Max Elskamp (1862-1931) en Eugeen Van Mieghem (1875-1930): subliem maritiem. (houtsnede van Max Elskamp voor de bundel "chansons d'amures" (1923). De houtsnede werd echter al in 1914 gepubliceerd door Em.Van Heurck in "L' oeuvre des folkloristes Anversois")
Il était une fois Après ces villes et ces toits, Et près du ciel et des étoiles, De leau, du vent et puis des voiles Il était une fois : La mer. « Chansons damures » (1923) Liminaire.
De Nederlandse vertaling van Le Calvaire en La Rue Saint-Paul, die U in het eerste deel van deze blog kunt lezen, werd in 2007 reeds gepubliceerd in een tweetalige editie door vzw Eugeen Van Mieghem. Dit boek bevat tevens twaalf zwart krijt tekeningen van Eugeen Van Mieghem uit de periode 1900-1914. De uitgebreide commentaren erbij van Erwin Joos geven een spiegeling van het artistieke en culturele leven in Antwerpen in die periode.
De dichter Max Elskamp en de schilder Eugeen Van Mieghem behoorden niet tot dezelfde stand maar hun levens raakten elkaar in dezelfde tijd en stad. Ze woonden ook enige tijd in hetzelfde huis Sint-Paulusstraat 30: Max Elskamp de eerste acht jaren van zijn leven (1862-1870), Eugeen Van Mieghem de laatste acht jaren (1922-1930). De stichting Eugeen Van Mieghem bracht beide kunstenaars nu ook in één boek bijeen.
Eugeen Van Mieghem toont in zijn werk dezelfde schepen en havendokken die ook Elskamp fascineerden. En beiden vereeuwigden in hun werk hun innige liefde voor de mensen met wie ze intiem samenleefden. Max Elskamp selecteerde hiervoor de meest precieuze papiersoorten als Featherweight, Japans Shirinugui of Hollandse Van Gelder. Eugeen Van Mieghem gebruikte wegwerppapier en tekende op de achterkant van gebruikte haventelegrammen. Maar hun beider werk wordt gekoesterd in de schatkamers van vele musea. ( www.vanmieghemmuseum.com ). Maar artistiek werk wordt niet gemaakt om opgeborgen te worden in schatkamers, maar om gelezen en bekeken te worden.
Max Elskamp heeft, als geen ander in Vlaanderen, het leven op de Schelde beschreven met talent, liefde, precisie en maritieme kennis.
(Volgens dr. Vic Nachtergaele bevat
het Fonds Max Elskamp van de Koninklijke Bibliotheek een onuitgegeven
cahier met als titel : Folklore maritime flamand. (DBNL, 2011)
Zeven Maritieme Gedichten van Elskamp - "Etoile de la Mer" II en III uit "Salutations dont d'angèliques"(1893)
- "Pour l'oreille III" uit "En symbole vers l'apostolat"(1895)
- "Paysage" uit "Enluminures"(1898).
- "L' Aller": Het vertrek van een IJslandvaarder vanop de Antwerpse kade. (Chansons DAmures, 1923)
- "Dimanche Anglais" : Een brik zeilt op het Kanaal voor de rede van Dungeness op een zondag. ( Aegri Somnia, 1924)
- "Anabase" : Het vertrek in de maneschijn van een Stoomboot naar China. (Les Délectations Moroses, 1923)
« Salutations dont dangéliques » (1893) Etoile de la Mer II Et de vaisseaux, et de vaisseaux, Et de voiles, et tant de voiles, Mes pauvres yeux allez en eaux, Il en est plus quil nest détoiles ;
Et cependant je sais, jen sais Tant détoiles et que jai vues Au-dessus des toits de mes rues, Et que jai sues et que je sais ;
Mais des vaisseaux, il en est plus, Et jen sais tant qui sont partis Mais cest mon testament ici, Que de vaisseaux il en est plus ;
Et des vaisseaux vois les beaux Sur la mer, en robes de femmes, Allés suivant les oriflammes Au bout du ciel sombré dans leau,
Et de vaisseaux tant sur les eaux La mer semble un pays en toile, Mes pauvres yeux allez en eaux, Il en est plus quil nest détoiles.
III Car voici vos petits noms dailes, Les tartanes, les balancelles,
Voici trop petits vos noms deau Comme sappellent les oiseaux,
Dalors que bal de mer sapprête Pour vos grandes surs les goélettes
Et leurs cousines un peu feues Les frégates à guidons bleus.
Or, ce sont lors aussi vos voiles Les felouques en mal de toile,
Les grands trois-mâts vous lont volé Le vent, les grand trois-mâts carrés ;
Puis, balourds mais aussi bons bougres, Encor voici parler les lougres,
Affirmant quils viennent de Perse Aux douaniers, par la traverse ;
Mais cest mensonge et les semaques Complices lavoûront à Pâques,
Ou la Trinité, mais très loin Aux bons baleiniers de Baffin ;
Or, vous, peuple mien dâme et dailes, Ne mentez, allez vos chemins,
Les tartanes, les balancelles, Avec vos tout petits noms dailes.
« En Symbole vers L Apostolat » (1895) Pour loreille III Puis, toujours et plus près encor De la mer qui sest faite en or, Après les maisons les prairies Et les derniers arbres en vie,
Voici, par leurs noms de baptême, Au bout des fleuves qui les aiment,
Les plus douces nefs de mon port Toutes en chur et bord à bord.
