L'épave ((Italian Version: Il Relitto Umano (by Nanni Svampa) - 2004)) Composer(s): Georges Brassens First release by: Georges Brassens - 1966
J'en appelle à Bacchus! A Bacchus j'en appelle! Le tavernier du coin vient d'me la bailler belle De son établiss'ment j'étais l'meilleur pilier Quand j'eus bu tous mes sous, il me mit à la porte En disant: "Les poivrots, le diable les emporte!" Ça n'fait rien, il y a des bistrots bien singuliers...
Un certain va-nu-pieds qui passe et me trouve ivre Mort, croyant tout de bon que j'ai cessé de vivre (Vous auriez fait pareil), s'en prit à mes souliers Pauvre homme! vu l'état piteux de mes godasses Je dout' qu'il trouve avec son chemin de Damas-se Ça n'fait rien, il y a des passants bien singuliers...
Un étudiant miteux s'en prit à ma liquette Qui, à la faveur d'la nuit lui avait paru coquette Mais en plein jour ses yeux ont dû se dessiller Je l'plains de tout mon cur, pauvre enfant, s'il l'a mise Vu que, d'un homme heureux, c'était loin d'êtr' la ch'mise Ça n'fait rien, y a des étudiants bien singuliers...
La femm' d'un ouvrier s'en prit à ma culotte "Pas ça, madam', pas ça, mille et un coups de bottes Ont tant usé le fond que, si vous essayiez D'la mettre à votr' mari, bientôt, je vous en fiche Mon billet, il aurait du verglas sur les miches" Ça n'fait rien, il y a des ménages bien singuliers...
Et j'étais là, tout nu, sur le bord du trottoir-e Exhibant, malgré moi, mes humbles génitoires Une petit' vertu rentrant de travailler Elle qui, chaque soir, en voyait un' douzaine Courut dire aux agents: "J'ai vu que'qu' chos' d'obscène!" Ça n'fait rien, il y a des tapins bien singuliers...
Le r'présentant d'la loi vint, d'un pas débonnaire Sitôt qu'il m'aperçut il s'écria: "Tonnerre! On est en plein hiver et si vous vous geliez!" Et de peur que j'n'attrape une fluxion d'poitrine Le bougre, il me couvrit avec sa pèlerine Ça n'fait rien, il y a des flics bien singuliers...
Et depuis ce jour-là, moi, le fier, le bravache Moi, dont le cri de guerr' fut toujours "Mort aux vaches!" Plus une seule fois je n'ai pu le brailler J'essaye bien encor, mais ma langue honteuse Retombe lourdement dans ma bouche pâteuse Ça n'fait rien, nous vivons un temps bien singulier...
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