Le grand psychologue et psychiatre suisse Cari Gustav Jung, qui écrivait en 1958, fut le premier à faire remarquer que le phénomène des OVNI possède une histoire, et peut-être une préhistoire. Un grand nombre de personnes devait rapporter plus tard avoir vécu des enlèvements durant les années 1950 et même dans les années 1940, mais en 1958, on n’avait pas encore octroyé à ce sujet une quelconque publicité et Jung ne savait rien de tout cela.
Son intérêt fut par conséquent limité exclusivement aux OVNI eux-mêmes qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, avaient généré un nombre gigantesque de témoignages oculaires de « soucoupes volantes », ainsi qu’un intérêt et une inquiétude publiques ne cessant de s’accroître. Jung décrivit les observations comme une forme nouvelle de rumeur mondiale qui « diffère de la rumeur ordinaire dans le sens qu’elle s’exprime sous forme de visions ». Son inclination était de traiter les OVNI comme « un produit psychique à 99 % », et cependant il admettait qu’il était déconcerté par leur « nature physique apparente » qui, regrettait-il, créait « des énigmes insolubles même pour les meilleurs cerveaux » :
- « La seule chose que nous puissions dire avec un degré de certitude tolérable à propos des OVNI est qu’ils possèdent une surface qui peut être perçue par l’oeil et, au même moment,qu’ils renvoient un écho radar. »
Une autre chose était tout aussi claire : les OVNI n’avaient rien de nouveau...
- « Bien que les OVNI aient été rendus public pour la première fois seulement à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le phénomène lui-même était connu longtemps auparavant. Il fut observé dans la première moitié de ce siècle [le XXe siècle], et fut décrit dans les siècles précédents et peutêtre même durant l’Antiquité. »
En août 1566, par exemple, « de nombreux globes noirs volumineux furent observés dans les airs » au-dessus de la ville de Bâle en Suisse, « se déplaçant devant le soleil à grande vitesse, et se tournant l’un vers l’autre comme s’ils se battaient. Certains d’entre eux devinrent rouges et s’enflammèrent avant de se dissiper et de partir. » Jung reproduisit une illustration de la scène d’après un placard de Bâle de 1566, remarquant que la « vitesse et le mouvement irrégulier » attribués par des témoins oculaires aux disques noirs « sont typiques des caractéristiques des OVNI ».
En avril 1561, on observa un déploiement spectaculaire d’OVNI au-dessus de Nuremberg, en Allemagne. On repéra des assiettes et des globes en grand nombre tournoyant dans le ciel près du soleil, et également « de grands tubes dans lesquels on observa trois, quatre globes et plus ».
Jung était perspicace, mais, comme il l’admettait lui-même, ses recherches – il n’eut jamais l’intention d’écrire plus qu’une courte monographie – étaient strictement limitées. Hormis le fait de reconnaître que des précédents historiques du phénomène des OVNI existaient bel et bien (et les exemples pouvaient être multipliés à travers le folklore et les mythologies du monde entier), il n’eut ni le temps ni l’inclination d’essayer d’en découvrir davantage avant sa mort en 1961.
Quelques années plus tard, en 1969, le mystère des précédents historiques des observations d’OVNI du milieu du XXe siècle fut à nouveau exploré. Cette fois, c’était Jacques Vallée, mathématicien et consultant à la NASA, qui s’attelait avec une vigueur considérable à la tâche dans son Passeport pour Magonia, un livre culte d’avant-garde malheureusement épuisé aujourd’hui, et ce depuis longtemps.
Les contributions de Vallée furent diverses et variées. Son inventaire d’observations d’OVNI, qui prenait pour sources des faits relativement récents, fut d’une valeur inestimable. L’inventaire, qui remonte à bien avant la première vague moderne de publicité pour le phénomène au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, commence en 1868 lorsqu’une « construction aérienne » étrange avec des lumières et faisant des bruits de moteur vola à basse altitude au-dessus de la petite ville chilienne de Copiago.
En janvier 1878, un fermier du Texas fut surpris par l’observation d’un objet volant sombre qu’il décrivit comme une « grosse soucoupe ». En 1880, un garçon de 14 ans vit une boule lumineuse descendre du ciel et planer à proximité de lui. Il rapporta se sentir attiré par celle-ci mais avoir surmonté sa peur et s’être échappé.
Les exemples se poursuivent ; nul besoin de reproduire ici l’ensemble de l’inventaire de Vallée, l’essentiel est de savoir que bien des OVNI apparemment motorisés et pilotés, et même des « soucoupes volantes » identifiables, furent en fait observées aux quatre coins du monde durant la seconde moitié du xixe siècle. De plus, Vallée fut en mesure de faire remonter le phénomène beaucoup plus loin dans le passé que cela, et même beaucoup plus loin que Jung ne l’avait suivi.
