C’est avec tristesse qu’est annoncé le décès de notre ancien collègue MILLET Oscar Né le 30 mars 1914 et décédé le 18 septembre 2015 (101 ans)
Sincères condoléances à la famille et aux proches
Il y a des centenaires qui sont plus que des centenaires. Des hommes et des femmes qui, pressentant qu’un jour ils ne seront plus de ce monde, tiennent à partir la tête haute et la conscience allégée.
Oscar Millet, décédé à Wavre à l’âge de 101 ans - ses funérailles ont lieu ce mercredi à 10h en l’église de Blocry à Ottignies - était sans conteste de cette trempe-là…
Mêlé bien malgré lui au terrible dénouement de la Question royale fin juillet 1950 lors des tragiques événements de Grâce-Berleur, il estimait avant de partir au royaume des ombres et au terme d’une vie bien remplie devoir ouvrir son cœur sur la réalité de ces événements que certains médias ont toujours travesti alors que les éléments judiciaires plaidaient en faveur de sa version des faits.
Un témoignage fort
L’auteur de ces lignes avait été contacté par un moine de Clerlande qui servit d’intermédiaire pour une rencontre très humaine fin 2010. D’emblée nous avions perçu qu’Oscar Millet ne tenait pas à se créer une légende mais au contraire, à remettre les pendules à l’heure. Son témoignage paru dans "La Libre" début janvier 2011 ne souffrit nulle contestation d’historiens ou de syndicalistes…
L’adjudant en retraite Oscar Millet vivait depuis 60 ans avec le souvenir très difficile de ces événements. Il s’en ouvrit dès lors à "La Libre".
En fait, il se retrouva en première ligne à Grâce-Berleur ce dimanche-là. Un meeting s’y déroulait alors que tout rassemblement de plus de cinq personnes avait été interdit suite aux tensions survenues après le retour de Léopold III. Dès leur arrivée sur place, les gendarmes avaient immédiatement été encerclés. Oscar Millet tenta de calmer le jeu mais en se rapprochant de l’organisateur du meeting, ses supporters se précipitèrent sur lui.
C’est alors que les événements prirent la tournure que l’on sait avec la mort de trois manifestants suivie plus tard d’un 4e décès dans leurs rangs.
Oscar Millet fut convoqué devant la chambre des mises en accusation : "Nous faisions office d’inculpés alors que ceux qui avaient provoqué les incidents n’étaient pas présents. Lorsque le président de la chambre m’a demandé quelle était ma responsabilité, j’ai répondu que je l’assumais totalement pour moi mais aussi pour ma section. Ce n’est qu’après que j’ai appris que la partie adverse voulait nous traduire devant la cour d’assises. L’enquête poursuivit son cours et se termina par un non-lieu, le 23 juin 1955. Dans la foulée, les gendarmes se virent aussi restituer leurs armes de service. Mais ces événements poursuivirent Oscar Millet.
Il avait fait la campagne des 18 jours en 1940 et, du côté d’Ingelmunster, avait déjà dû tirer sur les Allemands. "Pourtant", nous confia-t-il ému, "je suis contre la guerre car c’est la plus grande des stupidités". Il nous avait encore dit que s’il sortait de l’anonymat, "c’est parce que tout le monde n’a pas toujours été honnête dans la reconstitution des faits. Il y a eu des reportages très tendancieux qui nous ont donné un très mauvais rôle. Je puis vous affirmer qu’on n’a jamais tiré dans le dos des manifestants comme certains l’ont prétendu. Et à Grâce-Berleur, nous étions vraiment en état de légitime défense"
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