Régine Deforges : Le cahier volé
Ik las toevallig "Le cahier volé" van de Franse schrijfster Régine Deforges. Zij: jaargang 1935. Het boek: 1978. Dus een boek van iemand die al een zekere levenservaring heeft.
Ik zou daar niets over schrijven indien ik daarin niet heel wat vanuit mijn jeugd heb teruggevonden. Wel niet zo romanesk zoals in de roman, en ook minder uitgesproken, maar het weerspiegelt veel van de manier van leven van voor het fameuze jaar 1968.
Daartegen komt de schrijfster in opstand. Weliswaar gezien door de bril van een 15-jarige bakvis met veel karakter.
De schrijfster en ik zijn ongeveer even oud. En niettegenstaande dat de jaren van meer dan een halve eeuw over mij heengegaan zijn, mij beschadigd en vaak gedesillusioneerd hebben, is er veel van die verontwaardiging en opstandigheid tegenover vroegere provinciale kleinheid in mij blijven sudderen.
In vele anderen ook, meen ik.
Dikwijls legde men ons het zwijgen op met een flinke oorvijg, letterlijk of figuurlijk...
Hier volgen enkele passages uit haar boek. Lees en oordeel:
1/ Nous échafaudons les plans les plus compliqués, les moins réalistes, nous partons en guerre contre la société, les bourgeois, les prêtres, les vieux. Nous donnons l'assaut à tous les préjugés, à toutes les sottises, nous foulons aux pieds la morale conventionnelle de la province, à bas tous les tabous, l'intolérance, les petitesses d'esprit! Nous sommes les plus beaux, les plus forts, les plus généreux, rien ne nous résistera.
2/ Et maintenant que je grandis, je vois les adultes, nos modèles, je me dis que non, non et non je ne dois pas leur ressembler. D'abord, ils sont trop laids. Laids de leur complaisance envers eux-mêmes, de leur servilité envers les lois et ceux qui détiennent des pouvoirs, pourtant dérisoires, dans ce coin du Poitou. Ils vivent dans la crainte de choquer, d'être jugés: "Que va-t-on penser de nous? et: "Que vont dire les gens?" sont des phrases que j'ai entendues le plus souvent autour de moi. Ils n'ont aucune liberté.
3/ Les bigotes s'en mêlent, elles parlent de se rendre en délégation chez l'archiprêtre, chez les bonnes soeurs de l'Institution. Elles vont jusqu'à dire que pour t'empêcher de nuire, c'est la maison de redressement qu'il te faut, ou mieux, la prison.
Je suis atterrée. Tant de haine! Je revois ces bonnes femmes à la messe se tournant vers la porte chaque fois que celle-ci s'ouvre et se penchant les unes vers les autres pour commenter la toilette de la nouvelle venue, ou la présence de telle autre. Leurs airs inspirés quand elle vont communier. L'ostentation qu'elles mettent dans les gestes de la prière. Leurs regards méchants, quand, à la sortie de la messe, elles regardent les filles jeunes qui descendent en riant les marches de l'église. Je n'ai aucune grâce à attendre d'elles. Tout en moi se révulse: ma jeunesse, ma liberté, ma manière de m'habiller, ma jolie figure. C'est trop de choses à pardonner à une même personne.
4/ "Pourquoi vous compliquez tout? Pourquoi vous salissez l'amour des autres? Pourquoi tout devient-il laid, petit, quand vous en parlez? Je ne veux pas vous ressembler, c'est affreux de vous ressembler."
Je me jette en pleurant sur le lit, le martelant de mes poings. Maman me relève brutalement, le visage encore plus pâle et dur, si dur.
"Peut-être n'est-t-on pas très beaux, ni très intelligents, ni très bons, ni très charitables. Mais crois-tu que la vie soit une chose si facile? Tu verras ce que deviendront tes grand sentiments et tes belles paroles. Tu seras bien obligée de plier, comme les autres."
"NON, NON, NON!" mes hurlements emplissent la maison. "Oh! non, plutôt mourir! Je ne veux pas de votre vie."
Une paire de claques arrête mes cris.