De fait, le titre de Vallée, Passeport pour Magonia, est tiré d’un récit d’Abogard, archevêque de la ville de Lyon, aux alentours de l’an 820. Tel un sceptique moderne au sujet des OVNI, le testament pour la postérité du bon archevêque fut une lamentation sur l’ignorance des masses qui croyaient en l’existence d’une certaine région, qu’ils appellent Magonia, où les navires voguent dans les nuages (…)
- « Parmi le grand nombre d’entre ceux dont la folie aveugle était assez profonde pour leur permettre de croire ces choses possibles, j’en vis plusieurs exhibant dans un certain lieu de rassemblement, quatre personnes enchaînées – trois hommes et une femme qui, dirent-ils, étaient tombés de ces mêmes navires ; après les avoir gardés pendant plusieurs jours en captivité, ils les avaient amenés au-devant de la multitude assemblée, comme nous l’avons dit, en notre présence afin d’être lapidés. Mais la vérité fut plus forte. »
Ne semble-t-il pas probable que ces quatre infortunés, qu’Abogard sauva, se décriraient comme des victimes d’enlèvements dans les OVNI si leur aventure se produisait aujourd’hui ? Voici un fait qui pourrait s’avérer pertinent : un nombre restreint de victimes modernes a déclaré qu’il n’était pas ramené en flottant directement dans son foyer et danlit à la suite de l’expérience, ce qui aurait été pratique, mais relâché avec moins s son de douceur ailleurs – parfois à des kilomètres.
Il n’est pas difficile d’imaginer comment un tel retour, observé ou simplement rapporté, pourrait avoir attiré l’attention d’une foule désireuse de les lyncher dans le climat superstitieux du IXe siècle.
Un autre rapport d’OVNI très ancien que Vallée découvrit provient du Japon, où des transcriptions impériales nous informent du vol erratique dans la province de Kii, au-delà de la montagne de Fukuhara au nord-est, d’un objet inhabituel brillamment éclairé décrit comme un « récipient en terre cuite ». Très rapidement, « l’objet modifia sa trajectoire et on le perdit de vue à l’horizon sud, laissant derrière lui une traînée lumineuse ».
De façon analogue, le 12 septembre 1271, on était sur le point de trancher la tête du célèbre prêtre Nichiren à Tatsunokuchi dans le Kamakura, lorsque apparut dans le ciel un objet telle la pleine lune, lumineux et brillant (…) » Les officiels paniquèrent et annulèrent l’exécution. Vallée cite également un certain nombre d’autres OVNI et de phénomènes ressemblant à des OVNI qui furent observés et documentés au Japon entre le Xe et le XVIIIe siècle. En août 989, par exemple, on observa trois objets ronds et exceptionnellement brillants qui plus tard se rejoignirent.
En septembre 1702, des fils ressemblant à du coton tombèrent des cieux, émanant en apparence du soleil lui-même, et en 1749, trois autres gros objets ronds, « comme la lune », furent observés en continu dans le ciel sur une période de quatre jours, déclenchant des émeutes.
En plus de ces rapports d’OVNI négligés et oubliés issus de sources non religieuses, Vallée observe que « c’est dans les livres religieux qu’on rencontre le plus couramment des objets volants venant de contrées célestes (…) »
Nous pouvons aisément comprendre où Vallée veut en venir lorsqu’il nous rappelle l’existence de disques ailés à Sumer et en Égypte ancienne, l’« engin volant » Vimana évoqué dans les textes hindous, les tapis volants d’Arabie, et les « radeaux du ciel » utilisés par les « esprits des étoiles » de la Chine ancienne.
N’oublions pas non plus les spectacles d’OVNI bibliques telle que l’ascension d’Elie vers le Ciel dans un « tourbillon de vent » associé à un « chariot de feu », et la vision du prophète Ézéchiel, comprenant encore une fois un tourbillon de vent et du feu, et les mystérieuses créatures se trouvant à bord de grandes « roues » qui « les soulevèrent de terre ». Dans la même veine générale, nous lisons assez souvent des récits dans l’Ancien Testament de tels véhicules aériens comme « les Chariots de Dieu » et des descriptions de ce qui ressemble à une race supérieure d’êtres qui traitent avec les humains et « qui viennent d’une contrée éloignée, à l’autre bout du Ciel ».
Extrait du livre « Surnaturel - Rencontres avec les premiers enseignants de l'humanité » de Graham-Hancock.
Photos :
- 1) Gravure sur bois de Hans Glaser relatant les étranges ballets aériens du 4 avril 1561 à Nuremberg.
- 2) Parchemin de Bâle en Suisse : Description d'un coucher et lever de soleil sur Bâle, avec présence de boules noires volantes observées; les 27-28 juillet et 7 Août 1566.
- 3) Passport to Magonia From Folklore to Flying Saucers de Jacques Vallée (1er édition US)
- 4) Ll’« engin volant » Vimana évoqué dans les textes hindous. 1597-1605 _ s :Asia.si.edu/collections
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