur dernier
sommeil depuis longtemps, mais nul ne pourrait les oublier
Type essentiellement national, le gendarme puise, dans les traditions de
son arme délite, la philosophie qui convient aux heures présentes. Et les
« jasses » ont beau dire, il sefforce quand même à ne pas être
« sans pitié ».