OVNIS ET CONSCIENCE
Ayant eu à rédiger la synthèse de l’ouvrage Ovnis et conscience en décembre 2014, je me suis demandé récemment si, avec le recul, j’aurais aujourd’hui rédigé le même texte final. La réponse est oui. Avec ce recul, je me rends compte combien la contribution de Jean-Jacques Jaillat était essentielle. Son texte est court mais dense et il met très vite le doigt sur ce qui dans la problématique OVNI doit susciter le soupçon, à savoir son extrême proximité avec les arcanes de notre propre psyché :
« Non, le phénomène me paraît beaucoup plus proche de nous, humain, très humain… Mais devrais-je dire plutôt : trop humain ? Trop humain… pour être honnête… Trop humain pour l’être entièrement. Dirions-nous : participant à l’humain ? « Ils » nous connaissent trop bien pour nous être banalement extérieurs ».
Très vite, Jean-Jacques Jaillat fit le lien avec ce que nous connaissons du fonctionnement de l’inconscient, et par « fonctionnement » il faut d’abord entendre son mode d’expression spécifique :
« Le phénomène ne manque pas non plus d’humour et de malice, comme, étrangement ( ?), notre inconscient, qu’il soit observé par Freud ou par Jung. Tout observateur attentionné du psychisme (y compris onirique) en est assuré. Jung ne nommait-il pas l’inconscient : « le filou »… ! »
L’inconscient, pour les psychanalystes, c’est effectivement « le filou », « le trompeur », le « sphinx aux énigmes », dirait Aimé Michel. Mais loin de se laisser emporter par un psycho-réductionnisme intenable, c’est avec une audace incroyable (qui avait suscité en moi admiration et enthousiasme), que Jean-Jacques avait opté pour l’idée d’un univers psychique symbiotiquement lié au nôtre, un monde conscientiel jumeau du nôtre et communiquant avec le monde humain par le canal de la conscience. Pour moi, aujourd’hui, cette vision des choses est juste à ceci près que cet univers-jumeau, ce « symbiote » est constitué par la partie non incarnée et transcendante de nous-mêmes. Cette solution avait été préparée par la contribution de Daniel Robin qui avait bien pris soin de distinguer les deux axes de la problématique :
a) l’axe horizontal de notre monde conscientiel : notre univers phénoménal, son mécanisme apparent, ses lois, ses contraintes matérielles
b) l’axe vertical des niveaux de conscience qui met en évidence le fait que l’axe horizontal (notre univers matériel) n’est qu’un certain plan de réalité défini par sa densité d’information, mais qu’il existe d’autres niveaux conscientiels.
C’est la contribution de Philippe Guillemant qui est alors décisive car elle nous décrit les étages du Réel dans une page qui restera pour moi la plus importante de toute l’histoire de l’ufologie, celle où partant de l’anima, il distingue le moi conscient puis le Soi supérieur, le tout chapeauté par l’Esprit.
La contribution de Romuald Leterrier, en évoquant les expériences de transes chamaniques, nous a montré, quant à lui, que ces étages ne sont pas étanches et que les états modifiés de conscience permettent d’y accéder.
Si l’on ajoute la contribution remarquable d’Eric Zurcher, qui pointe du doigt les problèmes épistémologiques posés par toute cette problématique, on comprendra maintenant avec le recul combien presque miraculeusement chaque contribution s’articule parfaitement aux autres. Avec ce recul, précisément, je dirais que seule manquait une contribution faisant le lien entre les visons rapportées par les experiencers de NDE et la phénoménologie OVNI, texte qu’un Jocelin Morrison aurait pu brillamment rédiger.
Sans connaître la plupart d’entre nous, Fabrice Bonvin, qui est à l’origine du projet, avait donc constitué (à mon sens) un panel très équilibré et très complémentaire de chercheurs.
J’étais loin, au moment de rédiger la synthèse finale, d’avoir fait le lien entre le phénomène OVNI et notre propre transcendance, et pourtant je ne changerais pas un mot aujourd’hui à la conclusion de tout l’ouvrage :
« J’aurais mille fois préféré, en tant qu’amoureux sincère du travail de la science, que les OVNIS soient des vaisseaux interplanétaires provenant d’autres systèmes stellaires ou d’autres galaxies, que nos moyens de détections matériels aient pu finir par déceler et identifier. Mais ce n’est pas vers cette solution que nous pousse l’investigation portant sur ce phénomène. Sa nature est plus complexe et nous conduit à déduire l’existence d’une « noosphère » ou d’une Conscience globale aux multiples densités, connectée avec nous, dont nous ne représentons qu’un certain étage ».
{ Envoyé par : Yves Lignon }