Or, en leur fête, et pour louïe, Je vous salue, Anne-Marie,
Qui semblez porter des enfants Dans vos voiles toujours en blanc,
Et ce mest joie comme un cantique Denfin vous revoir lAngélique,
A mâts nus de pomme à la bande Et pourtant revenue dIslande.
Mais lors, ainsi que Gabrielle, Chantez haut vos voiles nouvelles
Et ne pleurez plus, Madeleine, Vos filets perdus à la traîne,
Puisquà tous il est pardonné, Même au vent, les baisers donnés,
Pour quen joie autant quen caresses, Ce soient tous les flots en liesse
Dans le concert où se complait Haute la mer à chanter Mai.
« Enluminures » (1898) Paysages VI Puis la mer monte Puis la mer monte Et vaisseaux, nefs, barques, bateaux ; Ohè ! ho ! Aux mats les voiles, les drapeaux ; Car la mer monte ;
Et bonne race Houlques, otters, botters, pinasses, Ohè ! ho ! Le pilote a mis son chapeau, Passez la passe.
Puis la mer monte, Et les femmes à leurs fuseaux, Ohè ! ho ! Les maris reviendront tantôt, Feu ! les fourneaux ;
Mais la mer monte, Et chalands au quai, bricks à leau, Ohè ! ho ! Toutes les lumières en haut, Car la nuit tombe. L'Aller (uit de bundel "Chansons D'Amures", 1923) Et maintenant voici quils partent, Et le fleuve là-bas tournant, Bas-bord amure, en lair qui arde, Soleil étant, malgré le vent, Avec leurs mains à tous levées, Et qui sagitent dans ladieu, Et voiles, en brise montée, Se disant blanches sous les cieux. Et maintenant voici quils vont Partances aux mâts descendues, Et sonde aussi de peur des bancs De sable blanc qui ne sont vus Que quand est basse la marée Et les flots eux, plus loin allés ; Et que cest brise en lair qui chante Et puis les voiles, et encor Les focs aussi, et dans leur for Vergues, agrès qui se tourmentent. Et puis voici quon les voit moins Peu à peu, parce quils séloignent, Derrière dunes qui sont au loin ; Et puis les voici qui se oignent A lhorizon de brumes bleues, Et quil nest plus que haut des mâts Avec leurs drapeaux que les yeux Voient au loin se dire là-bas. Or port alors où sonne lheure A carillons sur des airs gais, Les femmes sont là, et qui pleurent, Dans le vent lui, qui est monté ; Ils sont partis eux, les pêcheurs De cabillauds et de morues, Ils sont partis dans la douleur De leurs femmes de crainte émues, Car Dieu sait quand ils reviendront, Après des jours et dits en long, Avec leurs barques et chargées De plies, de morues, de saumons, Et celles qui les ont aimés Sen retournent vers leur maison. ("Chansons dAmures" (1923), La Seconde, II, LAller)
Dimanche Anglais (uit de bundel : "Aegri Somnia", 1924) Il fait dimanche Il fait dimanche Sur le canal bleu de la Manche, Et vent levé Soufflant grand-frais, Un brick anglais Court au plus près, Bâbord amures, voiles blanches, Dans le dimanche Dimanche anglais. Or soleil clair Et choses nettes, Côtes quon voit montées dans lair, Et sur leau verte Dire la terre, Falaises, plus loin Qui sachèvent Dans du gris-bleu, comme en les rêves Faits après vin Bu sur le tard, Lors nuées blanches Et qui saffaissent, On dirait danges pris divresse, A Dungeness Autour du phare. ("Aegri Somnia" (1924), Navigations, IV, Dimanche Anglais)
Anabase (uit de bundel : "Délectations Moroses", 1923) Et maintenant ici Cest un fleuve en la brume, Et un vapeur aussi Au bord du quai qui fume, Sa partance hissée Et dite en bleu et blanc, Dans le ciel vent levé Qui mord comme des dents, Et dans leurs longs manteaux Comme des draperies, Cest eux des pays chauds, Eux les marchands dAsie, Qui attendent linstant Du départ, le front nu, Avec leur tresse au vent, Ainsi quils sont venus. Mais maintenant voici Et quamarres larguées, Dans lair gris et glacé La sirène a vrombi, Et quavec un bruit sourd, Lhélice a commencé A battre les flots lourds Et séloignant du quai, Que le vapeur bondit Et dans la nuit sélance, Descendue la partance Et les feux de bords luis. Or lune dans le ciel En la fumée qui monte, Qui lui fait noires ailes Sur la mer quelle affronte, Et les flots haut qui crient Sous la proue qui les taille, Comme couteau rougi Entré dans les entrailles. Ce sont eux , ceux dAsie, Sur le pont et qui songent, En leurs robes sans plis Sur leur dos qui sallongent, Aux gains et aux profits Quils ont réalisés, Là-bas au port quitté Dont le phare au loin luit, Et le sourire aux dents, Et bourses dor remplies, Sen vont vers leur pays Sous la lune en croissant. ("Les Délectations Moroses" (1923) , Chez les Marchands dAsie, XI , Anabase )
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