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Toen Baudelaire in 1855 achttien gedichten uit Les Fleurs du Mal publiceerde in la Revue des Deux Mondes had hij al afkeurende kritieken gekregen. In Le Figaro had men het over Indigence navrante des idées, poésie scrofuleuse, écoeurante, glaciale, de charnier et dabattoir.
Bij de publicatie in boekvorm twee jaar later op 25 juni 1857, liep het helemaal fout. Op 7 juli ontving de minister van Binnenlandse Zaken het volgende rapport van de Veiligheidsdienst.
Rapport
Le livre de M. Charles Baudelaire intitulé Les Fleurs du Mal est un défi jeté aux lois qui protègent la religion et la morale.
Le Reniement de Saint-Pierre,
Abel et Caïn,
Lers Litanies de Satan,
Le Vin de lassassin
Sont un tissu de blasphèmes ;
« Race de Caïn, au Ciel monte
« Et sur la terre jette Dieu.
« Je men moque comme de Dieu,
« Du Diable et de la Sainte Table.
« Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs
« Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs
« De lEnfer
..
« Fais que mon âme un jour, sous lArbre de Science,
« Près de toi se repose
A côté de ces pièces et de quelques autres où limmortalité de lâme et les plus chères croyances du christianisme sont mises à néant, il en est dautres qui sont lexpression de la lubricité la plus révoltante :
Les Femmes damnées sont un chant en lhonneur de lamour honteux des femmes pour les femmes.
Les Métamorphoses du Vampire
Les Bijoux
présentent à chaque instant les images les plus licencieuses avec toute la brutalité de lexpression.
En résumé le livre de M. Baudelaire est une de ces publications malsaines, profondément immorales qui sont appelées à un succès de scandale.
Proposition de le déférer au Parquet.
Dezelfde dag nog vertrok er een brief van de Veilgheidsdienst naar de procureur-generaal waarin onder meer stond : Plusieurs pièces de ce recueil mont paru renfermer le délit doutrage à la morale publique.
Op 17 juli worden alle exemplaren in beslag genomen. Het komt tot een proces en Baudelaire en zijn uitgever worden veroordeeld tot het betalen van een boete. Bovendien moeten zes gedichten uit de bundel worden geschrapt.
In 1947 is de zaak opnieuw aanhangig gemaakt. Het vonnis van 1857 wordt verbroken en de veroordeling wordt ongedaan gemaakt of La cour décharge leur mémoire de la condamnation prononcée.
Les Litanies de Satan
Ô toi, le plus savant et le plus beau des Anges, Dieu trahi par le sort et privé de louanges,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Ô Prince de lexil, à qui lon a fait tort, Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines, Guérisseur familier des angoisses humaines,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits, Enseignes par lamour le goût du Paradis,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Ô toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante, Engendras lEspérance, une folle charmante !
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut Qui damne tout un peuple autour dun échafaud,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui sais en quels coins des terres envieuses Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi dont lil clair connaît les profonds arsenaux Où dort enseveli le peuple des métaux,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi dont la large main cache les précipices Au somnambule errant au bord des édifices,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os De livrogne attardé foulé par les chevaux,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui, pour consoler lhomme frêle qui souffre, Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui poses ta marque, ô complice subtil, Sur le front du Crésus impitoyable et vil,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui mets dans les yeux et dans le cur des filles Le culte de la plaie et lamour des guenilles,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Bâton des exilés, lampe des inventeurs, Confesseur des pendus et des conspirateurs,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
Père adoptif de ceux quen sa noire colère Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère !
PRIÈRE
Gloire et louage à toi, Satan, dans les hauteurs Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs De lEnfer, où, vaincu, tu rêves en silence ! Fais que mon âme un jour, sous lArbre de Science, Près de toi se repose, à lheure où sur ton front Comme un Temple nouveau ses rameaux sépandront !
A celle qui est trop gaie
Ta tête, ton geste, ton air Sont beaux comme un beau paysage ; Le rire joue en ton visage Comme un vent frais dans un ciel clair.
Le passant chagrin que tu frôles Est ébloui par la santé Qui jaillit comme une clarté De tes bras et de tes épaules.
Les retentissantes couleurs Dont tu parsèmes tes toilettes Jettent dans l'esprit des poètes L'image d'un ballet de fleurs.
Ces robes folles sont l'emblème De ton esprit bariolé ; Folle dont je suis affolé, Je te hais autant que je t'aime !
Quelquefois dans un beau jardin Où je traînais mon atonie, J'ai senti, comme une ironie, Le soleil déchirer mon sein ;
Et le printemps et la verdure Ont tant humilié mon coeur, Que j'ai puni sur une fleur L'insolence de la Nature.
Ainsi je voudrais, une nuit, Quand l'heure des voluptés sonne, Vers les trésors de ta personne, Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour châtier ta chair joyeuse, Pour meurtrir ton sein pardonné, Et faire à ton flanc étonné Une blessure large et creuse,
Et, vertigineuse douceur ! A travers ces lèvres nouvelles, Plus éclatantes et plus belles, T'infuser mon venin, ma soeur !
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